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#Atelier574 – « La blockchain aujourd’hui » par Claire Balva

Dans cette conférence au « 574 », Claire Balva revient sur les origines de la blockchain avec la création du Bitcoin en 2008 et explique les différentes utilisations de la blockchain aujourd’hui : traçabilité, digitalisation et automatisation des données, ainsi que la facilitation des transactions.

Publié le

Par La Redaction

Clara Balva

Qui ?

Claire Balva est la CEO et co-fondatrice de Blockchain Partners, le spécialiste français des technologies blockchain, qui accompagne les entreprises dans leur stratégie blockchain.

Où ?

Au 574, le siège parisien de SNCF Digital situé à Saint-Denis (93), soit à environ 8235 kilomètres de Wankaner, Gujarat en Inde, d’où est originaire Mansukhbhai Prajapati, l’inventeur de Mitticool, un réfrigérateur en terre glaise – une référence en matière d’innovation frugale.

Quand ?

Jeudi 28 novembre 2019, soit 55 ans jour pour jour après le lancement de la sonde spatiale Mariner 4.

Les origines de la blockchain

Claire Balva Bitcoin

Ce qu’on appelle la blockchain au départ, c’est tout simplement le registre de toutes les transactions effectuées en Bitcoin.

Claire Balva, CEO et co-fondatrice de Blockchain Partners

En 2008, la première blockchain est créée, c’est Bitcoin. Bitcoin est une monnaie numérique créée par un anonyme sous le pseudo Satoshi Nakamoto. Nous sommes à ce moment-là dans un contexte de crise financière mondiale, et débarque alors sur internet un livre blanc qui détaille le fonctionnement d’une monnaie numérique pair à pair. « Son ambition est de créer l’internet de la valeur afin de permettre de s’envoyer des actifs numériques qui auront une valeur sans avoir besoin de tout centraliser dans la base de données d’un intermédiaire financier : c’est là vraiment le cœur de la valeur ajoutée de Bitcoin. C’est un concept de rareté numérique » introduit Claire Balva. On dit souvent que Bitcoin est une monnaie très volatile. Pourtant, quand on regarde de manière proportionnelle ce qu’il se passe, elle est de moins en moins volatile. Pourquoi existe-t-il quand même des fluctuations ? Tout simplement parce qu’il n’y a pas de banque centrale qui va gérer le cours du Bitcoin. De ce fait, son cours dépend uniquement de l’offre et de la demande. Bitcoin a plusieurs utilités, comme par exemple d’effectuer des paiements à l’international à moindre coût et très rapidement, mais aussi d’être une valeur refuge notamment pour les pays en voie de développement dont la monnaie nationale est peu stable.

Claire Balva atelier 574 blockchain SNCF

Le but est de créer l’internet de la valeur afin de permettre de s’envoyer des actifs numériques qui auront une valeur sans avoir besoin de tout centraliser dans la base de données d’un intermédiaire financier : c’est là vraiment le cœur de la valeur ajoutée de Bitcoin.

Claire Balva, CEO et co-fondatrice de Blockchain Partners

Depuis 2013, on ne parle plus seulement de Bitcoin mais de blockchain. « Ce qu’on appelle la blockchain au départ, c’est tout simplement le registre de toutes les transactions effectuées en Bitcoin. Ce registre est copié dans son intégralité chez plein de gens, ou d’entreprises qui vont maintenir ce registre sur leur serveur, c’est ce qu’on appelle des nœuds dans l’écosystème Bitcoin. Il existe un algorithme qui va permettre de mettre à jour le registre de manière automatique et donc d’ajouter et de valider chaque nouvelle transaction. C’est donc une chaîne de blocks, d’où le nom blockchain. C’est cet assemblage de technologies qui va remplacer le tiers de confiance qui était auparavant l’intermédiaire financier » précise-t-elle. Des blockchains publiques voient le jour, telles que Bitcoin ou encore Ethereum, et sont accessibles à tous.

Il existe également des blockchains privées pour des besoins de confidentialité. « Par exemple, nous avons créé une blockchain pour la Banque de France, c’est une blockchain interbancaire qui regroupe la banque de France et d’autres banques. Il est bien évident qu’elle ne voulait pas que tous les citoyens aient accès à leur blockchain, c’est pour cela qu’elle est privée. Son avantage est de personnaliser des protocoles et des algorithmes. Elle peut aussi servir à stocker des informations entre plusieurs partenaires » explique-t-elle.

Les différentes utilisations de la blockchain

La blockchain peut être utilisée comme moyen de preuve. On peut par exemple créer une base de données, un registre qui est dupliqué plein de fois sur la planète, donc cela veut dire qu’il est incorruptible, immutable. « Par exemple, nous avons créé une blockchain Ethereum pour l’état de Genève qui permet de digitaliser l’émission de K-bis et donc de les certifier » ajoute Claire Balva. Il existe également des cas d’usage autour d’un écosystème d’acteurs qui veulent créer une blockchain ensemble pour améliorer la gouvernance sur un process, une chaîne de valeur. Par exemple, Carrefour souhaite avoir une supply chain transparente et donc retracer la provenance de tous les aliments qui se retrouvent dans leurs supermarchés. Ils ont donc créé une blockchain avec l’ensemble de leurs fournisseurs. La blockchain dans ce cas permet la traçabilité. « Nous avons également créé un troisième type de cas d’usage pour l’Agence Nationale des Fréquences Radio. Son idée était de créer une blockchain avec d’autres acteurs publics pour gérer l’attribution des fréquences libres de droit à leurs utilisateurs » continue l’intervenante.

La blockchain peut également servir à créer une billetterie décentralisée dans laquelle des marchés secondaires de billets s’autogèrent sans dépendre d’un acteur centralisé. Mais surtout, grâce à elle, « on peut aussi automatiser des paiements. C’est très intéressant notamment pour les métiers des assureurs » développe Claire. « Cela a été fait par AXA pour les retards d’avion, ou encore à SNCF pour les retards de train sous forme d’un POC ».

Enfin, une nouvelle cryptomonnaie, Libra, est également en phase de création. Ce sera une cryptomonnaie stable accessible par les services de Facebook. « Tous les acteurs de Libra vont héberger un nœud de la blockchain, cela pose donc beaucoup question sur la sécurité des données de paiement des utilisateurs. Cela pose également des questions de souveraineté, car les monnaies traditionnelles qui ne sont pas programmables deviendront vite obsolètes. Il y a donc une véritable course entre les acteurs pour essayer de garder un peu de souveraineté sur ce qu’il se passe et anticiper le monde de demain. Les banques centrales réfléchissent ainsi à créer un équivalent à l’euro sur blockchain pour garder une souveraineté monétaire » explique-t-elle.

« On se rend compte que finalement le sujet blockchain est assez fourre-tout. C’est d’abord un sujet informatique, c’est-à-dire comment optimiser les systèmes existants en faisant de la traçabilité par exemple. Et en parallèle, il y a la question d’actifs numériques qui est la vraie valeur ajoutée de départ de la blockchain. Aujourd’hui les entreprises privilégient le premier sujet car c’est un sujet court terme, mais il ne faut pas oublier le sujet stratégique au profit du sujet informatique » conclut Claire Balva.

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