#Atelier574 – La disruption peut-elle être façonnée ? par Glenn Edens
La disruption est le challenge principal des entrepreneurs d’aujourd’hui. Est-il possible de la façonner ? Quels sont les éléments clefs pour le faire ? Dans cette conférence au 574 de St-Denis , Glenn Edens, celui qu’on pourrait appeler le gourou de la Silicon Valley, explique ce qu’est la disruption, comment elle est devenue le modèle dominant de la Silicon Valley, et comment la mettre en place dans son entreprise.
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Par La Redaction
Qui ?
Glenn Edens, scientifique et chercheur américain, a contribué au rayonnement de la Silicon Valley à travers le monde. En 1979, il a cofondé Grid Systems Corporation, la société qui a développé le premier ordinateur portable. En 1985, Glenn Edens a fondé WaveFrame Corporation, qui a conçu les premiers postes de travail audio entièrement numériques pour les industries du film, de la télévision et de l’enregistrement. WaveFrame a reçu un Oscar de l’Académie des Arts et des Sciences du Cinéma pour son travail de pionnier dans l’audio numérique. Glenn Edens a également travaillé pour AT&T, Hewlett-Packard, NBI, Apple Computer, National Semiconductor et Xerox Corporation.
Où ?
Au 574, le siège parisien de la Direction du Digital, situé à Saint-Denis (93), soit à environ 900 kilomètres de Berlin en Allemagne, où en 1902 le premier métro de la ville fut inauguré et mis en service.
Quand ?
Mardi 9 octobre 2018, soit 128 ans jour pour jour après le premier vol de l’avion Éole construit par l’ingénieur français Clément Ader, qui réussit à faire s’élever son avion à 20 centimètres du sol et à le faire voler sur 50 mètres de distance.
Grandes idées
Comment appréhender l’innovation et les technologies
Lorsqu’on parle d’innovation, Glenn Edens tient à préciser que le plus important est de savoir quels problèmes on va essayer de résoudre et pourquoi. Pour lui, innover, c’est faire simple, et l’innovation doit répondre à trois questions : est-elle désirée ? Est-elle faisable ? Est-elle viable ? De même, l’entreprise qui décide d’innover doit répondre à des questions, elles aussi simples : Peut-on le fabriquer ? Peut-on le vendre ?
Le risque, considéré lui aussi comme simple, est au cœur de l’innovation. « La cupidité, c’est-à-dire l’avantage perçu, doit vaincre la peur, sinon le projet ne marchera pas » déclare ainsi Glenn Edens. Le succès est l’ennemi de l’innovation. Quand des scientifiques développent une formule gagnante, leur identité est définie par cette formule gagnante. L’entreprise devient donc aveugle face aux forces du changement – c’est à ce moment que la recherche du succès devient un problème. Le succès rend également trop confiant, et apporte de la résistance face aux modèles alternatifs.
Passer de l’idée à l’infusion
Dans la construction de l’innovation, tout un processus d’étapes se met en place. À la base : l’idée. Elle permet de trouver un moyen de résoudre un problème perçu. Glenn Edens liste par exemple une étincelle, une épiphanie ou un apprentissage comme sources d’idées.
Vient ensuite l’invention, qui est une démonstration ou un prototype dans sa forme physique, qui illustre l’idée. De l’invention découle ensuite l’innovation, qui n’est autre que la réalisation de l’invention. Enfin, vient l’implémentation, à savoir la réalisation manufacturable de l’innovation exprimée sous forme de produit ou de service. Toutes ces étapes clés donnent naissance à l’infusion, dernière étape du processus, qui est la mise en œuvre à grande échelle de l’idée et de toutes ses étapes successives.
Innovation & Silicon Valley
S’il y a bien un mot qui revient systématiquement dès que l’on parle d’innovation, c’est la Silicon Valley. Mais pourquoi ce modèle fonctionne ?
D’abord, grâce au beau temps, rappelle Glenn Edens avec humour. Plus sérieusement, le scientifique insiste sur la masse de connaissances sur place, la présence de nombreux experts à proximité, mais surtout le réseau : les talents sont mobiles, ce qui permet une diffusion rapide et un partage des informations et des connaissances. Le chercheur américain déclare : « L’argent ne doit pas marcher bien loin », ce qui signifie que les capital-risqueurs n’ont pas se déplacer de beaucoup pour découvrir des centaines de projets intéressants.
Ensuite, la Silicon Valley bénéficie d’une culture qui valorise le risque, l’échec et le succès. « Un entrepreneur qui a connu des échecs vaut plus, aux yeux de la Silicon Valley, qu’un entrepreneur qui n’en a connu aucun, car un entrepreneur qui n’a pas connu d’échecs n’a rien appris », explique ainsi Glenn Edens.
Enfin, la Silicon Valley fonctionne grâce à ses méthodes de travail et une approche visionnaire. Les entreprises qui y siègent ont une organisation plus horizontale avec moins de hiérarchie, une culture qui encourage la substitution, mais aussi, une compréhension et une valorisation de l’automatisation et de l’informatique.
Processus de création de la disruption
Qu’est-ce que la disruption ?
La disruption est la création de substituts, où chaque innovation créée doit remplacer quelque chose. La numérisation est la clef de la disruption car elle permet d’améliorer la façon de faire les choses. Enfin, la disruption est la manière de rendre un bien ou un service plus commode, plus simple, plus efficace. Pour créer un produit disruptif, il faut donc enlever la pénibilité, créer de la satisfaction, créer de la joie et surtout aujourd’hui créer du sens.
Conceptualiser la disruption La disruption est enclenchée par la numérisation pour créer de nouveaux produits, services ou business modèles, ce qui permet de créer des substituts meilleurs. La numérisation peut s’effectuer sur des objets, comme par exemple avec l’IoT, mais aussi sur des processus humains tels que l’automatisation. La disruption est réalisée en créant des substituts désirables, faisables et viables, qui réorganisent les flux de trésorerie : l’argent de l’ancienne industrie se déplace vers la nouvelle industrie.
Les opérateurs de disruption Appelés « Cash flows chains », « Food chains » ou « Value chains », ces modèles permettent de remplacer, insérer, consolider ou détourner les opérateurs de disruption.
– Remplacer par une façon meilleure, moins chère et plus rapide de faire quelque chose d’existant dans la chaîne.
– Insérer une nouvelle technologie, une nouvelle façon de procéder dans la chaîne.
– Consolider la chaîne en la rendant plus efficace.
– Détourner la chaîne en créant une nouvelle activité (ex : banque d’Orange).
Pour créer la disruption, il faut donc des compétences, comprendre le contexte de l’industrie, cartographier l’industrie en termes de valeur et de capital, modifier la chaîne en fonction de la cartographie, et enfin, créer de nouvelles stratégies.
Punchlines
– « Le succès est l’ennemi de l’innovation. »
– « La cupidité doit vaincre la peur. »
– « Un entrepreneur qui a connu des échecs vaut plus, aux yeux de la Silicon Valley, qu’un entrepreneur qui n’en a connu aucun, car un entrepreneur qui n’a pas connu d’échecs n’a rien appris. »