Big Data, IoT, quelles pistes pour favoriser le numérique durable ?
Data centers, big data, IA…la transformation numérique est aujourd’hui un levier incontournable de la performance. En parallèle, la prise en compte du bilan carbone des nouvelles technologies devient un véritable enjeu de développement durable. SNCF s’y attèle sur plusieurs fronts, via l’Institut du Numérique Responsable et des projets menés en interne.
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Par La Redaction
Les préoccupations concernant les impacts environnementaux liés au numérique montent en puissance. Après la consommation énergétique des data centers, la dernière alerte concerne l’Intelligence Artificielle. Selon des chercheurs de l’Université du Massachusetts Arhmes, entraîner l’intelligence artificielle via le deep learning peut consommer autant d’énergie que 5 voitures, de leur production à leur fin de vie. Parue fin octobre, une étude du cabinet Green IT, collectif d’experts, indique, elle, que l’empreinte environnementale du numérique équivaut à celui d’un pays de 2 à 3 fois la taille de la France.
Dans ce contexte, les entreprises s’attachent aujourd’hui à allier digital et développement durable. De son côté, cela fait déjà près de cinq ans que SNCF se mobilise sur ce sujet et a d’ailleurs intégré la dimension environnementale dans sa raison d’être : « Apporter à chacun la liberté de se déplacer facilement tout en préservant la planète.»
Accompagner les entreprises
Dès 2015, SNCF s’empare de la question du numérique durable en fondant le Club Green IT, un rassemblement de grandes Entreprises autour d’experts, devenu aujourd’hui l’Institut du Numérique Responsable. “Une nouvelle forme qui permet à présent de s’allier à des collectivités et associations”, précise Vincent Courboulay, chercheur à La Rochelle Université et Directeur Scientifique de l’Institut. Le défi pour les entreprises est l’appropriation du sujet “On était dans les « 30 glorieuses » du numérique, une époque où il n’y avait pas de limites, peu de recul, et on commence à en sortir, avec un impact environnemental et social qui commence à émerger ; on vit une mutation”, indique le chercheur.
L’objectif de l’Institut est d’accompagner les structures dans leur migration vers un numérique plus responsable. Comment ? “Nous proposons des outils pragmatiques et concrets : une charte numérique responsable, des formations, certifications et un label Organisation numérique responsable. Nous avons aussi des Guides d’achats IT green.” L’Institut s’oriente également de plus en plus vers de la recherche sur des sujets non couverts -pour l’instant-, comme l’impact du Cloud, les incidences sociales et environnementales de l’IA, ou encore l’intérêt des low tech.
Acculturer les collaborateurs
Pour accompagner la prise de conscience concernant les enjeux environnementaux, Thierry Vonck, en charge du numérique responsable au sein de e.SNCF, a mis en place un IT Sustainable Tour. Il s’agit d’une série de conférences visant à “donner à tous les agents les bonnes informations concernant le numérique responsable, et de permettre les réflexions sur l’impact environnemental du numérique”, précise-t-il. Cela permet de mettre en lumière les impacts du numérique en termes de ressources de matériaux par exemple (dont des métaux rares que l’on ne sait pas toujours recycler) et de consommation d’énergie liée aux usages quotidiens. Le stockage multiple de vidéos et de photos, l’envoi de fichiers lourds par mail,… ce sont des milliers de serveurs et de disques durs mobilisés, et donc, autant d’énergie consommée. L’objectif est, via un rappel des bons gestes, d’inciter les collaborateurs à aller vers une approche de sobriété et de frugalité numérique.
“La transformation numérique est pertinente et indispensable pour SNCF, et je pense que cela doit s’accompagner de réflexions pour réduire les aspects à impact négatif sur l’environnement”, concède Thierry Vonck. Des réflexions à mener notamment autour du Big Data, qui induit une récupération et un stockage de données massifs.
Innover pour limiter l’impact du Big Data
Les data centers sont fortement consommateurs d’énergie, notamment pour le refroidissement des serveurs. Pour réduire ces effets, SNCF a misé sur l’innovation avec la société Immersion4, qui a mis au point une technologie ingénieuse pour limiter l’impact environnemental des datas centers : des bacs remplis d’une huile spéciale dans lesquels trempent les serveurs permettent de les refroidir. Cette solution élimine la quasi-totalité de la consommation en électricité utilisée en temps normal pour le refroidissement des serveurs, et n’utilise aucune eau.
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— SNCF_Digital (@SNCF_Digital) 17 mai 2019
• Battle #2 : @camillejourdain?♂️VS. @PierreTran ?♂️•@camillejourdain teste le bain de serveur dans d’huile avec @i4ecosystem??
La démo de Camille vous a convaincu(e) ?
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Rationaliser le recours à l’IoT
Si le stockage des données incombe aux data centers, les appareils de collecte – objets connectés ou IoT (Internet of Things)- ont également un impact. Ils constituent d’importants leviers de création de valeur et leur essor pose la question de leur empreinte carbone. Chez SNCF, le projet GreenLab4_IoT a pour objectif d’évaluer, en amont du déploiement d’objets connectés, l’impact écologique et économique des logiciels embarqués, et leur consommation en termes de ressources énergétiques. L’idée est d’obtenir un retour d’expérience sur des capteurs déjà mis en place. Mesurer l’impact des objets connectés, c’est également s’interroger sur la périodicité d’émission et de collecte des datas au regard des besoins auxquels ils doivent répondre. “Connaître et comprendre la consommation logicielle doit nous permettre de maîtriser les impacts sur toute la chaîne, de la conception jusqu’au recyclage”, confirme Julie-Anne Ravily, cheffe de projet de la Fab IoT au 574 Nantes. Les résultats de ces mesures, attendus pour début 2020, permettront d’initier des actions correctives si besoin, pour rationaliser les dépenses énergétiques.
La sensibilisation des collaborateurs -en interne comme en externe- comme l’étude chiffrée des impacts visent à encourager une certaine frugalité digitale. Pour Vincent Courboulay, il ne faut pas pour autant opposer progrès et frugalité : “la solution viendra du développement de l’esprit critique général. Quant aux entreprises, elles ont un rôle de locomotive pour mener cette transformation.”
Couverture : Photo par Rob Coates – Unsplash