#Atelier574 – « Innovation frugale : comment faire mieux avec moins ? » par Navi Radjou
Dans cette conférence au 574 Saint-Denis, Navi Radjou introduit les principes de l’innovation frugale. Comment créer plus de valeurs avec moins de ressources ? Au-delà de la valeur économique, ces valeurs doivent être sociales et écologiques, afin de répondre aux enjeux du monde d’aujourd’hui où l’urgence sociale et l’urgence climatique doivent être traitées efficacement.
Publié le
Par La Redaction
Qui ?
Navi Radjou est consultant en stratégie, spécialiste de l’innovation et du leadership dans la Silicon Valley. Il est également le co-auteur de « L’innovation jugaad, redevenons ingénieux» aux éditions Diateino.
Où ?
Au 574, le siège parisien de la Direction Générale e.SNCF, situé à Saint-Denis (93), soit à environ 640 kilomètres de Milan, où a lieu chaque année la Design Week en parallèle du salon du meuble.
Quand ?
Jeudi 27 juin 2019, soit cinquante-deux ans jour pour jour après l’installation du premier guichet automatique bancaire par Barclays à Londres.
Être innovant grâce au Jugaad
« Le Jugaad c’est l’esprit MacGyver. C’est la capacité d’improviser une innovation ingénieuse avec des moyens très limités », explique Navi Radjou en introduction. Le Jugaad, c’est aussi un état d’esprit résilient et créatif en même temps. La résilience est le fait d’accepter de ne pas avoir une ressource X sans s’en plaindre, mais au contraire, être conscient de posséder une ressource Y, et de savoir valoriser cette ressource existante pour créer plus de valeur à la fois économique et sociale. « Concrètement, dans les pays du Sud où j’ai grandi, il y a des ressources tangibles dont on ne dispose pas en abondance comme l’eau, l’énergie, mais il y a beaucoup de ressources intangibles dont on dispose en nous-même, comme la générosité, les connaissances traditionnelles et surtout le capital social. Donc l’idée est de valoriser ces ressources intangibles pour pallier le manque de ressources tangibles, car cela permet de réfléchir à comment réutiliser des ressources dont on dispose déjà », ajoute-t-il.
Claude Lévi-Strauss, dans son livre _La Pensée Sauvage_, fait la différence entre les savants et les bricoleurs. Quand un savant est confronté à un problème, il va chercher les meilleures ressources qu’il peut trouver pour concevoir une solution parfaite. Un bricoleur fait l’inventaire de ce qu’il a déjà pour résoudre le problème de façon simple et efficace. « Moi je dirais qu’il n’y a pas de dualité, on peut être savant de formation et bricoleur de profession. Dans un monde de plus en plus agile, ça peut devenir coûteux de se comporter comme un savant et je crois que l’état d’esprit bricoleur peut souvent être très utile »,précise-t-il.
Devenir un innovateur frugal
L’innovation frugale, c’est la capacité à créer plus de valeurs à la fois économique, sociale et écologique, en utilisant moins de ressources (budget, énergies fossiles, temps). « Il n’est plus suffisant pour les entreprises de faire moins de mal, d’avoir moins d’empreinte carbone. Ill faut maintenant faire plus pour la société et l’environnement. Au lieu de réduire l’empreinte carbone, il faut donc élargir son empreinte positive sur l’environnement. On appelle cela l’économie régénératrice, qui va bien au-delà de l’économie circulaire »,explique Navi Radjou.
Plusieurs moyens permettent de créer de l’innovation de manière frugale. En premier lieu, on peut valoriser des technologies existantes, les combiner, et les intégrer pour créer une nouvelle valeur. On peut aussi préférer l’improvisation à la planification. Le principe est de devenir flexible de sorte d’être capable d’improviser et de pouvoir exploiter des opportunités et gérer des risques imprévus, car pour être créatif, il faut être flexible et attentif au contexte.
Il faut également réconcilier ces cinq attributs : abordabilité, qualité, simplicité, durabilité et sens, qui, pendant longtemps, ont été jugés irréconciliables. Ces cinq facteurs sont de plus en plus exigés par les consommateurs, et doivent être intégrés dans la création des produits.
Tour du monde d’innovations frugales
En Chine, d’ici 20 ans, 50 millions de personnes auront de plus de 60 ans. Des entrepreneurs ont donc créé une application de télémédecine pour pouvoir amener la médecine dans les lieux les plus reculés et connecter les gens avec des médecins à distance. Cette application a aujourd’hui 150 millions d’utilisateurs.
En Israël, l’entreprise Watergen a créé un système qui convertit l’humidité en eau potable, générant plusieurs centaines de litres d’eau par jour. Elle est partie du principe qu’il faut utiliser ce qui est abondant pour créer ce qui est rare, en l’occurrence l’eau.
En France aussi, des entrepreneurs incarnent cet esprit Jugaad. Dracula Technologies a inventé un système pour générer de l’électricité à partir de la lumière ambiante. Ils ont créé un procédé breveté qui leur permet d’imprimer à jet d’encre des modules photovoltaïques organiques conducteurs, pour pouvoir alimenter les 50 milliards d’objets connectés que l’on aura en 2020. Point positif : cette technologie n’intègre aucune terre rare, et cela marche à la fois avec le soleil et avec la lumière artificielle. De son côté, Be Bound est parti du constat que 4 milliards d’habitants dans le monde n’ont pas accès à internet. Ils ont donc breveté une technologie de compression de données qui passe par SMS.
[ #Atelier574 ]
— SNCF_Digital (@SNCF_Digital) June 27, 2019
« L’#innovation frugale : Comment faire mieux avec moins ? »@NaviRadjou, ????, conseiller en innovation et basé dans la #SiliconValley, nous explique comment nos sociétés peuvent concilier performance économique, satisfaction, respect de l’#environnement ?? pic.twitter.com/nMOSukVw2G
Punchlines
– « Le Jugaad c’est l’esprit Mac Gyver. C’est la capacité d’improviser une innovation ingénieuse avec des moyens très limités. »
– « L’idée est de valoriser ces ressources intangibles pour pallier le manque de ressources tangibles, car cela permet de réfléchir à comment réutiliser des ressources dont on dispose déjà. »
– « Il n’est plus suffisant pour les entreprises de faire moins de mal, d’avoir moins d’empreinte carbone, il faut maintenant faire plus pour la société et l’environnement. Au lieu de réduire l’empreinte carbone, il faut donc élargir son empreinte positive sur l’environnement. On appelle cela l’économie régénératrice qui va bien au-delà de l’économie circulaire. »