Conf’574 – « Tour d’horizon de la Deeptech » par Samuel Bachelot.
Dans cette conférence au « 574 », Samuel Bachelot explique ce que sont les deeptech, leurs enjeux et comment elles évoluent en France, offrant par ailleurs un panorama par secteur d’activité.
Publié le
Par La Redaction
Qui ?
Samuel Bachelot est directeur du Business & Innovation Centre (BIC) et Programme Manager du parcours Deeptech à Atlanpole, le hub territorial d’innovation de la métropole de Nantes, de la région et du Grand Ouest.
Où ?
Au 574, le siège parisien de SNCF Digital situé à Saint-Denis (93), soit à environ 1863 kilomètres de Stockholm, en Suède, où sont remis le 10 décembre de chaque année les Prix Nobel.
Quand ?
Mardi 8 juin 2021, soit 383 ans jour pour jour après la publication à La Haye du Discours de la méthode de René Descartes.
On constate que la DeepTech est plus l’affaire de start-up que de grandes entreprises. Pourquoi ? Parce que c’est elles qui pourront, de par leur agilité, leur rapidité et leur dynamisme, apporter des choses radicalement différentes du mainstream.
Une entreprise deeptech, c'est quoi ?
La deeptech désigne les entreprises qui proposent des produits ou services sur la base d’innovations de rupture. Ces entreprises s’attaquent à résoudre les grands défis du 21e siècle. Tous les secteurs d’activité sont concernés : environnement, numérique, aéronautique, santé, mobilité, industrie, agriculture, finance, transports… BPI a commencé un plan spécifique sur les deeptech en 2019. Depuis cinq ans, un effet d’engouement a vu le jour pour ces entreprises à la frontière entre la recherche et le marché, entraînant une accélération conséquente des investissements dans cet écosystème. « On constate que la DeepTech est plus l’affaire de start-up que de grandes entreprises. Pourquoi ? Parce que c’est elles qui pourront, grâce à leur agilité, leur rapidité et leur dynamisme, apporter des choses radicalement différentes du mainstream. Elles arrivent également à bien communiquer avec les acteurs de la recherche fondamentale et à faire le lien avec le marché. » introduit Samuel Bachelot.
La BPI a institué plusieurs critères importants pour qualifier une technologie de « deeptech ». D’abord, elle doit avoir un lien avec le monde de la recherche (technologie issue d’un laboratoire de recherche et/ou s’appuyant sur une équipe en lien fort avec le monde scientifique). Ensuite, elle a des verrous technologiques à lever (barrières à l’entrée). Elle a également un avantage fortement différenciateur par rapport à la concurrence. Enfin, elle a un accès au marché long et complexe (développement, industrialisation, commercialisation).
« Par conséquent, ces start-up deeptech ont des défis spécifiques : une complexité et un risque technologique, un temps long de R&D, des investissements lourds et un Go-to-market assez compliqué pour réussir à faire la transformation d’un push technologique vers une offre attendue par le marché. » ajoute-t-il.
Les deeptech sont sur le devant de la scène en France, et ce, grâce à la conjonction de plusieurs facteurs favorables. D’abord, il y a beaucoup d’innovation et de progrès dans le Big Data, l’IA… Et la France est un des pays phare dans le monde de par la qualité de sa recherche scientifique et notamment fondamentale. Il y a également un attrait des investisseurs pour ces entreprises et une volonté publique de la France de pousser ces entreprises deeptech.
La deeptech en France
« Les deeptech sont sur le devant de la scène en France, et ce, grâce à la conjonction de plusieurs facteurs favorables. D’abord, il y a beaucoup d’innovation et de progrès dans le Big Data, l’IA… Et la France est un des pays phare dans le monde, par la qualité de sa recherche scientifique, notamment fondamentale. Il y a également un attrait des investisseurs pour ces entreprises et une volonté publique de la France de pousser ces entreprises deeptech. » explique Samuel Bachelot. Ainsi, la France est le premier pays européen en nombre de levée de capital risque et capital croissance, et le deuxième en termes d’investissements dans le monde. 61% des investisseurs étrangers classent la France parmi le top 5 des investissements deeptech, passés entre 2016 et 2020 de 15 à 60 milliards de dollars dans le monde (rapport BCG et Hello Tomorrow). Enfin, les États-Unis représentent 50% des investissements mondiaux, soit 2,9 milliards de dollars en 2013 et 16 milliards de dollars en 2017.
En France, la deeptech est une ambition nationale, avec pour objectif de faire du pays une « deeptech-nation ». Chaque année, cinq fois plus d’entreprises deeptech sont recensées. En 2021 on n’en compte pas moins de 1700 au sein de l’hexagone, soit 10% du vivier de start-up, qui génèrent 15 000 emplois directs. « La France bénéficie d’une recherche de pointe, d’un écosystème très bien structuré, par exemple avec la SATT qui a été créée pour favoriser le transfert et le licensing entre les brevets, les universités et les entreprises, les IRT qui sont de gros centres de recherche, et le soutien des investisseurs. » continue l’expert. « Les enjeux sont aussi essentiels, car on voit bien que ces innovations de rupture vont bouleverser les chaines économiques. » Autant de leviers qui permettront à certaines puissances mondiales ayant pris le virage deeptech d’assoir leur position sur la scène internationale, mais aussi à de nouveaux acteurs d’émerger.
Exemples de start-up deeptech françaises
La BPI a un observatoire des deeptech et publie plus ou moins régulièrement une liste de start-up par secteur d’activité :
L’agriculture
Même si l’agriculture est plutôt un domaine traditionnel, elle recèle de start-up deeptech, que ce soit sur des procédés de production liés à l’agronomie ou des équipements (capteurs, data…).
XSun est une start-up qui a conçu un drone solaire longue portée, en combinant six domaines technologiques : énergétique, conception de la structure, aérodynamique, intelligence artificielle, contrôle & commande et communication par satellite. Il est utilisé dans plusieurs secteurs d’activités : agriculture, domaine maritime, industrie, environnement et sécurité civile.
Green Impulse développe et commercialise des bio-entrants pour toute la production végétale, une alternative aux engrais traditionnels. Cette start-up s’appuie sur des nouvelles technologies de plusieurs domaines : génétique, biocontrôle, numérique et robotique. Ses bio-entrants sont utilisés dans différents secteurs de l’agriculture, viticulture, maraîchage, arboriculture, grandes cultures, cultures tropicales, horticulture et pépinières.
L’industrie
Elwave utilise le biomimétisme et la capacité qu’ont certains poissons à naviguer dans des eaux troubles en créant des champs magnétiques. Elwave a ainsi réussi à reproduire ce phénomène de manière artificielle grâce à un capteur, permettant ainsi une détection à 360° de tout type d’objet ou matériau, une cartographie locale de l’environnement, une navigation réactive autonome sans connaissance préalable de l’environnement… Elle est utilisée dans les secteurs d’activités de l’énergie et des infrastructures offshores, de la défense et de la sécurité et enfin, de la robotique industrielle.
La santé
Hera-mi met l’intelligence artificielle au service du diagnostic radiologique du cancer du sein. L’intelligence artificielle va détecter les anomalies parfois difficiles à déceler et assister les radiologues dans leur diagnostic.
BHealthCare a créé un premier dispositif médical permettant d’automatiser les prises de sang et poses de cathéters. Il réalise ainsi l’ensemble de la procédure : maintien du bras, stérilisation, ponction, pansage et étiquetage des tubes. Une application sur tablette permet le contrôle du dispositif et la traçabilité des opérations.