« 574 Invest, deux ans après. Enjeux et perspectives. »
Lors de cette conférence au « 574 », l’équipe de 574 Invest dresse un bilan de ses deux premières années d’activité. Dans quel type de start-up le fonds de capital-risque investit-il ? Quels sont les critères de sélection ? Quels sont les enjeux de ces investissements pour le groupe SNCF ? Éléments de réponse.
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Par La Redaction
Qui ?
L’équipe de 574 Invest, composée de Manon de Barjac, associate, d’Anthéa Brault, analyste en contrat d’alternance, de Lucas Rudolf, directeur des investissements et de Thierry Mourot-Leclercq, directeur du développement commercial.
Où ?
Au 574, le siège parisien de SNCF Digital situé à Saint-Denis (93), soit à environ 572 kilomètres de Francfort, en Allemagne, où se trouve le siège de la Banque Centrale Européenne (BCE).
Quand ?
Mardi 22 juin 2021, soit 77 ans jour pour jour après la naissance du physicien français, Gérard Mourou. Il est le co-inventeur d’une technique d’amplification par dérive de fréquence utilisée pour créer des impulsions ultracourtes de très haute puissance dans les lasers à impulsions – invention pour laquelle il a reçu, conjointement avec Donna Strickland, le prix Nobel de physique en 2018.
1/Qu’est-ce que le capital risque ou « venture capital » ?
574 Invest est le fonds de capital-risque du Groupe SNCF. Le capital-risque est une activité de financement de start-up. « L’idée, c’est que l’on prend des participations minoritaires au capital de jeunes entreprises innovantes. C’est une manière de les financer et d’accompagner leur croissance. Il est plus difficile pour de très jeunes sociétés, sans historique financier, d’emprunter de l’argent auprès d’une banque. Le capital-risque est donc une manière pour ces startups de se financer et d’accéder à des fonds leur permettant de se développer. » explique Manon de Barjac en introduction. « Notre métier d’investisseur est d’apporter des fonds, mais aussi de participer à la construction de la stratégie de la start-up et de l’accompagner sur ses enjeux commerciaux. » ajoute-t-elle.
574 Invest est un fonds de capital risque d’entreprise (CVC). Ce type de fonds a bien évidemment un objectif financier comme la plupart des autres investisseurs en capital-risque, mais il a également des enjeux et des objectifs stratégiques. « L’idée n’est pas seulement de prendre une participation au capital de la startup et de faire une belle plus-value, mais il est aussi de pouvoir identifier des synergies entre les start-ups et les Activités de notre groupe et de favoriser la collaboration et le développement mutuel. » explique-t-elle. Les startups passent par différentes phases de maturité des start-ups, au cours desquelles elles vont être soutenues par différentes typologies d’investisseurs en capital-risque : Seed/amorçage, série A, B, C et D.
L’idée n’est pas seulement de prendre une participation au capital et de faire une belle plus-value, mais aussi de pouvoir identifier des synergies entre les start-ups et notre groupe et d’essayer de collaborer et de se développer mutuellement.
Genèse de 574 Invest et ses grands objectifs
Le groupe SNCF a commencé à investir dans des start-ups il y a maintenant une dizaine d’années, principalement via des fonds. Par exemple, il a investi en 2012 dans le fonds Ecomobility Ventures, un premier pas dans la familiarisation avec cet écosystème. Puis, en 2015, nouveau virage, le groupe décide d’être un investisseur unique avec HiInov, qui gère les portefeuilles de SNCF Digital Venture I & II. Étant le seul investisseur du fonds, SNCF a ainsi pu développer une relation de proximité avec les start-ups accompagnées. Grâce à ce niveau de maturité grandissant, SNCF a finalement décidé de prendre des participations minoritaires directement dans des start-ups, d’où la création de 574 Invest en 2019.
« La première activité de 574 Invest est de centraliser la gestion des investissements qui avaient été faits dans des fonds, et de superviser et d’entretenir la relation avec les start-ups au quotidien. La deuxième activité est l’investissement en direct dans des sociétés qui ont des liens proches avec les activités du groupe, l’idée étant à travers ces participations d’accélérer notamment la digitalisation du groupe SNCF. L’objectif est donc double : évidemment financier, mais aussi de générer des retombées opérationnelles pour le groupe. » explique Lucas Rudolf.
« Le deuxième grand objectif de 574 Invest est de toujours rester en lien avec les activités du groupe pour être en amont d’opportunités d’investissements, et ensuite de faire fructifier notre portefeuille en termes de relations commerciales (prises de participation directes et indirectes). Le pôle des activités commerciales est donc l’interface pour les sociétés et les activités du groupe. Concrètement, nous mettons en relation les start-ups avec des Activités SNCF pour développer de potentiels partenariats commerciaux, et assurons également un rôle de facilitateur et de point d’entrée du Groupe pour toutes les start-ups de nos portefeuilles. Le dernier pan de notre activité est de favoriser et de soutenir l’intrapreunariat au sein du groupe SNCF. » précise Thierry Mourot-Leclercq.
Comment fonctionne 574 Invest ?
L’objectif de 574 Invest est de toujours rester en contact avec les activités du groupe pour être en amont d’opportunités d’investissements. Le pôle des activités commerciales est donc l’interface pour les start-up et les activités du groupe.
574 Invest, comme tous les fonds d’investissement, a bien entendu une thèse d’investissement qui repose sur trois grandes thématiques : les nouvelles mobilités, l’optimisation et la valorisation des actifs industriels et enfin, l’économie verte et solidaire. « Il y a également trois critères clés : nous privilégions les investissements dans des start-ups à partir de la série A, nous effectuons des prises de participation minoritaires et enfin, ces investissements ont lieu en France et en Europe. Chaque investissement est également soutenu par un sponsor (porteur de projet) issu de l’une des 14 activités du groupe (TER, Keolis, OUI, SNCF Réseau, Fret…). » explique Lucas Rudolf.
Les critères clés pour investir dans une start-up :
L’équipe et sa capacité à réaliser ses ambitions est un élément primordial pour 574 Invest. Il faut qu’il y ait un modèle commercial et financier avec un positionnement différentiant du produit/offre, une stratégie crédible pour attaquer le marché et des sources de revenus clairement identifiées. Le marché doit être suffisamment conséquent et porté par des tendances favorables. La capacité à croître et à se développer doit être prouvée par de premiers succès notamment commerciaux. Un intérêt démontré pour l’activité de la start-up par une Business Unit du groupe.
« Nous réalisons également des études sectorielles de marché et des panoramas afin de remplir deux objectifs : tout d’abord une visée investissement pour enrichir notre dealflow, mais aussi pour essayer de comprendre un peu mieux un marché ou segment. Nous étudions le marché en valeur et en volume, puis nous recensons toutes les solutions start-up qui existent afin de faire quelques zooms sur les solutions qui nous paraissent pertinentes pour les activités du groupe. »* précise Anthéa Brault.
« Notre objectif est d’identifier les prochaines pépites et de chercher les solutions les plus intéressantes. Nous entretenons des liens forts avec l’écosystème innovation, comme avec les incubateurs ou accélérateurs de start-up par exemple, mais aussi avec l’écosystème du capital-risque. Nous avons des liens privilégiés avec les fonds dans lesquels nous sommes investisseurs, mais nous avons également des échanges réguliers avec les fonds de CVC de Deutsche Bahn, de Total, d’ADP, d’EDF… qui ont des secteurs d’intérêt très proches des nôtres. » ajoute Manon de Barjac.
La deuxième activité est l’investissement en direct dans des sociétés qui ont des liens proches avec le groupe, l’idée étant à travers ces participations d’accélérer la digitalisation du groupe SNCF.
Exemple de prise de participation en direct : le cas d’usage Ector
Ector est une société qui offre des services de voiturier dans les gares et les aéroports. Le client arrive et laisse sa voiture au niveau du dépose-minute, qui est ensuite prise en charge par un voiturier. L’idée est de faciliter l’accès aux trains pour nos voyageurs.. Ector est une société française essentiellement implantée en France avec une présence dans 30 gares et aéroports, mais elle a aussi des antennes en Suisse, en Belgique et en Allemagne. La relation entre Ector et le groupe SNCF a débuté en 2017 en intégrant le programme OUI Link, l’accélérateur de start-up chez e-voyageurs. Ensuite, en 2018, SNCF réalise un premier POC avec Ector, afin de pousser le service aux clients OUI SNCF en « post-achat ». En février 2019, Ector remporte l’appel d’offres lancé par CRM Services pour le compte du programme Grands Voyageurs. « Nous avons décidé fin 2019 de prendre une participation minoritaire dans la société Ector, avec Alexandre Viros (ex-DG e-voyageurs) comme sponsor de l’investissement. » explique Manon de Barjac. « Cette start-up nous a intéressé car d’une part, elle avait cette relation privilégiée avec le groupe, et d’autre part car son niveau de qualité a toujours été excellent et contribue à ce que les voyageurs prennent encore plus facilement le train.» conclut Lucas Rudolf.
Pour les internes SNCF, vous pouvez retrouver l’intégralité de la conférence sur Stream.
Crédit photo de couverture : Tom Grunbaue, Unsplash