#Atelier574 – La « robolution » selon Bruno Bonnell
Durant sa conférence du 23 février dernier au 574 Saint-Denis, le fondateur d’Infogrames, aujourd’hui expert en robotique, nous a livré sa vision sur la «robolution » et les perspectives d’évolutions industrielles qu’elle engendre.
Publié le
Par La Redaction
“Selon mes estimations, l’industrie mondiale de la robotique devrait dépasser les 70 milliards de dollars en 2025” : c’est sur cette prévision enjouée quant aux perspectives du secteur que Bruno Bonnell entame sa conférence. Et de préciser : “Elle serait dominée par le Japon, où, avec 3,5 millions d’emplois dès 2020, elle dépassera l’automobile”. Son propos ne manque pas d’arguments : aujourd’hui, nous comptons déjà 400 000 robots dans les foyers nippons, soit 1 pour 300 habitants. La robotique est devenue un enjeu stratégique de développement comparable à l’automobile et à l’informatique au 20ème siècle – c’est pourquoi, selon B.Bonnel, il est impératif que l’Europe rattrape son retard dans le secteur -. Mais comment penser cette « robolution » ?
Pourquoi robotise-t-on ?
En y réfléchissant quelques minutes, nous connaissons tous un robot. Ce sont les compagnons interactifs comme NAO ou Sophia, les intelligences artificielles comme Alexa ou Wiidii, les robots industriels Kawasaki. Si plusieurs catégories de robots et domaines d’utilisation ont été définis (robots d’assistance personnelle (Pepper, bots…), les automates et les robots d’assistance industrielle (tous les deux faisant partie des robots industriels)), leur conception a en commun de mélanger une palette de technologies allant du _deep learning_ à la mécatronique -.
Bruno Bonnell a choisi d’axer sa conférence sur le secteur industriel. Au sein de ce dernier, « la robolution est en train d’avoir lieu », essentiellement parce que les robots rendent la production plus efficace, plus agile et moins pénible. On parle alors de « _cobots_ » – robots collaboratifs – et de robots nomades.
Le _cobot_ peut être utilisé comme un assistant dans des tâches spécifiques. Les prototypes d’exosquelettes conçus par SNCF et son partenaire Ergosanté en sont un exemple : ils aident à éviter les troubles musculaires aux techniciens de maintenance et améliorent donc les conditions de travail de ces derniers (voir vidéo). Le robot nomade se déplace d’un poste à l’autre, et va là où l’Homme ne peut pas facilement se rendre. Il est utilisé selon les besoins de production : une agilité désirée par toutes les entreprises. En 2016, les ingénieurs de SNCF ont créé Eyerobot, un robot qui permet de faire l’inspection des brosses de contact, sans avoir à investir dans une fosse, ni à immobiliser le train pour une opération en Technicentre (voir vidéo).
La robolution, une révolution?
Concrètement la robolution, qu’est-ce que c’est ? Pour Bruno Bonnell, robolution n’est pas synonyme d’automatisation, cette dernière ayant exclusivement pour but de numériser des tâches existantes. Egalement, “autonomie et connectivité différencient la robolution de l’informatisation. Capables d’apprendre de façon quasi autonome grâce aux mécanismes du deeplearning, certaines nouveautés comme Mimus reflètent une révolution technologique radicale en matière d’intelligence artificielle.
D’après B.Bonnell, pour comprendre la robolution, nous devons la regarder de manière globale. la robotique “n’est pas une perturbation dans un système constant, mais un changement de paradigme ou de référentiel. Elle devrait apporter une réponse à une demande sociétale”. De quel paradigme s’agit-il ?
“Ce sont les procédures et les organisations de production existantes qui sont remises en question”, explique-t-il. Par exemple, sur la question de l’emploi, Bruno Bonnell fait le parallèle entre les changements entraînés par l’arrivée des robots à ceux de l’innovation automobile : “Avec la disparition du transport à cheval, on a perdu des emplois, mais on en a créé des dizaines de milliers avec l’automobile.” En ce sens, il définit la robolution comme une opportunité pour notre société – un ensemble d’innovations pouvant entamer la redéfinition vertueuse d’un écosystème –.
En terme de mobilité, Bruno Bonnell imagine par exemple l’avenir sous les traits d’un “mobot” – mobilité robotique -, ou de véhicules intelligents transportant leurs passagers dans toute la ville et à tout moment. “Ils seront aptes à opérer sans intervention humaine, et cela essentiellement à l’aide de capteurs qui se connectent dans toutes les situations”, nous explique-t-il. Et aux vues de Navly, la fameuse navette autonome mise en circulation en 2016 à Lyon par la société Navya et Keolis, ce futur est en effet en marche.
A l’attention des collaborateurs SNCF :
Le 17 mars au 574 Saint-Denis, dans la continuité de « Viva la robolution », Laurent Alexandre (chirurgien, énarque et cofondateur de Doctissimo) donnera une conférence centrée sur les impacts de l’IA sur le marché du travail. Inscrivez-vous en suivant ce lien.