Aller au contenu

Chroniques de San Francisco – Des tunnels pour repenser la ville

Tous les mois, #DigitalSNCF explore un projet qui pave la voie aux transports de demain : applications, startups, programmes… Découvrez les sujets qui font battre le pouls de l’innovation mondiale.

Publié le

Par La Redaction

sf_une5

Confronté aux célèbres bouchons californiens, Elon Musk imagine la création d’un réseau de tunnels qui décongestionneraient la ville. Science-fiction ? Pas pour le fondateur de Tesla et de SpaceX : convaincu que l’idée mérite d’être creusée, il réunit une petite équipe d’ingénieurs et s’attelle au projet. Nom de code : The Boring Company.

Aux grands maux les grands remèdes ? La genèse du dernier projet d’Elon Musk dans le domaine des transports remonte au 17 décembre 2016. L’entrepreneur est à Los Angeles, il y affronte les embouteillages homériques qui paralysent la ville deux fois par jour. « Ce trafic me rend dingue. Je vais construire une foreuse et commencer à creuser », commente-t-il par l’intermédiaire de son compte Twitter.

elon_musk_twitter

Penser la ville en trois dimensions

Posté par n’importe quel autre internaute, le message aurait sonné comme une plaisanterie désabusée ; venant d’Elon Musk, la prise au sérieux est de mise. Fin janvier, le magazine _Wired_ interroge l’entrepreneur afin de mieux comprendre les contours du projet. En réponse, il justifie sa vision d’une ville où le réseau de transport ne serait plus conçu selon deux dimensions, mais en relief, avec l’ajout d’un axe vertical au plan traditionnel.

« Nous avons des immeubles élevés qui sont tous en 3D, et tout le monde veut y entrer ou en sortir au même moment. Sur un réseau routier en 2D, il est évident que cela ne fonctionne pas », explique Elon Musk à Wired. Empiler des routes les unes sur les autres – passage en 3D – résorberait les embouteillages, les voyageurs étant en mesure d’emprunter plusieurs circuits parallèles. Puisque les immeubles occupent déjà l’espace en surface, il suggère de partir vers le bas et imagine un réseau sous-terrain composé de dizaines de strates superposées.

« Les tunnels sont fantastiques, ce ne sont que des trous dans le sol ! », plaisante-t-il le 31 janvier 2017 face aux étudiants de l’université A&M du Texas. Elon Musk sait cependant que l’exercice n’a rien de trivial. D’un côté, il faut créer de nouvelles méthodes de forages pour accélérer les chantiers et réduire la facture. De l’autre, il faut composer avec le sous-sol des villes – largement maillé par toutes les infrastructures vitales, de l’énergie à l’eau en passant par les égouts – et avec la puissance publique… A sa façon, le nom retenu pour ce nouveau projet souligne d’ailleurs le caractère prosaïque de la mission : _boring_ signifie « percer » et également « ennuyeux ».

Un premier tunnel à Los Angeles

Alors que l’extension du métro de Los Angeles est considérée comme un chantier pharaonique, chiffré à plus de 120 milliards de dollars, doit-on accorder du crédit à l’idée d’Elon Musk ? L’intéressé rappelle que Larry Page (fondateur de Google) investit aujourd’hui dans des startups qui planchent sur le concept de la voiture volante, façon de souligner que sa vision d’un réseau de tunnels n’est finalement pas si farfelue.

Fidèle à la logique des Fabs et à cette idée selon laquelle on apprend mieux en essayant, Musk a entamé début février un premier test grandeur réelle. Dans les locaux de SpaceX à Los Angeles, il a fait venir une excavatrice telle qu’utilisée sur tous les grands chantiers souterrains, une machine qui représente l’état de l’art en matière de forage. But de la manœuvre ? Etudier l’engin pour en concevoir un nouveau, plus économique et efficace.

« La rendre dix fois meilleure sera difficile, mais on n’a pas besoin de viser un prix Nobel. Nous n’avons pas à changer les modèles standards de la physique », plaisante Musk auprès de Bloomberg.

Pour y parvenir, il imagine une excavatrice capable à la fois de forer, d’avancer et de consolider le tunnel qu’elle creuse. Autrement dit, la machine saurait exploiter le matériau issu du forage (les gravats), le compacter et s’en servir pour construire le soutènement du tunnel, la structure qui lui permet de ne pas s’écrouler.

Les aventures SpaceX et Tesla offrent un aperçu de la façon dont Musk avance sur ses nouveaux projets : dans les deux cas, il a su élaborer une réponse technologique de haut vol à un problème historiquement laissé de côté par ses compétiteurs (lanceur spatial réutilisable d’un côté, voiture électrique de l’autre), et identifier les conditions nécessaires pour que l’équilibre économique du projet soit garanti. En sera-t-il de même pour The Boring Company ? A l’heure où Hyperloop s’apprête à tester son train supersonique, les premiers débouchés commerciaux paraissent tout trouvés.

Recommandé pour vous