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#Atelier574 – « OVH, une licorne française », par Grégoire Kopp

Depuis l’invention du Cloud dans les années 2000, deux pays, la Chine et les États-Unis, se partagent le gâteau. Comment une entreprise française peut-elle challenger ces géants, tant au niveau européen que mondial ? Quels atouts doit-elle mettre en avant pour prendre de l’ampleur ? Dans cette conférence au « 574 », Grégoire Kopp répond à ces questions et explique comment fonctionne la licorne OVH.

Publié le

Par La Redaction

Qui ?

Grégoire Kopp, conseiller en communication d’Octave Klaba, fondateur et directeur général d’OVH, entreprise leader européenne du Cloud, créée en 1999. Grégoire Kopp a auparavant été conseiller du ministre des Transports, puis porte-parole d’Uber France.

Où ?

Au 574, le siège parisien de SNCF Digital situé à Saint-Denis (93), soit à environ 8 198 kilomètres de l’Université d’Austin, Texas, aux États-Unis, où l’expression « cloud computing » a été employée pour la première fois en 1997 par le professeur Ramnath Chellappa.

Quand ?

Vendredi 29 juin 2018, soit 11 ans jour pour jour après la sortie aux États-Unis du premier iPhone par la société californienne Apple.

Grandes idées

1/ Qu’est-ce qu’OVH ?

OVH est une entreprise basée à Roubaix. Elle a été créée en 1999 par le franco-polonais Octave Klaba, vrai « geek » arrivé en France à l’âge de 17 ans et ne connaissant pas un mot français. À l’âge de 10 ans, il conçoit un premier logiciel de code pour son père en Pologne. Né avec l’open-source, sa philosophie était de raconter et d’expliquer tout ce qu’il apprenait, en le partageant gratuitement avec les autres grâce à la création de petits logiciels. Il a rapidement fédéré autour de lui une communauté de personnes qui ont pu bénéficier de toutes ces connaissances. OVH s’est construit pendant pratiquement 20 ans grâce à des geeks qui codaient pour des geeks. Par la suite, l’entreprise a pris de l’ampleur et s’est totalement transformée en doublant sa taille, passant de 1350 à 2500 employés en un an. Elle est aujourd’hui une véritable usine du numérique, à la fois à travers du Cloud (l’activité qui prime), mais aussi de l’hébergement web, des télécoms, des logiciels etc. Elle s’adresse à des entreprises variées, qu’elles soient PME ougrands comptes, comme SNCF. Le principe d’Octave : « innovation is freedom » car, à titre personnel, il s’est lui-même libéré grâce à la technologie. Aujourd’hui, le chiffre d’affaires d’OVH est de 500 millions d’euros et devrait atteindre 1 milliard d’euros en 2020.

2/ Une licorne face à des titans

OVH est devenue une licorne quand, en 2016, deux fonds d’investissement américains ont pris une participation minoritaire dans l’entreprise pour 250 millions d’euros, ce qui a aidé au développement international. L’entreprise a donc aujourd’hui des data centers dans dix-neuf pays et des bureaux commerciaux dans une trentaine de pays. Elle a également un réseau de fibre Internet global qui lui appartient en propre, ce qui lui permet d’être indépendante par rapport aux opérateurs télécoms et aux GAFA. Dans la guerre du numérique, l’Europe est aujourd’hui coincée entre les États-Unis et la Chine, qui détiennent des titans tels que Alibaba Cloud, Amazon via AWS, Microsoft avec Azur, Google Cloud. Pour pouvoir se démarquer de cette concurrence, OVH se doit d’être irréprochable sur la technologie et toujours en avance sur l’innovation, comme par exemple, avec sa technique du « water cooling » pour refroidir les data centers. Mais, il faut aussi proposer une philosophie qui corresponde aux valeurs européennes. OVH fait face actuellement à deux internets qui sont en train de dominer le monde : l’américain, qui est monopolistique, capitalistique et qui ne dit pas toujours tout (en témoigne l’affaire Facebook qui commence à éveiller les consciences sur le sujet de l’utilisation commerciale des données personnelles), et l’Internet chinois,dirigé par l’État, extrêmement efficace, mais qui, à priori, ne correspond pas aux valeurs européennes.

3/ Quels challenges ?

Pour faire grossir l’entreprise, OVH doit répondre à plusieurs challenges :

Attirer les talents

Dans cette économie, un des points fondamentaux est d’avoir des talents humains. Chanceuse, la France possède des écoles d’informatique et d’ingénieurs renommées qui forment des personnes compétentes. Mais comment retenir ces mêmes professionnels quand les géants américains et chinois leur proposent des packages à 1 million d’actions ? C’est une véritable guerre des talents qui se joue actuellement.

Internationaliser l’entreprise

Si elle veut être un adversaire compétent face aux titans, l’entreprise ne peut pas se concentrer uniquement sur le marché français et européen : elle doit partir à la conquête du reste du monde. Pour cela, le premier challenge est l’anglais, ce qui n’est pas toujours évident pour une entreprise française basée à Roubaix. OVH va également ouvrir une tour aux Batignolles à Paris, pour y accueillir 500 employés, un emplacement central de choix pour permettre d’augmenter les relations avec le reste de l’Europe et du monde.

Repositionner l’entreprise

OVH a effectué une opération de « rebranding » pour définir au mieux ses différentes activités : OVH Spirit, qui correspond à la première approche de l’entreprise très geek, OVH Market pour la partie Télécoms, et enfin, OVH Cloud.

Créer des alliances

OVH souhaite créer des alliances grâce à une initiative qui s’appelle « open cloud foundation », qui va regrouper des acteurs du Cloud et de la Tech.

Punchlines

« C’est comme cela que s’est construit OVH pendant pratiquement 20 ans avec des geeks qui codaient pour des geeks. »

« Le principe d’Octave c’est « innovation is freedom » parce que lui-même, à titre personnel, s’est libéré grâce à la technologie.»

« OVH essaie de proposer un bon produit qui répond à nos valeurs européennes. »

« Mais comment retenir les gens quand les géants américains et chinois leur proposent des packages à 1 million d’actions ? C’est une véritable guerre des talents. »

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