#Atelier574 – Back from the CES 2018, par Olivier Ezratty
Le Consumer Electronics Show de Las Vegas, « CES » pour les intimes, est la grand-messe technologique incontournable où près de 4 000 entreprises du secteur high tech présentent au monde leurs dernières révolutions technologiques ou simples gadgets. Créé en 1967, le CES fêtait ses 50 ans en 2017 : un demi-siècle marqué d’une kyrielle de pierres blanches dans l’innovation grand public. Quelles seront celles de 2018 ?
Publié le
Par La Redaction
Qui ?
Olivier Ezratty, conseiller d’entreprise en stratégie d’innovation. De retour du CES 2018, il en rapporte les dernières tendances, notamment en matière de transports et d’objets connectés. Cette présentation fait écho au traditionnel rapport annuel du CES qu’il rédige à l’occasion du salon, pour la 13e année consécutive.
Où ?
Au 574 de Saint-Denis, soit à 12 heures et 20 minutes d’avion du Las Vegas Convention Center où s’est déroulé le CES 2018 organisé par la Consumer Technology Association (CTA).
Quand ?
Olivier Ezratty a défait sa valise non pas dans la neige, mais devant le parterre du 574 le 9 février 2018. Il s’était rendu au salon du 7 au 12 janvier dernier.
Grandes Idées
1 - Forte présence de la France au CES
410 sociétés représentaient la France cette année : c’est 100 de plus que l’an dernier, près de 3 fois plus qu’en 2015, et 8 fois plus qu’en 2012. Ce chiffre, en constante progression, comprend les exposant.e.s classiques, les startups et les « accélérateurs ».
En termes de répartition géographique, le premier pays représenté reste les Etats-Unis, qui rassemblent 36% des exposant.e.s. Deuxième, la Chine, avec 29%, puis… La France, loin derrière mais avec une impressionnante place de troisième, et 8% des entités représentées. Imperceptible il y a 10 ans, notre pays est même la première nation européenne présente sur le salon : près de la moitié des entreprises de l’UE participant au CES 2018 (49%) sont françaises. Le Royaume-Uni arrive deuxième, et ne représente que 11% des exposant.e.s européen.ne.s.
L’une des raisons de cette représentation croissante selon Olivier Ezratty : la French Tech, initiative d’État lancée en 2014. Par ailleurs, le conférencier indique qu’un grand nombre de startups françaises présentes au salon ont une activité autour des objets connectés, pour lesquels l’intérêt du marché est sur la pente ascendante.
Tendances 2018
En hausse, selon Olivier Ezratty :
– Les assistants vocaux (Alexa par Amazon, Google Assistant),
– Les robots de services,
– La réalité mixte (augmentée et virtuelle),
– Les écrans OLED, MicroLED et 8k,
– Les véhicules autonomes.
Sur la monté en puissance des assistants vocaux : « La dernière fois que Google avait exposé au CES, c’était en 2006 », explique Olivier Ezratty, pour la conférence de leur cofondateur Larry Page, bien avant Android. Cette fois-ci, le « G » de GAFA s’est donc à nouveau déplacé, pour rattraper l’un des autres « A » du même acronyme, Amazon, un peu trop populaire sur ce marché naissant selon le moteur de recherche.
Parmi les tendances sous-jacentes relevées par M. Ezratty :
– Les processeurs neuromorphiques,
– L’intelligence artificielle (IA), par exemple via la startup française Emoshape, grâce à qui les chatbots détecteront peut-être l’émotion de leur interlocuteur ou interlocutrice dans l’expression faciale ou le timbre de la voix,
– Les télécoms, notamment la 5G,
– La cybersécurité,
– Les capteurs intelligents/connectés,
– La blockchain…
3 - Transports et Smart City
Presque tous les moyens de transport physique de personnes étaient représentés au CES 2018, avec des véhicules terrestres avec ou sans roue comme le train Hyperloop, ou volants comme ces drones avec passager (dont un de la marque DeLorean Aerospace), et même… Des sous-marins. « Le CES est déjà un salon de l’auto technologique », indique Olivier Ezratty, « il s’en faut de peu pour qu’il devienne le salon de l’Air et de l’Espace du Bourget en version numérique ! », ajoute-t-il.
Les stars du salon sont incontestablement les automobiles autonomes, écrans de bord géants et IA toujours plus performantes à l’appui. Pour fonctionner, ces véhicules embarquent de nombreux capteurs, LiDAR et radars haute résolution. Leur prix est en baisse, et le nombre de sociétés qui les proposent en hausse.
Autre concept mis en avant dans cette édition : la ville intelligente, qui intègre ces nouveaux moyens de transport. Rien que chez les exposant.e.s français se trouvaient des solutions de recharge de véhicule, de parking partagé, de partage ou location de véhicules, et bien sûr de transports en commun (MyBus, Mytechtrip, Wever, Transdev, Keolis, etc.).
4 - Objets connectés
Pour aborder le sujet des nombreux objets connectés sur le CES cette année, Olivier Ezratty a choisi de présenter ce qu’il jugeait de plus « fun » parmi les innovations IoT.
Dans le domaine de la domotique notamment, ces objets deviennent de plus en plus auto-apprenants. Ils mémorisent les habitudes les plus complexes et variables de leurs utilisateurs et utilisatrices, comme l’interphone à reconnaissance faciale Dusun, le système de protection et d’alarme intelligente Morpheos Momo, ou encore les solutions pour « maison intelligente » du grenoblois Ween.ai, lauréat du prix de l’innovation du CES 2018.
C’est du côté des tendances IoT que l’on trouve le plus « original ». Olivier Ezratty cite en vrac la gamelle pour animaux, le test de grossesse, la brosse à dents sans effort et autres accessoires pour la santé des seniors, dont l’utilité apparaît plus ou moins évidente… Mais toujours connectée.
Enfin, les robots du quotidien progressent. Du sérieux, comme les robots de livraison, en nombre cette année (GoCart, Robby, Honda…). Du moins sérieux, comme les très ludiques Anki Cozmo et Luka, ou ceux qui n’ont pas eu de chance lors de leur présentation, comme le robot de CLOi, de LG Electronics… Il ne détrônera pourtant pas – et ce sera le mot de la fin pour Olivier Ezratty – la coque de smartphone spéciale « demande en mariage »… Nous vous laissons découvrir son fonctionnement par vous-mêmes.
Punchlines
– « Si on faisait un salon de la génomique à Las Vegas, on n’aurait probablement pas 400 boîtes françaises dans le domaine ».
– « Les startups françaises sont au CES pour se développer à l’international. Les grands comptes français y sont soit pour les accompagner, soit pour s’acculturer aux évolutions mondiales des technologies grand public. Pas pour l’entre soi entre Français. »
– « Ils donnent comme date de livraison « 2019 ». Alors, traduction du CES : quelqu’un qui fait un objet connecté et vous dit « je livre dans 6 mois », vous traduisez « 18 mois ». Quelqu’un qui vous dit «2019 », c’est « Calendes grecques » ».