Covid-19 : Les tendances de la « démobilité » reviennent en force
La Fab Open Innovation de SNCF met son expertise au service du Groupe et met en lumière le concept de la « démobilité ». Restrictions de déplacement, télétravail, nouvelles mesures de transport urbain mises en place par le gouvernement en faveur des mobilités douces… L’impact de l’épidémie du Covid-19 sur les mobilités en France s’inscrit dans la durée.
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Par La Redaction
Moins de déplacements, place au télétravail
Depuis le 12 mars pour la population française, beaucoup d’habitudes ont changé, notamment celles liées au déplacement. Selon une analyse basée sur les données de l’Assistant SNCF, lors de la 3ème allocution présidentielle le 31 mars, le nombre de trajets de la mobilité du quotidien a chuté de 91%, en comparaison avec la moyenne des semaines précédant le 9 mars. Les trajets interrégionaux, eux, ont également diminué de 90% par rapport à la moyenne. En revanche, il y a eu au début du confinement une forte augmentation des distances parcourues par trajet. Par exemple, celles-ci ont augmenté de 150% le 15 mars et de 120% le 17 mars. Ensuite, elles enregistrent une baisse pour revenir un peu plus bas que la moyenne.
Retrouvez plus de détails sur l’infographie « COVID-19 : Evolution de la mobilité des Français » réalisée par e.Voyageur SNCF.
L’interdiction de déplacement a aussi eu des conséquences importantes sur les manières de travailler. Si 35% des personnes en activité en France ont continué à se rendre sur leur lieu de travail, 34 % ont télétravaillé (Ifop). Selon l’INSEE, la bascule massive en télétravail est notamment significative chez les cadres (53 %), à savoir qu’en 2019, la part des actifs exerçant dans un bureau qui pratiquaient le télétravail était de seulement 29% (Le Monde).
La diminution des déplacements a certes créé des contraintes pour la vie quotidienne, mais les outils digitaux et le cloud ont permis de remédier en partie à la situation, notamment grâce à la collaboration en ligne et à des nouvelles organisations du travail. À titre d’exemple, le télétravail s’est généralisé pour pas moins de 100 000 collaborateurs de SNCF. Grâce à la réactivité de e.SNCF, le nombre de personnes disposant du VPN est passé de 40 000 à 60 000. Le système VPN a permis d’assurer l’accès sécurisé aux applications métiers, comme celle utilisée par les horairistes qui planifient la circulation ferroviaire, y compris celle des trains médicalisés pour les patients de la Covid-19. Finalement, 81% des salariés en France jugent le télétravail assez ou très satisfaisant, et 73% d’entre eux souhaitent prolonger l’expérience.
La période actuelle, inédite, est aussi l’occasion de prouver que d’autres usages et activités, comme les événements culturels ou la consultation médicale, s’accommodent également du « à distance ». Ceci étant, les déplacements sont également amenés à évoluer en conséquence à l’avenir.
Démobilité, convergence des enjeux
Le souhait des citoyens de préserver leur santé converge avec une prise de conscience écologique collective. Le gouvernement français a ainsi mis en place une série d’actions afin d’encourager les modes de transport bas carbone – vélo, trottinettes et autres engins de déplacement personnel motorisés – comme le plan « coup de pouce vélo », le développement des pistes cyclables et des stationnements des vélos, ou encore les formations à l’entretien de son deux-roues.
Toutes ces initiatives favorisent le développement de la « démobilité ». La Fab Open Innovation de SNCF a pour sa part mené une réflexion sur le sujet grâce à un webinar dédié. Selon Narjès Mhiri, project analyst qui a animé ce webinar, la démobilité « ne signifie pas l’absence de mobilité, mais bel et bien un ensemble de stratégies autour de la mobilité, qui vise à réduire les mobilités contraintes en faveur des mobilités alternatives, voire créatives ». En effet, la démobilité consiste à retrouver une mobilité choisie, pondérée et frugale. Cela signifie être maître de ses déplacements, sans dépendre des injonctions imposées par le travail.
Le concept est connu en France dès les années 2000, notamment grâce au livre du sociologue Bruno Marzloff « Sans bureau fixe : transitions du travail, transitions des mobilités », où il constate, déjà, que la localisation unique du travail au siège de l’entreprise est fortement réinterrogée avec la mobilité numérique. Avec cet ouvrage, il souligne qu’accompagner la transformation du travail, c’est faire des choix politiques vis-à-vis de l’évolution de la ville et des territoires ; et propose de combiner la transition des mobilités avec celle du travail. S’appuyant sur les recherches du sociologue, Narjès Mhiri a évoqué plusieurs facteurs qui favorisent le changement des habitudes liées au déplacement.
Tout d’abord, il existe une volonté du public à diminuer les déplacements contraints. D’après elle, 39% de la population active qui continuait de se déplacer pour le travail durant le confinement estimait ces trajets non nécessaires. Ensuite, la prise de conscience écologique fait que beaucoup ont adopté d’autres moyens de transport que le véhicule individuel. Cela converge avec les objectifs de SNCF, qui œuvre pour une mobilité décarbonnée depuis longtemps.
De plus, les transporteurs publics ont incité les passagers à se déplacer en dehors des heures de pointe, à l’instar de l’appel lors de la fin du confinement de Jean-Pierre Farandou, PDG du Groupe SNCF : « pour réussir ce défi collectif inédit, nous lançons un appel solennel à tous les employeurs qui le peuvent, à continuer le télétravail et à aménager les heures d’embauche et de sortie les matins et soirs ».
Enfin, le secteur du tourisme et du marketing commence à repenser le concept du « bonheur » lié au voyage : les nouveaux discours tendent à faire comprendre que partir loin n’est plus forcément synonyme du bonheur. Des actions concrètes ont par exemple déjà été lancées du côté de SNCF, comme les offres de mobilité combinées proposées par TER Occitanie en 2019. Celles-ci consistent à associer un billet de train TER et une activité se déroulant dans la région, comme le « ski-rail », qui permet d’aller au ski en train, et de profiter de -50% pour les billets de train et de -30% pour le séjour au ski. « Dans les cinq ans qui viennent, notre cheval de bataille est donc de changer les habitudes de mobilité – amener les gens à utiliser train – au moins une fois par an », a souligné Daniel Aubaret, directeur marketing et relations clients chez SNCF Lio Occitanie.
Le concept de démobilité entraîne des débats sur l’avenir du travail, et fait sans doute encore débat en France. Cependant, une nouvelle histoire de mobilité est en train de s’inventer. Le Groupe SNCF, pour sa part, tente à participer à cette aventure à travers de nombreuses initiatives, comme l’assistant personnel de mobilité, ou encore les trains hybrides voire autonomes.