#Atelier574 – « L’impact carbone » par Matthieu Jousset.
Dans cette conférence au « 574 », Matthieu Jousset aborde le sujet de l’impact carbone. Quelles sont les conséquences de la crise climatique à court, moyen et long terme ? Comment réduire l’empreinte carbone globale pour parvenir aux Accords de Paris ? Quelles sont les solutions au niveau individuel, mais aussi au niveau des entreprises et des États ? Autant de questions auxquelles Matthieu Jousset répond grâce à son expérience du terrain.
Publié le
Par La Redaction
Qui ?
Matthieu Jousset est « social carbon offsets programme officer » depuis 2016, au sein de la fondation GoodPlanet, présidée par Yann Arthus-Bertrand. La direction du programme action carbone solidaire de GoodPlanet est un programme d’accompagnement à la réduction de l’empreinte environnementale des entreprises et également un programme d’accompagnement de projets de terrain, principalement axé sur l’amélioration de l’accès à l’énergie.
Où ?
Au 574, le siège parisien de SNCF Digital situé à Saint-Denis (93), soit à environ 11 kilomètres du siège social de l’INPI, fondée en 1951 et chargée de délivrer les titres de propriété industrielle (brevets, marques…).
Quand ?
Mardi 3 mars 2020, soit 61 ans jour pour jour après la lancement de la sonde Pioneer 4 vers la lune depuis Cap Canaveral.
Les objectifs de l’Accord de Paris
Aujourd‘hui, en termes d’augmentation des températures, nous sommes à +1 degré par rapport à l’ère préindustrielle. Le niveau de la mer, quant à lui, a augmenté de 1 à 3 mm par an. La trajectoire actuelle est aux alentours de 4,8 degrés de réchauffement à horizon 2100.
L’Accord de Paris sur le climat émet comme objectif une augmentation maximale de 1,5 à 2 degrés. Quelles sont les différences d’impact entre une augmentation de 1,5 degré et 2 degrés ? « On pourrait se dire que la différence n’est pas importante alors qu’elle l’est de manière très sensible » déclare Matthieu Jousset.
Ainsi, si on regarde déjà un réchauffement à 1,5 degré d’un point de vue vague de chaleur, on voit qu’on est sur des vagues de chaleur à 1 degré de plus entre 1,5 ou 2 degrés. Au niveau des pluies torrentielles, il y a un risque deux fois plus élevé sur un réchauffement à 2 degrés par rapport à 1,5. Si on prend la perte de biodiversité, à 1,5 degré on est sur une perte de 4% des vertébrés, 6 % des insectes, 8 % des plantes et on multiplie cela par deux si on est à 2 degrés. Sur les cultures céréalières, il y a aussi une baisse de rendement qui est très importante à 2 degrés, en particulier dans les régions où il y a moins d’eau. Les coraux et les milieux marins seront les milieux les moins résilients et les plus à risque, puisqu’on a une perte de 60 à 90 % des récifs coralliens à 1,5 et quasiment la totalité à 2 degrés. Pour le niveau de la mer, ce sera multiplié par 1,5. Et pour la pêche, une prise annuelle réduiteà 3 millions de tonnes à 1,5 degré et 1,5 million de tonnes à 2 degrés. « C’est un impact qui est amené à doubler en termes de perte des écosystèmes et également de perte de rentabilité sur certains secteurs » explique-t-il.
#Atelier574 – Retour sur l'intervention de @Matt_Jousset qui aborde le sujet de l’impact carbone.
— SNCF_Digital (@SNCF_Digital) June 25, 2020
Quelles sont les conséquences de la crise #climatique ? Comment réduire l’empreinte #carbone globale pour parvenir aux Accords de @Paris ? ??https://t.co/9BhHulqnM3
On voit très clairement qu’on est dans un changement de modèle et de société, puisque derrière il y a la manière de consommer de l’énergie, et également sur la sobriété se pose la question de comment mieux consommer avec moins.
Quelles sont les solutions ?
« Je vais vous parler de la logique de la neutralité carbone. Pour être neutre en carbone, il faudra deux choses, la réduction des émissions de gaz à effet de serre de manière drastique et une augmentation de la taille des puits de carbone tels que les forêts et les sols » dit-il.
Grâce à L’accord de Paris, qui a pu déterminer ces chiffres, une diminution de 40% des émissions de gaz à effet de serre à horizon 2030 par rapport à 2010, ainsi qu’une réduction de 50 à 70% en 2050 est envisageable.
« On voit très clairement qu’on est dans un changement de modèle et de société, puisque derrière il y a la manière de consommer de l’énergie, et également sur la sobriété se pose la question de comment mieux consommer avec moins » explique-t-il. Pour que la carbone soit visible, il faut donc lui donner un prix. Aujourd’hui, sur les bourses de carbone, on a plusieurs dispositifs comme les taxes carbone, des marchés carbone et des marchés de compensation volontaire. « Au global, on estime qu’on a 40% des émissions de GES qui sont taxées. La majorité des émissions de gaz à effet de serre ne sont pas tarifées, ce qui pose le problème aujourd’hui de la transition. Comment inciter des entreprises à favoriser des projets bas carbone s’il n’y a pas d’incitation ? C’est une question majeure de la transition environnementale » ajoute-t-il.
L’empreinte carbone aujourd’hui d’un français est de 11 tonnes de CO2 : c’est le résultat de plusieurs dimensions – la mobilité, le logement, l’alimentation, les biens et services, les services et investissements publics. Pour parvenir aux Accords de Paris, il faut que l’on arrive à 2 tonnes, soit une réduction très importante. « Quelle est la part sur laquelle l’individu a une prise ? Environ 25%. L’individu peut baisser de 3 tonnes ses émissions sur les 11 tonnes qu’il émet aujourd’hui. Le principal éco-geste est le régime alimentaire, avec une moindre consommation de viande, de produits laitiers, qu’il faudrait baisser par 3 ou 4. Le régime végétarien est donc une des pistes qui a le plus d’impact. Ensuite, viennent les gestes liés à la mobilité, que ce soit les trajets en vélo, en covoiturage et la réduction des trajets en avion. Enfin, on a des contributions un peu moindres sur le logement » explique-t-il.
Je vais vous parler de la logique de la neutralité carbone. Pour être neutre en carbone, il faudra deux choses, la réduction des émissions de gaz à effet de serre de manière drastique et une augmentation de la taille des puits de carbone tels que les forêts et les sols.
Les autres 60%, c’est ce qu’on appelle la transformation systémique, donc à l’échelle de l’état et des entreprises. « Pour les entreprises, il faut évaluer leur impact sur le climat sur trois points. D’abord, ce qu’elles émettent (locaux, déplacements, parc informatique…). Ensuite, il est très important de comptabiliser les émissions évitées, notamment pour une entreprise comme SNCF. Ces émissions évitées sont celles que l’entreprise permet d’éviter à d’autres, par exemple pour la SNCF, le train permet à des consommateurs, à des entreprises et à l’état de réduire leurs émissions. Enfin, le dernier point est la comptabilité négative, c’est-à-dire dans quelle mesure l’entreprise contribue à la restauration des stocks de carbone dans les forêts et les sols (projets de plantation, d’agriculture durable…) » conclut-il.