#Atelier574 – Matthieu Dardaillon : L’entreprenariat et l’intrapreunariat social, des outils pour changer le monde
L’entrepreneuriat social peut-il changer le monde ? L’association Ticket for change en est convaincue et aide les entrepreneurs à développer et réaliser leurs projets d’entreprise sociale. Programme d’accompagnement, cours en ligne, ateliers, podcasts,… les membres de l’association développent des outils accessibles à tous. Leur rôle est “d’activer” entrepreneurs et salariés qui souhaitent s’engager. Dans cette conférence au 574 de Saint-Denis, Matthieu Dardaillon nous livre sa vision et les clefs du changement, où l’humanisme n’écarte pas pour autant tout pragmatisme économique. Ticket for Change développe des programmes d’accompagnement destinés à des individus ou des organisations qui souhaitent innover et entreprendre et dont le but est de répondre aux défis sociaux et environnementaux actuels.
Publié le
Par La Redaction
Qui ?
Matthieu Dardaillon, diplômé d’un Master en Management à ESCP Europe, avec une spécialisation en Management alternatif à HEC Paris, et grand passionné d’entrepreneuriat, d’innovation et d’éducation, aujourd’hui à la tête d’une entreprise sociale. Lancée en 2014 lors de sa dernière année d’études, Ticket for Change compte désormais une dizaine de salariés et un budget annuel de plus de 600 000 euros. L’association a pour mission de galvaniser ceux qui ont l’envie et le potentiel de changer le monde, mais ne savent pas par où commencer.
Où ?
Au 574, le siège parisien de SNCF Digital situé à Saint-Denis (93). Soit à environ 7 000 km de Déoria la ville où est basée l’organisation Jagriti Sewa Sansthan à l’origine du Jagriti Yatra, un voyage en train organisé pour des entrepreneurs. Une expérience à travers plusieurs provinces indiennes à laquelle Matthieu Dardaillon a participé et qui l’a inspiré pour son concept Ticket for change.
Quand ?
Jeudi 5 juillet 2018, soit 153 ans après la fondation de l’Armée du Salut. Depuis le 11 avril 2000, l’Armée du salut s’incarne dans deux structures dont une fondation, chargée de la mission sociale et reconnue d’utilité publique.
Grandes idées
1/ Favoriser le passage à l’action :
Le constat qui motive l’équipe de Ticket for Change? Celui du gâchis de talents, avec près de 94% des Français qui souhaitent agir mais dont seulement 20% passent à l’action… et uniquement 6% via leur travail. L’idée est de permettre à chacun d’être acteur du changement. Comment ? On peut rapprocher la démarche et les actions de l’association au concept d’Ikigai, un terme japonais qui peut se traduire par le “sens”, la raison de se lever le matin, ce qui nous apporte de la joie de vivre. Avec son accompagnement et ses dispositifs, Ticket for Change met en œuvre ce concept où l’on croise ce qui passionne les gens et leur talent, avec ce dont le monde a besoin. L’association propose différents programmes, en ligne ou par le biais d’ateliers, pour aider les personnes à mieux connaître leurs talents puis se former. Elle identifie 50 graines d’entrepreneurs qui rejoignent son incubateur chaque année, pour six mois. L’association vise principalement trois publics : des entreprises ou associations créatrices d’organisations nouvelles, des salariés au sein des entreprises qui souhaitent porter un projet –les intrapreneurs– et des contributeurs, qui soutiennent des initiatives existantes. À côté des ateliers et des podcasts, l’association a également co-créé avec HEC Paris le MOOC « Devenir entrepreneur du changement » qui compte plus de 50 000 apprenants dans 160 pays. S’il s’agit de repenser le rôle du travail, le principe ne tombe pas pour autant dans l’utopie. L’entrepreneur du changement cherche à résoudre un problème de société (accès à la santé, à l’éducation, au logement, protection de l’environnement etc.), en développant un projet avec un modèle économique pérenne. L’idée est de trouver les activités riches de sens qui pourront également s’inscrire dans un projet économique viable. Les initiatives individuelles et collectives, sans dépendre de l’Etat, peuvent prendre en charge les enjeux environnementaux et sociaux sans être forcément décorrélées des réalités économiques.
Point de bascule
Pour changer le monde il serait trop long d’agir individu par individu, et, de même, agir directement sur tout le monde est impossible. Dès lors, il faut créer des “cohortes” : c’est la culture qui permet de faire évoluer les mentalités. “Pour changer un système, on n’a pas besoin de 50 % des gens mais de 16% des gens”, précise Matthieu Dardaillon. Les 16 “bons” pourcents de personnes aux réseaux efficaces lancent le cercle vertueux du changement. Entre 2014 et 2016, 35 000 personnes sont passées à l’action grâce à Ticket for change. Cela a concerné 1 400 entreprises sociales, 1 200 emplois ont été créés et 140 000 personnes impactées par l’ensemble de ces projets.
2/ Les entreprises de demain avec une raison d’être
Pour Matthieu Dardaillon toutes les organisations qui ne prendront pas en compte les trois aspects –économique, social et environnemental– seront amenées à mourir. En effet, toutes celles qui ne valorisent que l’aspect économique ne se rendent pas compte que les autres enjeux deviennent des coûts financiers sur le long terme. Et à l’inverse, si les organisations qui cherchent à avoir un impact social et environnemental ne trouvent pas de modèle économique pérenne, cela ne peut fonctionner. C’est en associant ces trois dimensions que l’on installe une durabilité. Charge ensuite aux entreprises de mesurer les impacts sur les trois aspects. Cette conception de l’innovation fait que l’on va vers l’émergence de modèles hybrides, comme les startups sociales. L’innovation sociale devient un véritable sujet au sein des entreprises car elle peut constituer un réel levier de R&D. Analyser des problématiques sociales actuelles avec une approche plus frugale permet de faire émerger d’autres idées, de travailler avec d’autres acteurs. Ces enjeux rejoignent la notion de raison d’être de l’Entreprise, introduite dans le projet de loi Pacte. De plus en plus d’entreprises s’intéressent aux enjeux sociétaux et, au-delà de la recherche de profit, cherchent à avoir un impact positif sur les parties prenantes. Cette volonté de s’engager est également un levier en termes d’image et de marque employeur, notamment au regard de la nouvelle génération : une génération en quête de sens.
Punchlines
“Les talents de chacun peuvent changer le monde”
“Il faut démocratiser les carrières à impact, ce n’est pas ce qu’on apprend à l’école…”
“Huit personnes dans le monde détiennent autant que 3,5 milliards de personnes”
“Innover au 21 è siècle, c’est inventer des projets viables dans la durée”
“Le digital est un moyen, jamais une finalité”