« Accompagner le changement des mentalités sur le terrain » – le 574 Occitanie vu par son responsable Dominique Damide
Installé au cœur de l’IoT Valley, le 574 Occitanie, intégrant une équipe de la Fab IoT, est un carrefour entre SNCF et les nombreux acteurs du numérique et de l’Internet des Objets sur le territoire, en particulier du fait des enjeux relatifs à la maintenance prédictive. Dominique Damide, responsable des lieux, voit dans cette implantation au cœur de l’écosystème local, un des facteurs clé de succès de la transformation digitale de SNCF.
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Par La Redaction
À Toulouse, SNCF a fait le choix d’installer son accélérateur 574 en dehors des emprises SNCF pour être au plus près des startups : « Nous sommes au troisième étage d’un site appelé IoT Valley, à côté de Sigfox, un acteur emblématique de l’Internet des Objets », décrit Dominique Damide, responsable du 574 Occitanie.
Comprendre et accepter le changement
Ce choix n’a pas été laissé au hasard. « Le monde extérieur est un levier de transformation », souligne-t-il. « Notre objectif était d’amener les équipes internes opérationnelles dans un univers différent du leur. D’abord, on s’extrait du quotidien. Ensuite, on s’immerge dans un écosystème riche, c’est comme ça que nous progressons ».
Avant de rejoindre le programme 574, Dominique a pu vérifier le bien-fondé de cette conviction à la communication régionale. Entré chez SNCF en 2010, il a d’abord été en charge des relations avec les médias, les acteurs institutionnels et les partenaires SNCF locaux, avant de passer au Digital en 2015, motivé par son goût pour toutes les problématiques liées à l’innovation.
Depuis l’ouverture du 574 Occitanie, en février 2016, il anime la mise en œuvre de la transformation digitale sur le territoire avec les Métiers de Réseau et Mobilités. « La clé, c’est d’avoir envie : ne pas subir le changement mais le comprendre et l’accepter », résume-t-il. C’est un travail d’accompagnement au quotidien. Le 574 Occitanie et la Fab IoT se mettent au service des chefs de projets locaux du Matériel, de Gares & Connexions et de Réseau principalement autour des projets IoT.
Retours d’expérience et pistes de coopération
Toulouse dispose d’un écosystème particulier en termes d’innovation technologique. D’un côté, la ville rose héberge de nombreuses startups, avec la problématique de l’Internet des Objets comme fil conducteur. De l’autre, elle accueille les grands noms de la filière aérospatiale et une importante activité de recherche scientifique.
Au 574, Dominique Damide met à profit son sens des relations publiques et son envie d’accompagner les projets en faisant « matcher » SNCF et l’écosystème externe dans une logique d’acculturation des équipes. Régulièrement, il accueille donc des délégations de « cheminots », qui viennent découvrir les possibilités offertes par l’IoT et échanger avec les startups. Dans le même temps, le 574 partage, dans une démarche d’Open innovation, l’avancée des projets et les questions liées à la Transformation digitale de SNCF avec des acteurs externes locaux comme Airbus, CNES, ENEDIS, EDF…
« Il en ressort toujours quelque chose : des retours d’expérience, des pistes de coopération… Grâce à ces échanges, on se redonne du choix et la possibilité de se transformer », estime Dominique Damide.
Sur des projets qui modifient parfois de façon substantielle les conditions de travail, ne se heurte-t-on pas à certaines formes de résistance au changement ? « Le challenge réside dans le fait de répondre aux attentes des équipes : dès lors que les agents comprennent qu’un projet va améliorer leur vie professionnelle ou leur efficacité, il y a moins de problème », répond Dominique.
Son conseil ? Commencer par se mettre à la place de l’utilisateur final pour déterminer le besoin réel.
L’exemple du projet « Coupon connecté » avec SNCF Réseau
Elaboré par une startup locale, Intesens, ce capteur de température a pour fonction d’émettre une alerte en cas de température trop élevée ou trop basse du rail. Il s’agit d’éviter tout risque de dilatation (en période trop chaude) ou tout risque de cassure du rail (en période trop froide), et d’améliorer la réactivité des équipes de maintenance en cas d’intervention.
Après avoir été initié pendant près de 2 ans au niveau national, le projet s’accélère en 2016 grâce à la mobilisation de l’Infrapole Midi-Pyrénées et de son chef de projet, Marc Jourdain. L’équipe concernée repose les bases en commençant par des questions pragmatiques : qui est l’utilisateur, comment ce projet permet de faire évoluer des process « anciens », comment travailler avec une startup en mode agile et par itérations successives….
« Le projet a pris une nouvelle impulsion grâce à une mobilisation du terrain et une meilleure association du local et du national chez SNCF. En 2016, on a mis en place la solution sur le terrain, avec une première vague de 50 capteurs sur trois départements. En 2017, SNCF Réseau va passer à 500 capteurs un peu partout en France », indique Dominique Damide avant de résumer : « changer d’approche nous a permis de passer en moins d’un an d’un capteur en V0 au prototype industriel. Il y a encore quelques années cela n’aurait pas été possible ».
Et après …
Gare toutefois à l’excès de vitesse ? « C’est un peu le sens du record à 574,8 Km/h : il faut accélérer, bien sûr, mais de façon intelligente. Il ne s’agit pas uniquement de foncer, mais de poser les bons jalons. Nous cherchons par exemple à travailler sur des cycles plus courts, à la façon des startups, et à proposer des méthodologies adaptées comme le fait la Fab IoT», analyse-t-il.
Définir le besoin, délimiter le cadre et identifier les bonnes ressources – avec la conviction des bénéfices du digital – : ainsi pourrions-nous résumer la mission de chef de projet au sein du 574 Occitanie. « Les projets sont des leviers, ils nous permettent de vérifier que le concept est pertinent, mais la valeur ne s’acquiert que si l’on arrive à déployer à grande échelle », conclut Dominique Damide, bien décidé à accompagner l’émergence d’innovations en lien fort avec les équipes opérationnelles SNCF sur le territoire.