Accompagner les collaborateurs pour réussir la Transformation digitale
Pour mener à bien sa transformation digitale, SNCF accompagne les collaborateurs pour leur permettre d’appréhender la mutation profonde qui s’opère au sein de l’entreprise et ainsi y prendre part. Stéphane Fériaut, DRH e.SNCF, dévoile les enjeux et défis humains qui jalonnent la trajectoire numérique.
Publié le
Par La Redaction
Ecole numérique, passerelle SI, Digital Champions, actions dans les territoires (voir encadré) : SNCF sensibilise largement aux sujets digitaux et permet aux collaborateurs de développer leurs connaissances et compétences numériques. C’est aussi au quotidien que l’accompagnement au changement doit se faire.
Quels sont, aujourd’hui, les enjeux de la transformation digitale ?
Aujourd’hui, le digital est vu comme positif mais peut, dans un même temps, faire peur. Il est difficile d’avoir un avis raisonné si l’on n’est pas du métier. Quand on parle de Digital, dans une grande organisation comme la nôtre, il s’agit de transmettre du savoir : dire ce que c’est et ce que ce n’est pas, montrer que le digital n’est pas binaire et trouver un équilibre. Aujourd’hui le numérique est partout, dans la majorité de nos métiers. C’est une erreur de dire que ce sont soit les SI soit les métiers qui doivent s’occuper du digital : il faut un équilibre entre sachants en termes IT et sachants en termes métiers. Nous devons prendre ce mouvement en compte et trouver la juste place des SI. e.SNCF , en tant que pourvoyeur de solutions, guide les métiers et pointe les conséquences liées à l’arrivée du numérique dans certaines activités. Robotique logicielle, RPA, on sait faire tout cela en quelques mois, mais que faire de nos collaborateurs ? Comment les accompagner à des évolutions d’outils, de process ? Le sujet principal de la transformation reste de voir comment on fait évoluer les métiers, quels sont les nouveaux postes ou adaptations et comment on accompagne nos collaborateurs. Cela demande une vision systémique. La question de la temporalité du déploiement est donc essentielle pour laisser le temps de l’adaptation aux collaborateurs, pour ne laisser personne sur le côté. Cela doit être une priorité pour nous.
Quels sont les leviers pour embarquer les collaborateurs et lever les résistances au changement ?
Chez SNCF on s’empare du sujet au global : nous avons une Direction du digital très active avec des 574 qui proposent de nombreuses conférences, des Fabs qui traitent des sujets émergents, des Digital Champions dans les métiers, nous travaillons au niveau DRH. Côté e.SNCF, nous avons opéré notre transformation digitale avec le Projet du Renouvellement du Socle Technologique. Nous avons créé l’École numérique et une communauté digitale avec des rencontres régulières afin de partager les bonnes pratiques et innover ensemble. Quand on a des conséquences humaines significatives on ne peut pas faire qu’accélérer. Nous devons emmener tous les collègues, même ceux qui redoutent ces changements. Il faut les rassurer, leur donner la trajectoire, leur montrer comment leur histoire individuelle entre dans ce collectif. Notre objectif est de permettre à chacun d’être encore mieux dans son job, demain.
Le digital ouvre également des opportunités, avez-vous des exemples ?
Oui, je pense aux correspondants formation aidant les collaborateurs dans leur parcours de formation. On en avait fait un « super administratif » qui entrait des données d’une base à l’autre (heures, financements…). Le numérique va retirer du travail administratif et ainsi favoriser le temps d’accompagnement. Cela contribue à redonner du sens. La transformation n’est pas binaire, elle bouscule pas mal de choses, ce qui amène une certaine complexité. Il faut donc expliquer les nouvelles opportunités qui émergent. Si l’on regarde la situation en Europe, la maintenance prédictive, par exemple, a permis d’économiser de l’achat de pièces mais n’a pas impacté fortement les métiers en tant que tels. Cela permet de lever certaines craintes liées à une vision de la machine remplaçant l’homme, alors que la technologie vise notamment l’élimination de tâches pénibles et vient en soutien à la productivité.
En quoi le facteur humain est-il déterminant pour cet avenir numérique ?
On a une belle complémentarité à mettre en œuvre, on en est convaincus chez e.SNCF, sans pour autant être naïf. Il faut faire face aux évolutions et ne pas redouter l’avenir, lui donner une chance, même si l’on ne maîtrise pas tout. Nous avons les grandes tendances de l’innovation et investissons dans l’humain, ce qui permet d’augmenter l’agilité de l’entreprise et ses capacités d’adaptation. Nous avons au sein de l’entreprise des ressources, des « super talents » qui ont des réponses concernant les évolutions des métiers. Il faut avoir confiance, créer l’environnement adéquat et les laisser participer. Le digital nous pousse à faire ce travail qui ouvre de nouvelles perspectives.
Le numérique fait partie intégrante des objectifs de développement économique des territoires portés par SNCF Développement.
Cette filiale a notamment créé l’Ecole des nouvelles compétences à Saintes suite à la réorganisation du Technicentre, afin d’accompagner la digitalisation des métiers, pour maintenir l’employabilité notamment. L’École forme mais assure également l’acculturation au numérique avec un module de sensibilisation à la robotique par exemple.
Dans le 93 une École des nouvelles compétences dédiée au code a également vu le jour. Elle forme un public éloigné de l’emploi. Ses promotions intègrent directement les SI SNCF. SNCF Développement a également déployé un outil de mesure de maturité numérique pour évaluer l’appropriation des usages numériques, une donnée importante pour acculturer l’ensemble des collaborateurs selon leurs besoins.