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#Atelier 574 : Céline Lazorthes, la grande dame de la Fintech française

L’aventure entrepreneuriale est avant tout une aventure humaine. C’est la leçon que nous aurons retenue de l’intervention de l’une des prêtresses du web français, Céline Lazorthes. C’est au 574 Saint-Denis devant une assemblée de collaborateurs.rices SNCF curieux.ses et avides de conseils qu’elle est venue raconter son histoire.

Publié le

Par La Redaction

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Qui ?

Originaire de Toulouse, Céline Lazorthes a grandi dans une famille que l’on pourrait qualifier de « digital précoce » : « C’est ce qui m’a donné l’envie de travailler dans l’univers du web alors que je ne savais pas ce que j’y ferai ». Elle crée le site de cagnotte en ligne Leetchi en 2009 et poursuit sa conquête du monde de la fintech en 2012 avec la création de Mangopay, une solution de paiement à destination des entreprises.

Quand ?

Le 24 octobre2017. Alors que certain.e.s se rendaient au Festival des Inrocks pour écouter leur chanteur préféré, les collaborateurs.rices SNCF écoutaient la rockstar du web français.

Où ?

Au 574 Saint-Denis, l’accélérateur de projets SNCF qui vise la lune pour le développement des activités cheminotes.

Grandes idées

L’entrepreunariat, une aventure qui ne s’arrête jamais.

En dépit du succès dont jouissent déjà les entreprises créées par Céline Lazorthes (Leetchi et Mangopay), la femme d’affaires insiste : « Lorsque l’on entreprend il ne faut jamais se reposer sur ses lauriers, ou on risque de tuer son projet ». L’innovation tient une grande place dans le quotidien de l’entreprise qui fonctionne sur le mode itératif. « On jette 80 % des choses imaginées, mais cela nous sert à avoir en permanence un produit adapté aux demandes du marché » car « sur le web, le concurrent n’est pas à 50 mètres ou kilomètres, il est à un clic » ajoute-t-elle. « Chez Leetchi, 40% des innovations sont consacrées aux services et à l’expérience utilisateurs (UX), alors que chez Mangopay, 40% sont consacrées à l’applicatif et aux micro-services ».

Les deux entreprises opèrent dans deux écosystèmes aux valeurs et aux fonctionnements différents. Leetchi est plutôt axée B2C alors que Mangopay est B2B. De plus, « mes entreprises ont un pied dans l’écosystème startup et un pied dans l’écosystème bancaire, c’est une galaxie d’écosystèmes » souligne la serial-entrepreneuse. Si dans un premier temps Céline Lazorthes était elle-même sa plus grande force – « incarner sa marque est très important pour le lancement d’un projet » -, elle valorise beaucoup l’investissement de ses collaborateurs.rices et adopte donc un mode de gestion des ressources humaines qui lui est propre.

L’innovation n’est pas que techno, elle est aussi RH.

« Tou.te.s les employé.e.s embauché.e.s à des postes clés ont été associé.e.s. Nous sommes aujourd’hui dix actionnaires managers. Cette expérience, nous la partageons ensemble » révèle Céline Lazorthes. Pour recruter, au-delà du CV, elle mise sur l’humain : « Je cherche des gens qui ont un bon état d’esprit, qui souhaitent apprendre et augmenter le spectre de leurs compétences » ajoute-t-elle. De plus, chaque manager dans ses sociétés est responsable des recrutements et des plans de carrière. Le rôle de Céline Lazorthes se limite à la validation des choix. « Dans un univers comme le nôtre ou tout change en permanence, l’entreprise est un lieu où l’on recrée la société » confie-t-elle. Son parti pris est donc de responsabiliser ses collaborateurs.trices : « À notre échelle, on tente de faire évoluer les choses. Ce sont des actions qui parlent aux collaborateurs, qui parlent d’un vivre ensemble ».

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Femme et entrepreunariat.

Interrogée sur les difficultés rencontrées en tant que femme dans le milieu des affaires startup, la réponse de Céline Lazorthes surprend : « Je m’exprime en tant que personne et non en tant que femme en milieu professionnel ». Pourtant, cette dernière se dit très investie dans la cause féminine, notamment suite à son observation « des écarts de salaires, de responsabilités et de confiance entre les deux sexes » tout au long de son expérience entrepreneuriale.

« Je veille chaque année à ce les hommes et les femmes de mes entreprises soient augmenté.e.s de la même façon, car une femme est moins insistante dans sa demande d’augmentation » précise Céline Lazorthes. Elle n’oubliera pas de spécifier que selon une étude menée par le journal Les Echos, « il ne faudra pas moins de 200 ans pour effacer toutes les différences entre les hommes et les femmes en entreprise. C’est donc de la responsabilité de celle-ci de créer un système d’augmentation permettant l’égalité à compétences et à responsabilités égales » assène-t-elle. Un combat qu’elle mène de front chaque jour en invitant les femmes à se lancer dans l’aventure entrepreneuriale : « C’est une façon de briser le plafond de verre qu’on ne peut atteindre dans l’entreprise traditionnelle ».

Recevoir oui, mais il faut aussi rendre.

Au-delà de ses nombreuses casquettes de cheffe d’entreprise, Celine Lazorthes est membre du conseil d’administration d’Oney Bank, membre fondatrice de France Digitale et France Fintech mais aussi Business Angel : « Je suis actionnaire d’une quinzaine de startup » lance-t-elle fièrement.

C’est aussi pour elle une façon de rendre à l’écosystème qui lui a tant offert. « Les Business Angels que j’ai connus ne m’ont pas offert que de l’argent, mais aussi de la crédibilité. Lorsque j’ai commencé, les banques ne voulaient pas m’ouvrir de compte professionnel. Il m’a fallu six mois pour cela » raconte-t-elle. Par ailleurs, cette activité lui permet aussi de se diversifier, de sortir du carcan de la finance avec des investissements dans des entreprises telles que Frichti ou encore Le slip français.

« Le travail de Business Angel est surtout une histoire humaine, des rencontres avec des personnes pétillantes et passionnantes ». Son conseil pour les futures générations d’entrepreneurs ? « Si vous avez l’idée, il faut y aller ! »

Punchlines

– « Quelqu’un qui est compétent et a un mauvais état d’esprit reste un con »

– « Nous avons le meilleur des Hommes car nous avons des hommes prêts à travailler pour des femmes »

– « La qualité n’est pas dans l’idée, mais dans la façon dont on l’opère »

– « Quand j’ai un coup de mou, je regarde plein de cagnottes et ça va vachement mieux »

– « Incarner son projet est le meilleur moyen d’avoir des clients »

_Photo de Une – LinkedIn Céline Lazorthes_

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