#Atelier574 – « TechFugees, l’intégration des réfugiés dans la Tech ou comment favoriser l’intégration sociale et professionnelle » par Joséphine Goube.
Dans cette conférence au « 574 », Joséphine Goube revient sur la création de TechFugees. Comment les technologies peuvent-elles aider les personnes réfugiées ? Comment fonctionne TechFugees et quels sont les projets mis en place ? Autant de questions auxquelles Joséphine Goube répond avec détermination et bienveillance.
Publié le
Par La Redaction
Qui ?
Joséphine Goube est la CEO de TechFugees depuis novembre 2016. Elle est également membre de Founders of the Future. Elle a étudié à Sciences Po Paris (Master Stratégies territoriales et urbaines) et à la London School of Economics and Political Science.
Où ?
Au 574, le siège parisien de SNCF Digital situé à Saint-Denis (93), soit à environ 14 kilomètres du siège social de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL), créée en 1978.
Quand ?
Mardi 28 janvier 2020, soit 133 ans jour pour jour après le début de la construction de la Tour Eiffel.
La Tech, un moyen d’aider les personnes réfugiées
« Aujourd’hui, on a 71 millions de personnes réfugiées dans le monde, et une sur deux a moins de 18 ans. De plus, 93% des réfugiés qui arrivent en Europe ont des smartphones » explique Joséphine Goube.
Selon Alan, travailleur dans les Balkans auprès des réfugiés : “ Without the use of smartphones & the internet, this humanitarian crisis would have been a bigger catastrophe ” (« Sans l’utilisation des téléphones et d’internet, cette crise humanitaire aurait été une catastrophe de plus grande ampleur »). « En effet, le téléphone mobile a sauvé des vies, pour retrouver des enfants qui s’étaient perdus dans la forêt, ou localiser des gens dans l’eau qui grâce à WhatsApp, ont pu donner leur position » ajoute Joséphine Goube. Les équipes ont donc planché majoritairement sur des solutions accessibles via un smartphone.
La naissance d’un mouvement international
L’idée de créer TechFugees nait en 2015, au moment où la photo d’un enfant mort sur une plage turque a fait le tour du monde. « Nous avons commencé par publier des posts sur Facebook pour essayer de réunir des gens et trouver des solutions pour ces personnes réfugiées. 300 personnes se sont manifestées – des réfugiés, des ONG, des entrepreneurs sociaux – pour trouver des solutions Tech à ce problème. C’est devenu un mouvement, à Oslo, à Helsinki, ou encore à New York » explique-t-elle.
Très rapidement, de nombreux projets voient le jour. En Croatie, MeshPoint a développé un sac à dos qui permet de se connecter au wifi. Ensuite, en France, s’est créé sur la Blockchain un système pour distribuer de l’argent sous forme de vouchers dans des camps et permettre aux personnes réfugiées d’utiliser cet argent. Des cours de code ont ensuite vu le jour un peu partout dans le monde. Avec Médecins Sans Frontière et la Croix-Rouge, des personnes ont également créé des applications pour pouvoir partager des diagnostics. Enfin, des chatbots ont été conçus pour aider des personnes réfugiées à trouver des informations pratiques.
Aujourd’hui, on a 71 millions de personnes réfugiées dans le monde, et une sur deux a moins de 18 ans. 93% des réfugiés qui arrivent en Europe ont des smartphones.
Travailler avec des facteurs communs
Au fur et à mesure de ces premières créations, TechFugees a rencontré plusieurs problèmes, tels que celui de comprendre les besoins réels des personnes réfugiées, ou d’avoir plusieurs équipes qui travaillent sur des projets similaires sans concertation. L’idée a donc été de partir à la rencontre des personnes réfugiées, mais aussi des ONG, pour identifier les problèmes, mais aussi pour embarquer ces personnes sur les projets.
Huit facteurs directeurs ont été créés pour orienter le projet TechFugees. « Par exemple, faire avec et pour les réfugiés, rendre leur dignité à ces personnes afin qu’elles ne soient pas traitées comme des victimes, ne pas collecter des données sans raison car des données précises peuvent mettre en danger des personnes réfugiées, favoriser l’open-source et enfin, ne pas oublier que la Tech ne remplace pas l’humain » précise-t-elle.
Comment fonctionne TechFugees ?
Aujourd’hui, TechFugees a plus de dix chapitres en Europe, au Moyen-Orient, en Afrique, en Asie, une trentaine d’ambassadeurs locaux et une communauté en ligne de plus de 49 000 personnes.
« TechFugees existe aujourd’hui pour deux choses, la première est de construire un écosystème durable de ces technologies et la seconde est le soutien de l’inclusion des réfugiés dans la Tech » explique Joséphine Goube.
Les cinq domaines sur lesquels TechFugees se concentre sont l’accès à l’information, à la santé, à l’éducation, à l’emploi et à l’inclusion sociale. Pour tous ces domaines, TechFugees utilise plusieurs technologies : ChatBot, IA, Blockchain… « Notre méthode, ce sont d’abord des hackathons pour identifier le problème et créer des prototypes, ensuite les TechFugees Global Challenges pour sélectionner les meilleurs projets et enfin, un déploiement et une mise à l’échelle de ces projets » ajoute-t-elle.
TechFugees est aujourd’hui financé uniquement par le secteur privé (Cisco, Faber Novel, Le Bon Coin, Google…) et ne dispose d’aucune subvention. « Cela a été un choix de ne pas faire de demandes de subventions, car on est un mouvement international donc il n’y a pas de limite de frontières, mais aussi pour se rapprocher des entreprises technologiques car ce sont elles qui produisent ces technologies, mais aussi qui peuvent embaucher des personnes réfugiées » explique-t-elle.
TechFugees existe aujourd’hui pour deux choses, la première est de construire un écosystème durable de ces technologies et la seconde est le soutien de l’inclusion des réfugiés dans la Tech.
Quelques exemples d’applications développées :
Le jeu Antura a été développé par des professionnels du gaming pour apprendre la langue arabe. Plus de 250 000 personnes au Moyen-Orient l’utilisent actuellement sur leur téléphone mobile.
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Une application, Shifra, a été créée pour permettre aux jeunes femmes dans des camps au Kenya et en Australie d’avoir accès à du psycho-social et à des informations sur la santé sexuelle et reproductive.
- Une application en Allemagne nommée Integreat a été conçue pour permettre aux réfugiés de savoir ce qui est à disposition dans leur ville et dans leur langue. C’est une application en plusieurs langues, pas lourde à télécharger sur un téléphone, très accessible, peu énergivore. Aujourd’hui, elle est disponible dans plus de 50 villes allemandes.