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#Atelier574 – Netexplo présente deux grandes tendances digitales pour 2018

Netexplo est un observatoire indépendant de la transformation digitale, fondé il y a un peu plus de dix ans sous le haut patronage du Secrétariat d’État à la Prospective et au Développement de l’Économie Numérique et du Sénat. Son but : décrypter les tendances du digital et de l’innovation, en termes d’usage. Netexplo fonctionne par le biais participatif d’une vingtaine d’universités et d’établissements d’enseignement supérieur à travers le monde. Sa directrice de la Recherche était de passage au 574 pour détailler deux orientations qui devraient marquer cette année : « Interface Zéro » et « Décision Zéro ». Quelles conséquences sur la vie quotidienne d’un individu ou d’un collectif ? C’est la problématique en filigrane analysée lors de cet atelier.

Publié le

Par La Redaction

Qui ?

Sandrine Cathelat, sociologue et directrice d’études à l’Observatoire Netexplo, et co-auteure de 2012-2017, Ce que veulent les Français, photographie de l’Hexagone réalisée avec ses confrères du Cercle Sésame.

Où ?

Au 574 Saint Denis, au cœur du pays de France.

Quand ?

Le 23 mars 2018, soit 35 ans jour pour jour après la présentation du président des États-Unis, Ronald Reagan, de sa nouvelle initiative de défense stratégique (IDS), la bien nommée « guerre des étoiles » : aux antipodes de la « décision zéro ».

Grandes idées

Première tendance : « INTERFACE ZÉRO »

Le terme peut s’expliquer de lui-même. Après la dématérialisation des logiciels amorcée il y a près de vingt ans, il y a celle du matériel. L’interface entre l’utilisateur, la machine et les services qu’elle procure, déjà simplifiée jusqu’à la forme tactile et mobile d’une tablette ou d’un smartphone, devrait encore se transformer, dans un environnement de plus en plus « digital-embedded », où la fusion du monde réel et du monde numérique devient plus simple et naturelle. À quoi vont ressembler ces nouvelles interfaces ? « À des implants et des appareils qui interagissent avec le corps humain et ses cinq sens », répond Sandrine Cathelat, « ou encore à des robots ». L’objectif : s’adresser à tout le monde, sans distinction d’âge ou de niveau technique. Par exemple :

L’e-skin, du laboratoire japonais Someya Group, qui transforme la peau humaine en affichage digital, Smell of Data, un diffuseur d’odeur qui réagit au niveau de cyber-dangerosité des pages que vous visitez sur internet, L’Ear Acoustic Authentication de Nec, une oreillette connectée qui vous parle suivant le contexte et remplace vos cartes, clés, codes, badges et mots de passe en utilisant l’empreinte unique de votre conduit auditif, Eva, un soutien-gorge pouvant dépister le cancer du sein, Electrick, une bombe aérosol qui peut rendre une surface interactive, Hayo, un appareil qui transforme votre intérieur tout entier en interfaces domotiques, Des robots et autres chatbots émotionnels à vocation de coach de vie, comme IoT Sleepbuddy, un robot baby-sitter à fabriquer soi-même, Primer, un robot polymorphe qui se plie façon origami, changeant de forme tel un Transformer, pour être le plus efficace possible, Stentrode, une endoprothèse cérébrale, développée par l’université de Melbourne en Australie, pour contrôler un exosquelette par la pensée dans le but de faire remarcher les personnes paralysées. Et 360ed, un casque de réalité virtuelle et augmentée qui pourrait sérieusement concurrencer le tableau à l’école. Ce sont les grands gagnants des Netexplo Awards 2018.

Seconde tendance : « DÉCISION ZÉRO »

Au cœur de ce concept qui appelle un peu plus les réflexions et les réactions, le débat sur l’intelligence artificielle (IA), naturellement. Décidera-t-elle un jour à notre place ? Le changement vers une décision zéro implique des droits et des devoirs émergents pour l’écosystème, par exemple lorsque ce dernier est incarné par un robot qui vous guide dans vos décisions. Une responsabilité s’engage alors pour ce conseiller, sur les conséquences potentielles de vos actions. La « décision zéro » peut aussi créer un monde parallèle dit « machine-to-machine » (MtoM) dans lequel les machines communiquent entre elles, de manière autonome. Aujourd’hui, les applications et nouvelles tendances s’en tiennent encore à une cession relative ou subjective de nos pouvoirs de décision, « à pas feutrés », indique Sandrine Cathelat. Que ce soient les goûts et les couleurs, comme avec Coded Couture, une IA styliste, ou notre photo de profil Facebook, avec « Bringing portraits to life », l’IA prend le pas sur nos décisions, de manière aussi anecdotique… que significative. Dans le domaine de la domotique, cette tendance s’applique plutôt aux seniors : leur maison veille sur eux, sur leur état de santé ou de sécurité. Ce dernier point soulève un nouveau business model qui est celui de la prédiction. Le système domotique peut évaluer l’espérance de vie ou la probabilité d’une chute de la personne, et lui proposer un parcours préventif (sport, soins, rendez-vous…). Si ce parcours n’est pas suivi, quelles conséquences pour le droit aux soins ou aux assurances ? Une question à laquelle il faudra répondre dans le futur. Dans le domaine prédictif, avec la technologie chinoise de reconnaissance faciale Cloudwalk, déjà disponible dans certains lieux publics ou privés dans le pays, il sera bientôt possible d’appréhender les criminels avant même qu’il ne passent à l’acte, comme dans un film d’anticipation bien connu et souvent cité dans ce cas de figure.

Concept émergent : « FULLY HOMO SAPIENS » (ou « HUMAIN ZERO »)

L’individu doit récupérer un peu de pouvoir, notamment sur ses données personnelles, et vis-à-vis des titans du numérique comme les GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon) ou les géants chinois tels que Baidu ou Tencent. Alors que les machines battent les humains au jeu de Go (Alphago) ou au poker (Libratus), certaines innovations notées par Netexplo ont pour vocation de redonner aux humains une longueur d’avance :

La solution Forest de Rigetti apprend à coder en ce que pourrait être le langage des futurs ordinateurs quantiques, Dot Learn promeut la diffusion de vidéos de formation pour tous, même dans les zones du globe à très faible connexion internet, grâce à une solution de vidéos « légères » en taille, SingularityNET, créateur du robot Sofia et autre lauréat 2018 de Netexplo, qui entend « démocratiser le pouvoir de l’IA ». Son fonctionnement : faire collaborer des IA entre elles via une plateforme de Blockchain, afin d’en créer de nouvelles à la demande, et d’éviter qu’elles ne soient attachées à une seule grande marque en particulier.

Face à cela, les humains peuvent légiférer, s’investir sur l’éthique, ou encore instaurer une compétition avec la machine (humain augmenté). Enfin, nous pouvons accepter cette collaboration avec les machines, donnant lieu à des solutions comme Neuralia Air Shepherd Drones, des drones autonomes qui agissent jour et nuit comme autant de complices numériques pour lutter contre le braconnage des animaux.

Punchlines

« Nous sommes des êtres complexes, qui dialoguons de manière extrêmement complexe. C’est ce que tentent d’imiter aujourd’hui les interfaces digitales.» « L’interface zéro, c’est une proposition d’UX (User Interface, ndlr) à faire à des citoyens, à des clients, à des collaborateurs. » « On a vécu 10, 15, 20 ans d’innovation digitale qui nous donnait plus de pouvoir. (…) Aujourd’hui, en confiant à un écosystème intelligent tout un tas de décisions à prendre, (…) on leur confère aussi une partie de notre pouvoir. » « L’imagination humaine n’est pas encore encodée dans des algorithmes. »

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