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#Atelier 574 – Innovation frugale & low-tech par Corentin de Chatelperron

Cinq mois seulement après le passage de Francis Pisani, voilà que le 574 de Saint-Denis invitait de nouveau un explorateur. Cette fois-ci, la « maison du digital SNCF » a accueilli Corentin de Chatelperron, un « nomade des mers » engagé dans un tour du monde à bord de son catamaran. Son but ? Repérer et partager le meilleur des innovations low-tech. Mais la low-tech, qu’est-ce que c’est ? Et pourquoi Corentin de Chatelperron s’y intéresse-t-il autant ? Comment s’inspirer des solutions présentées ? Les réponses se trouvent dans le carnet de bord du capitaine.

Publié le

Par La Redaction

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Qui ?

Corentin de Chatelperron est ingénieur, aventurier, grand promoteur de la low-tech et amateur des poulaillers faits maison. Entre 2009 et 2016, il a écumé le Golfe du Bengale, l’Océan Indien, la mer Rouge et la Méditerranée à bord des Tara Tari et Gold of Bengal, deux voiliers de petite taille éco-construits de ses mains. Depuis février 2016, il navigue sur son catamaran laboratoire de low-techs, le Nomade des mers. Un projet qui devrait s’achever en 2019.

Quand ?

Le 12 septembre 2017, jour où Michel Drucker a fêté ses 75 ans – dont 52 sur le petit écran français -.

Où ?

Au 574 Saint-Denis de SNCF, soit à 8 964 km de d’un Apple Park où Tim Cook et ses collègues s’apprêtaient à dévoiler leurs nouveaux produits. Une journée sous le signe de la high et low tech… De pointe !

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Low-tech: utilité et durabilité

Pour Corentin de Chatelperron, une bonne innovation doit être à la fois utile et durable. Fort de ses expériences de voyage, il a constaté que les pays en développement sont des terres propices à la low-tech : les inventeurs se servent de dérives d’innovations industrielles pour en faire des produits (et outils) adaptés aux problématiques locales et surtout peu couteux, sur le plan économique comme environnemental.

Au travers d’une série de vidéos en direct du Nomade des mers, Corentin partage ses différentes découvertes low-tech, comme le système d’hydroponie qui permet de faire pousser des légumes en divisant par trois la consommation d’eau, le bioréacteur pour produire de la spiruline – une algue riche en fer, protéines, et Vitamine E -, ou encore l’éolienne de Dakar, fabriquée grâce à des matériaux simples ou recyclés au coût inférieur à 10 euros.

La base de la low-tech : collaboratif, esprit d’entrepreneur, réseau

Corentin de Chatelperron est l’un des précurseurs dans la construction de bateaux à base de composites de jute, plante issue de l’agriculture indienne. Pour atteindre cet objectif, il a su collaborer avec des individus aux profils variés : ingénieurs, designers, architectes… Et surtout avec les « local shakers», les locaux disposant de connaissances ou de savoir-faire. Dotés d’un fort esprit d’initiative, ces derniers n’ont pas peur de tester différentes solutions pour résoudre durablement un problème. De plus, ces réussites concrètes permettent d’identifier rapidement les enjeux les plus critiques sur les territoires. Ces « local shakers » constituent ainsi un réseau low-tech précieux pour Corentin de Chatelperron et ses coéquipiers.

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Le maître mot pour entreprendre ? « Quick & dirty »

« Plutôt que de faire un superbe business plan sur cinq ans, j’ai adopté une démarche ‘quick&dirty’ », une stratégie élaborée avec peu de soin, mais présentant l’avantage d’être une façon rapide de résoudre une problématique particulière. Corentin de Chatelperron a choisi de se lancer dans une expédition de 186 jours afin de démontrer le potentiel de son projet. Les événements qui ont succédé ont prouvé l’efficacité de cette méthode : lorsqu’il a accosté Tara Tari au littoral de la Ciotat, Arte, la Fondation Schneider Electric et d’autres structures ont pris le pari de sponsoriser ses exploits.

Quel avenir pour la low-tech ?

Pour Corentin de Chatelperron, low-tech n’est pas synonyme de no-tech. Durant son expédition « Gold of Bengal » par exemple, sa première tâche quotidienne était de mesurer les conditions de sa serre à bord, puis saisir les données dans un logiciel dédié. L’outil informatique permettait en effet d’observer plus efficacement l’évolution des plantes et à termes, de réussir à se nourrir plus durablement.

La low-tech n’est pas « l’ennemi » de l’industrie. Dans le cadre de sa collaboration avec Décathlon, Corentin de Chatelperron explore par exemple des systèmes de réchauds à bois inventés en Inde ; de son côté, le laboratoire du groupe sportif cherche à intégrer ces techniques dans des équipements de camping. Une réelle réconciliation entre le high-tech et le low-tech, puisqu’en parallèle des activités commerciales de la marque, l’aventurier est libre de partager avec tous ces techniques de production ultra-efficientes.

Avec la création du Low-tech Lab, Corentin de Chatelperron et son équipe se sont fixé comme but de créer une plateforme d’innovations open source. Et c’est précisément internet et les réseaux sociaux qui permettent d’y parvenir, en offrant des canaux de discussions et d’échanges structurants pour une communauté de « makers » éparpillée aux quatre coins du monde. Cette corrélation entre les innovations high-tech et low-tech pourrait provoquer un nouveau modèle d’économie, celle d’une R&D gratuite et participative.

Les punchlines

– « Dans dix ans, nous aimerions devenir la NASA de la low-tech. »

– « Nous (l’équipe Nomade des mers) sommes une bande d’entrepreneurs, chacun est la locomotive et le responsable de sa mission. »

– « Comment je fais pour prendre des décisions importantes dans ma vie ? Je m’imagine grand-père, et me fais des séances d’auto-consulting ! »

– « Les plus belles découvertes de nos expéditions ? Les jeunes générations qui innovent et partagent avec de nouveaux outils. »

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