Dans les coulisses des 574 : AuRA – Retour sur les 5 questions posées à Dominique Damide
574,8km/h, c’est le record mondial de vitesses sur rails, réalisé en 2007 par SNCF. Ce qui a inspiré le nom des 574, les « maisons digitales » du Groupe SNCF implantées à Saint-Denis, Toulouse, Nantes, Lyon, Lille et Marseille. Leur création s’inscrit dans la volonté de disposer de lieux au plus près du terrain pour accompagner la transformation digitale des collaborateurs et clients de SNCF et ainsi, permettre à l’entreprise ferroviaire de développer des projets digitaux, pilotés par des équipes projet alliant métiers et experts technologiques. Découvrez les coulisses de la transformation du Groupe grâce à notre série d’interviews des responsables 574.
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Par La Redaction
Le 574 AuRA, en quelques mots ?
Dominique Damide : « Lancé il y a trois ans, le 574 Aura, c’est environ quarante personnes colocalisées sur un lieu unique à Lyon qui œuvrent à la transformation numérique de SNCF. Notre spécificité, c’est d’être à la fois ‘multi-tech’, ‘multi-métiers’ et ‘multi-usages’ : nous portons tous les socles de la transformation à travers une cinquantaine de projets incubés tous les ans par les équipes en place, dans des domaines allant de l’IoT, aux applis en mobilité, au DevOps en passant par l’AR/VR, la 5G, la cybersécurité… Notre mission, c’est d’abord l’accélération des projets numériques internes. Ensuite, l’animation des innovations grâce à l’acculturation des nouvelles technologies. Par exemple, nous expliquons aux équipes locales quels sont les enjeux de l’AR/VR et quels sont les possibles usages chez SNCF. Enfin, nous accueillons les équipes internes dans une approche inter-SA – e.SNCF, SNCF Matériel (Programme Mobil’idées), SNCF Réseau (Plateforme Management de la Sécurité) – afin de faciliter le partage d’expérience et les échanges.
Nous proposons aussi des ateliers-conférences dont le contenu est coconstruit avec nos partenaires externes comme La Cuisine du Web à Lyon (5G, hackeurs blancs, l’Entreprise libérée etc…) ou encore le TUBA avec un meet-up autour des Identités numériques animé avec la Fab Open Innovation de e.SNCF incluant le Conseil National du Numérique. »
Quels sont vos enjeux principaux au vu du contexte régional ?
Dominique Damide : « Nous travaillons pour promouvoir ‘les basiques du numérique’, du point de vue technologique mais aussi méthodologique. Par exemple, dans le cadre du déploiement des outils Office 365, puisqu’il est très important de les diffuser au plus près des métiers et des activités, notre stratégie de promotion est entièrement basée sur les réalités territoriales et leurs besoins. C’est en ce sens que localement une Communauté d’Entraine Numérique (CEN) a émergé, regroupant les métiers de SNCF Voyageurs, SNCF Réseau et e.SNCF. Ensuite, nous acculturons les équipes locales pour les embarquer dans la transformation numérique. Qu’il s’agisse de la blockchain ou de l’AR/VR, nous devons d’abord expliquer aux équipes le sens de ces notions, ensuite, il faut poser les bonnes questions afin qu’elles répondent aux irritants existants du terrain. Enfin, nous devons incarner le projet d’entreprise en lien avec le digital et les axes stratégiques choisis pour y parvenir. »
Quels sont vos projets phares qui concourent à ces enjeux ?
Dominique Damide : « Nous travaillons sur les technologies émergentes comme la blockchain. Par exemple, la startup Keeex et la Mission Blockchain (émanant de la Direction du Digital) ont testé avec l’Infrapôle Rhodanien de SNCF Réseau une solution blockchain. Le projet a consisté en d’une part la dématérialisation des habilitations de sécurité des agents et d’autre part l’introduction d’un mécanisme de blockchain (la solution Keeex) pour tester un process de non falsification des données. Avec les contrôles de l’Établissement public de sécurité ferroviaire, les agents doivent impérativement avoir leurs habilitations de sécurité à jour (par exemple l’accès aux chantiers, ndlr). Une solution de type blockchain permet de garantir la fiabilité et la non-falsification des données.
Enfin, au quotidien, nous faisons rayonner SNCF dans l’écosystème local via la participation aux événements comme le SIDO ; et organisons aussi les événements et ateliers avec les acteurs internes et externes. Par exemple, nous avons lancé le 1er septembre 2020 un cycle de 3 conférences jusqu’en décembre 2020 sur le sujet Tech for good, en collaboration avec la startup mySESAME. Notre objectif est de faire émerger des cas d’usage autour du Numérique responsable avec les métiers SNCF pour mettre en œuvre des projets utiles en 2021. »
Quelle méthode employez-vous afin de réaliser ces projets, en collaboration avec les autres acteurs du numérique ?
Dominique Damide : « Notre méthode, c’est l’agilité, l’inter-SA, la collaboration et la co-construction. Quand nous développons un projet, nous faisons en sorte de créer de la valeur pour l’ensemble du Groupe. Pour ce qui est de la gestion de projet agiles en interne, nous employons la méthode 3x3x3 – pour émergence, cadrage, expérimentation.
Quand nous travaillons avec les acteurs externes, nous avons une méthode ‘triptyque’, avec l’implication simultanée des métiers, du 574 Aura et du partenaire externe. Cette méthode permet de co-construire les projets. Pour donner une illustration : nous avons lancé en 2020 au sein de la Ruche Industrielle et en partenariat avec EDF, Lyon métropole et Volvo Renault trucks un projet autour de la définition d’une ‘matrice de techno-push’ en partant d’une techno particulière : la blockchain. Le projet vise à permettre à tous les partenaires de pouvoir disposer d’une matrice incluant différents éléments : argumentaire / convictions à destination des cibles internes pour convaincre, liste de prérequis, ou encore méthodes éprouvées à partir de retours d’expérience.
Demain, comment comptez-vous accélérer les initiatives autour du numérique ?
Dominique Damide : « À mes yeux, je vois un double enjeu : le premier autour d’une meilleure mise en réseau de chaque 574. Autrement dit, il faut densifier notre réseau. Nous devons structurer davantage nos différents formats d’animation et intensifier la mutualisation de nos ressources et de nos compétences. Le second enjeu concerne les possibles nouveaux 574. Ils devront inclure une gouvernance partagée à l’instar du 574 Sud (Marseille). Ce 574 s’inscrit pleinement dans le Projet d’Entreprise avec une gouvernance et un pilotage déjà « Tous SNCF » à savoir SNCF Réseau, e.SNCF, SNCF Voyageurs et SNCF Gares&Connexions.