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#Atelier574 – Idriss Aberkane vante l’innovation au 574

Grande effervescence au 574 de Saint-Denis ! En effet, l’essayiste et conférencier Idriss Aberkane y était de passage le 19 décembre dernier, pour présenter l’économie de la connaissance. Pendant plus de deux heures, il a exposé les tenants et aboutissants de l’innovation, et disséqué ce qu’elle pouvait apporter en termes de création de richesses, mais également de bien-être personnel.

Publié le

Par La Redaction

Dernière conférence de l’année dans l’espace 574 de Saint-Denis. Idriss Aberkane arrive, souriant. Connu pour ses nombreux travaux sur l’économie de la connaissance, l’essayiste trentenaire charme d’emblée le public par son style à la fois décontracté, érudit et accessible. En guise d’introduction, il affiche une photo du nouveau siège d’Apple – inspiré de Bagdad au temps de Charlemagne, alors capitale de l’innovation –, puis de son ancêtre, une modeste maison pavillonnaire. “Cette bicoque est désormais classée monument historique” assène-t-il sous les rires de l’assemblée. ”L’économie de la connaissance, c’est la seule économie qui peut vous faire passer en quelques décennies d’un garage à un campus de 4,5 milliards de dollars”. Tout au long de la conférence, Idriss Aberkane n’aura de cesse de prouver que bien-être et productivité ne sont en rien antinomiques, et que l’amour est un des principaux moteurs de notre capacité à innover.

« Ikigai » et innovation: « Love can do »

La connaissance permet l’économie la plus créatrice de richesses : en effet, si un puits de pétrole se tarit, un puits de connaissance ne s’épuise jamais. Idriss Aberkane parle vite, précisément et avec emphase. Pour illustrer son postulat, il multiplie les anecdotes ancrées dans le réel : « Total a été créé en 1924, Facebook en 2004. Pourtant, Facebook vaut bien plus que Total en bourse aujourd’hui. Si Mark Zuckerberg avait découvert du pétrole dans son jardin, il ne serait pas aussi riche ».

Au milieu des traits d’humour et des formules mathématiques, une conviction et paradigme sous-tendent et traversent l’ensemble de la démonstration : « L’amour est le produit dopant légal de l’innovation – plus nous aimons, plus nous donnons du temps et de l’attention – ». En effet, avoir la passion professionnelle, faire de son « Ikigai » (« raison d’être » en japonais) son métier, c’est se placer “au-dessus de la mêlée”, c’est continuer là où d’autres abandonneraient: le gain de compétitivité est évident. Selon le conférencier, d’un point de vue strictement neuronal, l’amour augmente la persévérance, la précision, la prise de risque ; surtout, l’amour abaisse le coût de l’échec. Or l’échec semble une condition préalable à toute grande réussite : les frères Wright ne comptaient plus leurs crashs avant leur premier décollage, AirBnB a frôlé le dépôt de bilan… « Le patron de LinkedIn a été interdit bancaire trois fois. La leçon, c’est que l’échec est un diplôme. Dans la Silicon Valley, la règle est la suivante : échoue souvent, mais échoue vite », précise Idriss Aberkane.

Ridicule, peur et acceptation

Si la passion dans le travail est une condition imparable à l’innovation, l’idée novatrice a devant elle un parcours semé d’embûches avant d’être acceptée comme évidente. D’après Idriss Aberkane, toutes les innovations historiques ont d’abord été perçues comme « ridicules », puis « dangereuses », avant de finalement s’imposer. « Si une idée n’est pas ridicule, elle n’est pas révolutionnaire. Cela a été le cas du droit de vote des femmes, totalement impensable au 19e siècle, ou bien de la capacité de calcul allouée aux smartphones, aujourd’hui deux fois supérieure à celle de la NASA en 1969 ».

Pour l’essayiste, la clef pour faire passer ces innovations de « dangereuses » à « évidentes » est de les rendre « inoffensives ». Il explique : « Quand on n’est plus dans le ridicule, on est dans le dangereux. Une technologie n’est pas adoptée parce qu’elle fonctionne (preuve par exemple de l’échec de la machine à vapeur Egyptienne au 3ème siècle, ou du Concorde), mais lorsqu’elle cesse de faire peur. Or en neuroscience, « mignon » veut dire « n’aie pas peur, occupe-toi de moi » ». Devant l’air interrogateur de l’assemblée, Idriss Aberkane précise : « Quand c’est mignon, ça se vend mieux, il n’y a qu’à voir les vidéos de chatons qui pullulent sur le net ». Il multiplie alors les exemples : NAO (« vous lui confierez plus la garde de votre enfant qu’à un Terminator »), Tesla (dont les chiffres ont réellement décollés une fois qu’Elon Musk a imposé aux voitures un design rassurant) ou encore le premier ordinateur conçu par Apple, « de loin le plus mignon du marché », avec ses bords arrondis et ses blocs blancs.

Voiture Tesla (modèle S) © Tesla

Le robot humanoïde NAO © Aldebaran

Premier Macintosh © Apple

Implacable, la démonstration aura duré deux heures et demie. Idriss Aberkane clôt la conférence en demandant au public de se lever pour un dernier exercice. Raté ! « C’est juste un moyen détourné d’avoir une standing-ovation » s’amuse-t-il. Détourné, certes, mais efficace au vu des longs applaudissements de l’assemblée.

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