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Data-tritus – Comment la blockchain simplifie le tri des déchets

La gestion des déchets est un réel défi pour les entreprises de service. Pour vous donner un ordre d’idée: la gare de Lyon produit à elle seule 360 tonnes de déchets par an. Le Groupe ferroviaire se devait donc d’innover pour relever le challenge. La clé de la réussite chez SNCF « Gares & connexions » ? Mobilisation des ressources et innovation. La solution ? Le projet data-tritus, la blockchain au service du tri de déchets.

Publié le

Par La Redaction

Etienne Burdet

Concept qui excite les places boursières depuis que les bitcoins sont apparus, la blockchain se décline mieux qu’on ne la définie. Afin de comprendre le fonctionnement de cette dernière appliquée au tri des déchets, nous avons interviewé l’un des instigateurs du projet Data-tritus : Etienne Burdet, chef de projet SmartCity chez Arep – filiale Gares & Connexion.

Votre définition de « blockchain » ?

Etienne Burdet : Il existe différentes sortes de systèmes « blockchain », le plus connu est celui des bitcoins, c’est pour cela qu’on l’appelle communément « la blockchain ». Le point commun à tous ces systèmes est la fonctionnalité d’un grand registre dans lequel s’inscrivent toutes les transactions afin qu’elles soient accessibles à tous les acteurs en temps réel, sans être stocké chez quelqu’un en particulier. Cette dernière particularité rend le système particulièrement fiable car les informations ne peuvent être contrefaites.

En quoi le système « blockchain » a-t-il un lien avec la gestion des déchets ? Comment vient-il améliorer la gestion des déchets ? De quelles données s’agit-il dans le cadre du projet data-tritus ?

E.B. : Dans ce cas précis, le système blockchain n’intervient pas dans la gestion des déchets proprement dite mais via la gestion de contrats des prestataires. La gestion de déchets est un monde compliqué dans lequel les prestataires interviennent sur des missions définies. Une gare peut avoir jusqu’à 6 prestataires pour la gestion et le tri de ses déchets, c’est donc beaucoup de contrats et beaucoup de petites transactions.

En l’occurrence, les transactions enregistrées sont les mouvements des bacs effectués par ces dites sociétés. Les intervenants, agents comme prestataires, peuvent alors immédiatement prendre connaissance de l’avancé du travail et optimiser leurs actions.

Est-ce que la solution de désintermédiation offerte par la blockchain impacte la gestion des déchets ?

E.B. : Le système blockchain est particulièrement adapté au monde des déchets, qui est lui-même déjà décentralisé du fait de la multitude d’intervenants dans le processus de gestion.

Grâce à des balises bluetooth «beacon» installées dans chaque benne et transmettant l’information au système en temps réel, ce dernier nous permet notamment d’enregistrer ces données sans l’intervention d’un individu. Auparavant, nous n’avions pas de visibilité sur les types de déchets que nous trions. Grâce à cette automatisation, l’instantanéité et la fiabilité de la collecte de données, nous pouvons désormais nous concentrer sur le développement de systèmes de tri novateurs offerts par d’autres prestataires, comme par exemple pour le marc de café.

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Comment est-ce que cela modifie concrètement la gestion actuelle ?

E.B. : De facto nos agents de bâtiments savent directement ce que chaque prestataire a fait et à quel moment. Ils peuvent donc adresser les problèmes beaucoup plus facilement, et rapidement. Auparavant seuls les prestataires avaient accès à cette information et nous soumettaient des rapports déclaratifs à la fin de chaque mois.

Quels bénéfices tire SNCF de ce type de gestion ?

E.B. : En un mois d’expérimentation sur une seule gare, nous avons économisé à peu près 2000 euros. Nous avons trié principalement les papiers et les cartons, qui nous reviennent 4 fois moins cher à la collecte que les ordures ménagères. Sans cette vision d’ensemble et cette précision sur les contrats, les interactions et la fréquence de passages des entreprises, l’ensemble des déchets peut finir aux ordures ménagères.

Le second bénéfice est la préparation aux nouvelles normes qui nous obligent à tout trier en 5 flux. Nos exploitants peuvent maintenant gérer 5 contrats de gestion de déchets de façon très simple.

La mise en place de ce système demande-t-elle des compétences particulières chez les agents qui interviennent sur le projet ?

E.B. : Non et c’est bien là l’avantage. Les agents n’ont pas besoin d’intervenir, ils constatent juste les informations récoltées et agissent en fonction. Idem pour les prestataires.

Avec le développement des outils digitaux et leur intégration au monde physique, Etienne Burdet imagine la gare de demain comme un lieu de vie ou chacun pourrait récupérer les données qui l’intéressent lors de son passage.

Des données ouvertes pour plus de confort d’utilisation, c’est un peu ça « la blockchain ».

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