EMMANUELLE SAUDEAU @ IBM CONNECT – LA RÉVOLUTION IOT EN MARCHE
Lors de son intervention à l’événement annuel IBM Business Connect, la CDO du Groupe SNCF a livré aux 1 500 professionnels du digital son REX 100% SNCF en matière d’IoT.
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Par La Redaction
Le digital n’est pas seulement en train de changer notre façon de vivre, de communiquer, de travailler, d’être et d’avoir à titre individuel. Les technologies de l’information « disruptent » aussi les modèles économiques des entreprises.
Partant de l’intelligence artificielle (considérée par Davos comme la « 4ème révolution industrielle »), le géant mondial de l’informatique IBM proposait d’aborder la transformation digitale des entreprises en se focalisant sur ses principaux avatars : _Internet of Things__ (IoT_, ou Internet des objets), _Cloud computing_, deep learning (méthode d’apprentissage automatique des machines), plateforme cognitive… Ce grand brainstorming s’est matérialisé lors de l’IBM Business Connect, qui se tenait le 18 octobre dernier au Carrousel du Louvre.
Nicolas Sekkaki, président de la filiale française d’IBM, y exposait sa vision : « l’expérience client, la data et l’_excellence opérationnelle_ » constituent « trois grands axes de la transformation digitale ».
De l’abondance de la donnée SNCF
Avec ses 30 000 kilomètres de réseau à maintenir surveillés 24h sur 24, ses 12 millions de m² de bâtiments industriels et tertiaires, ses 1 525 rames de train (TGV, Transilien et TER) et surtout 2 milliards de voyageurs qui transitent chaque année dans 3 000 gares, SNCF dispose justement d’une quantité de données considérable.
Invitée de la table ronde «A l’origine, il y a….La data», Emmanuelle Saudeau, Chief Digital Officer de SNCF, a eu l’occasion de revenir sur l’exploitation de ces données par le groupe ferroviaire, notamment à travers sa plateforme IoT, qui permet un traitement analytique en temps réel des remontées d’information des capteurs et leur stockage systématique à froid.
"L'#IoT ns aide à mieux répondre à nos enjeux majeurs, comme la régularité. Il nous aide à mieux servir nos utilisateurs" @Emma_Saudeau pic.twitter.com/DcfrbSHGJ1
— SNCF Digital (@SNCF_Digital) 18 octobre 2016
Car « des capteurs, on en met partout : pour _le matériel roulant_, les voies ferrées, mais aussi dans les bâtiments, __en gare__ et/ou dans les Technicentres », _raconte_ _Emmanuelle Saudeau. Ainsi, 184 rames – nativement équipées de près de 2 000 capteurs – ont récemment été déployées sur le réseau Île-de-France. Chacune émet plus de 70 000 données par mois. Grâce à ces informations, les ingénieurs télé-diagnostiquent les trains depuis le Technicentre, et prévoient ainsi à l’avance le soutien logistique. _« Les entrées en Technicentre sont minimisées et les vérifications inutiles sont évitées »_constate-t-elle.
Au service du voyageur
Le digital et l’IoT constituent ainsi de formidables leviers pour optimiser la qualité de service ainsi que les performances économiques et opérationnelles… Sans compter l’amélioration des conditions de travail des cheminots : une tablette connectée peut remplacer aujourd’hui des kilos de documentation papier, réduisant les tâches à faible valeur ajoutée. Mais _in fine_, reconnait la CDO, « _les applications des technologies innovantes servent avant tout au voyageur et à son attente fondamentale sur la régularité__ »_.
"Il y a un enjeu de transversalité/communication de l'information. On ne délivrera pas le potentiel des technologies sans transfo.interne" pic.twitter.com/Ku9wYHbPyT
— SNCF Digital (@SNCF_Digital) 18 octobre 2016
L’industrialisation du savoir-faire « IoT » reste un enjeu de taille. La problématique de la végétation en est un bon exemple : comment éviter les problèmes de chute de branches sur les caténaires, de patinage lié aux feuilles mortes, ou encore cibler le débroussaillage pour prévenir les risques d’incendie sur les 95 000 hectares d’infrastructure à entretenir (soit 9 fois la superficie de Paris) ? Comment faire diminuer un coût total de maintenance annuel avoisinant les 120 millions d’euros ?
Jusqu’à peu, les tournées de vérification étaient la seule réponse possible. En plus des outils de supervision que sont les systèmes cartographiques et les GPS professionnels, le digital apporte des solutions innovantes. SNCF a mis en place un PoC (_Proof of Concept_) de modèle prédictif de la végétation, basé sur des algorithmes de croisement de données de patrimoine. Ces dernières, captées par les trains, les drones ou les satellites, permettent d’organiser les interventions par niveau de priorité, ou de programmer les interventions de manière ciblée et même préventive. D’après Emmanuelle Saudeau, ce PoC pourrait être industrialisé dès 2017.
Le lien avec l’écosystème des startups
Quelles sont les clés pour mettre en place de tels projets ? Pour accélérer dans sa démarche de développement de l’IoT, la CDO de SNCF s’appuie sur la collaboration avec de « grands » partenaires, comme IBM, mais aussi sur un vivier de startups novatrices, lui permettant de profiter de l’agilité de celles-ci et des meilleures expertises disponibles. C’est pourquoi la Direction Digital de SNCF a également souhaité constituer un fonds d’investissement SNCF Digital Ventures et mettre en place une Fab dédiée entre autres à la collaboration avec les startups, la Fab Open Innovation.
Pourtant, dans le secteur industriel, le basculement vers l’IoT commence à peine. Très certainement _early adopter _en la matière, SNCF souhaite accélérer encore. Même si la CDO du groupe ferroviaire reste lucide : « _on sait aussi que c’est une course de fond, une transformation sur le long terme ;la révolution est en marche