Dans les coulisses des 574 : Hauts-de-France – 5 Questions à Cécile Leduc
574,8km/h, c’est le record mondial de vitesses sur rails, réalisé en 2007 par SNCF. Ce qui a inspiré le nom des 574, les « maisons digitales » du Groupe SNCF implantées à Saint-Denis, Toulouse, Nantes, Lyon, Lille et bientôt Marseille. Leur création s’inscrit dans la volonté de disposer de lieux au plus près du terrain pour accompagner la transformation digitale des collaborateurs et clients de SNCF et ainsi, permettre à l’entreprise ferroviaire de développer des projets digitaux, pilotés par des équipes projet alliant métiers et experts technologiques. Découvrez les coulisses de la transformation du Groupe grâce à notre série d’interviews des responsables 574.
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Par La Redaction
Le 574 Hauts-de-France, en quelques mots ?
Cécile Leduc : « Lancé en avril 2019, le 574 Hauts-de-France est basé à EuraTechnologies, incubateur et accélérateur des startups de la French Tech à Lille. Au sein de ce site dynamique, notre petite équipe est entourée de près de 250 collaborateurs de la Direction des Opérations des Services Numériques (DOSN) de SNCF. »
Quels sont vos enjeux principaux au vu du contexte régional ?
Cécile Leduc : « Comme tous les 574, nous disposons de trois objectifs principaux, inhérents à nos missions liées à la transformation digitale du Groupe ainsi que notre rôle d’accélérateur digital.
Tout d’abord, nous nous efforçons à l’acculturation des agents au digital, le but étant non seulement de les intéresser aux innovations, mais aussi de favoriser leur interaction avec les outils numériques. L’écosystème EuraTechnologies est très dynamique : durant la première année de notre existence, nous avons accueilli les événements auxquels les agents SNCF ont pu assister, comme le Sommet des startups, les 10 ans d’Euratechnologies ou l’évènement Numériqu’Elles. Lorsqu’EuraTechnologies a créé son incubateur Robotique Industrie à Saint-Quentin en fin 2019, nous avons souhaité participer à l’aventure, notamment en initiant un dialogue entre cette nouvelle structure et notre collègue Louis-Romain Joly, Chef de projet Innovation et Recherche travaillant sur le développement des robots de maintenance chez SNCF. Les échanges devraient se poursuivre.
En parallèle, nous sommes engagés dans l’accompagnement des métiers SNCF pour faciliter la mise en œuvre de leurs projets digitaux. Notre chef de projet évalue la teneur et viabilité du projet, avant de trouver des solutions adéquates et les accompagner jusqu’au prototypage.
Nous avons ainsi accompagné Gares&Connexions dans le cadre de leur programme Beacon en gare, de leurs diverses problématiques autour de l’expérience client en gare, ainsi que TER en travaillant avec eux sur leurs sujets de satisfaction clientèle.
Enfin, nous sommes aussi très actifs dans les actions qui contribuent à notre ancrage à l’écosystème numérique local. Nous faisons une veille permanente sur les startups, afin de jouer un rôle important d’« activateur de business », pour les métiers – nous les orientons vers ces derniers–, mais aussi pour 574 Invest, le fonds d’investissement du Groupe SNCF qui soutient les entrepreneurs les plus innovants. Ainsi, d’un point de vue politique, nous arrivons à promouvoir l’image d’une grande entreprise qu’est SNCF : dynamique, en transformation permanente et très active sur les domaines d’innovation. »
Quels sont vos projets phares qui concourent à ces enjeux ?
Cécile Leduc : Nous cherchons à faciliter la vie des collaborateurs grâce à la digitalisation des processus. Par exemple, vers la fin de la période de télétravail massif, nous avons voulu faciliter le retour des collaborateurs sur site en mai dernier, à l’aide d’une application DAO (Distancing At Office, ndlr). Développée par le 574 Hauts-de-France et DOSN en seulement 15 jours, elle a été déployée chez e. SNCF et SNCF Gares&Connexions. Concrètement, la crise sanitaire nous a contraint à respecter certaines règles avant le retour des salariés sur site et réorganiser l’occupation des bureaux. L’idée était de faciliter le retour sur site en permettant aux agents de prendre connaissance à distance des règles sanitaires en vigueur et déclarer leur présence sur site. Celle-ci a également permis aux managers de disposer d’une vue d’ensemble sur l’occupation des locaux en temps réel. C’est « l’effet 574 » qui a permis l’efficacité de ce projet.
Avec les startups, nous avons apporté des solutions digitales qui correspondent aux besoins des métiers. L’application ICEboard, lancée en juillet dernier, en est un exemple. Utilisée par DOSN mais aussi les DSI métiers, cette application permet aux personnes concernées de suivre en direct les incidents majeurs, ce qui favorise la réactivité et la clarification des informations en temps de crise.
En ce qui concerne notre rôle d’activateur de business, nous avons par exemple lancé une expérimentation en collaboration avec une startup qui souhaite proposer une plateforme de stationnement gratuit destiné au covoiturage. L’objectif est d’exploiter les places de parking non utilisées au sein d’EuraTechnologies, afin de promouvoir les nouvelles mobilités. Si le système s’avère robuste, nous pourrions envisager de le déployer à plus grande échelle chez SNCF. Encore une fois, nous sommes un Groupe suffisamment solide pour encourager et épauler les initiatives intéressantes venant des startups.
Quelle méthode employez-vous afin de réaliser ces projets, en collaboration avec les autres acteurs du numérique ?
Cécile Leduc : Au-delà de la méthode 3x3x3 – méthode de suivi de projet et d’accompagnement commune à tous les 574 – j’incite dès que possible les métiers et nos partenaires externes à venir à notre rencontre. Au fur et à mesure, les entités de la région nous sollicitent davantage. Par ailleurs, nous travaillons en synergie avec les autres 574. Par exemple, les 574 Occitanie et Hauts-de-France ont créé ensemble une solution de cartographie d’informations emplois. Grâce à l’outil, les conseillers de la structure peuvent mieux accompagner les agents dans leur réorientation professionnelle.
Demain, comment souhaitez-vous accélérer les initiatives digitales grâce à votre maison digitale ?
Cécile Leduc : Actuellement, nous sommes un 574 qui grandit en explorant beaucoup de domaines. Au cœur de la French Tech, nous nous appuyons sur l’écosystème régional. Mon souhait, à court terme, est de traiter des sujets Tech4good et RSE. A ce sujet, nous souhaitons d’ailleurs accompagner le pôle RSE des Hauts-de-France sur la thématique de la mobilité inclusive. J’espère pouvoir enclencher des actions qui mettent la tech au service du bien commun et de l’économie circulaire.
La crise sanitaire a montré qu’il existe en France une grande volonté de « revenir au local ». En tant qu’acteur important des territoires, SNCF doit participer à ce mouvement en s’appuyant sur des démarches régionales. C’est notre devoir. Nous devons faire exister notre territoire, et aujourd’hui, le territoire, c’est le digital.
Découvrez l’interview de Cécile Leduc ainsi que les locaux du 574 Hauts de France dans cette vidéo réalisée par les équipes du Nouvel Obs.