Comment le groupe SNCF s’organise pour lutter contre les drones malveillants
Au sein de la direction de la Sureté Ferroviaire, le groupe SNCF a développé une expertise pour mieux lutter contre les intrusions de drones malveillants.
Publié le
Par La Redaction

Avec 10 000 intrusions observées chaque année sur les voies ferrées et 147 accidents significatifs comptabilisés en 2024, la Sûreté Ferroviaire joue un rôle essentiel dans la sécurisation du réseau SNCF et de ses voyageurs.
Des drones pour surveiller le réseau

Drones DJI Mavic
En complément de ses 3500 agents sur le terrain, la Sûreté Ferroviaire du groupe SNCF dispose depuis 2015 d’une flotte d’une trentaine de drones DJI Mavic, permettant à ses agents de gagner en réactivité et en efficacité.

Drones DJI Mavic
Les drones nous permettent de surveiller en temps réel l'état des infrastructures, de détecter rapidement des anomalies ou des intrusions, et d'intervenir efficacement en cas de besoin. Ils sont particulièrement utiles pour accéder à des zones difficiles d'accès sans interrompre le trafic ferroviaire. Grâce à ces drones, le temps d’inspection de certaines infrastructures a été réduit de 30 %, permettant aux équipes de se concentrer sur des interventions plus complexes et stratégiques.
Une équipe de 45 télépilotes
Pour opérer ces drones, la Sûreté Ferroviaire a fait le choix ces dernières années de former une équipe d’une trentaine de ses propres agents de la sureté ferroviaire.
Cette formation permet de sensibiliser les agents au pilotage de drone mais également aux exigences administratives de la DGAC, la direction générale de l’aviation civile, qui garantit la sécurité du trafic aérien en France.
Une multiplication des drones
Si les drones se démocratisent au sein du groupe SNCF, ils sont également de plus en plus utilisés par des amateurs à proximité de trains en circulation, de touristes autour des gares, voire par des réseaux criminels à la recherche d’objets isolés pouvant être volés à proximité de technicentres.
Selon le ministère des Armées, le nombre de drones civils en France serait ainsi passé de 400 000 en 2017, à plus de 2,5 millions en 2021, avec plus déjà près de 120 000 exploitants UAS (Unmanned Aircraft Systems) enregistrés.
Un dispositif de détection

Agent de la Sûreté Ferroviaire du groupe SNCF en test du drone DJI Mavic
Pour faire face à cette problématique, la Sûreté Ferroviaire a ainsi développé dès 2021 une nouvelle compétence en matière de détection de drones. En cas de survol d’une emprise SNCF, les collaborateurs du groupe sont invités à contacter le Poste de Commandement National Sûreté (PCNS). Les voyageurs témoins peuvent également contacter le numéro d’alerte (3117) ou à envoyer au SMS au 31777. Ainsi, les équipes de la Sureté Ferroviaire sont averties et évaluent immédiatement le risque pour le matériel ou les personnes.

Agent de la Sûreté Ferroviaire du groupe SNCF en test du drone DJI Mavic
Avec l'augmentation du nombre de drones, on doit être particulièrement vigilants pour détecter les appareils non autorisés. Lorsqu'un drone suspect est repéré, on évalue immédiatement la menace, on alerte les équipes sur le terrain et, si nécessaire, on se met en lien avec les autorités compétentes pour neutraliser le risque.
Une carte interactive
En partenariat avec la startup Drone Keeper, la Sûreté Ferroviaire a d’ailleurs conçu une carte interactive, recensant les missions autorisées de drones, issues d’Unmanned Aircraft Systems (UAS) tels que SNCF Réseau ou d’Altametris, et permettant au Poste National de Commandement Sûreté (PCNS) de distinguer clairement les drones « amis ou ennemis » (« Identification Friend or Foe (IFF) » en anglais).
En cas de vol non autorisé et potentiellement menaçant, les équipes de la Sûreté Ferroviaire doivent alors se rendre sur place ou contacter des agents de terrain, pour constater le délit, neutraliser la menace voire faire appel à la police ou à la gendarmerie, en cas de besoin.
Pour nos agents, les drones sont comme un 3e œil et nous pouvons utiliser cet outil pour repérer le pilote d’un drone malveillant, et le forcer à atterrir. Mais seules les forces de l’ordre sont autorisées à capturer en vol un drone, au moyen d’un fusil électromagnétique, ou d’un filet.

De nouvelles menaces
Dans un contexte de multiplication des conflits et de militarisation des drones, la Sûreté Ferroviaire devrait poursuivre ses investissements dans les prochaines années, avec de nouveaux outils de détection, comme des radars, mais également par un renforcement de ses efforts de formation et d’information.
La réussite de notre mission repose sur une combinaison de technologies de pointe et d’expertise humaine, avec des équipes formées spécifiquement à la détection et à l’analyse des vols de drones. L’essor de ces technologies nous a également permis de développer de nouvelles compétences et d’enrichir nos métiers, renforçant ainsi la capacité d’anticipation et d’intervention de la SNCF.
Une expertise qui a notamment permis la réussite des derniers Jeux Olympiques d’été de Paris, au cours desquels les équipes de la Sûreté Ferroviaire étaient pleinement mobilisées.