Forum de l’AIT : immersion au cœur de la mobilité de demain
forum-ait-draisyforum-ait-draisyPendant deux jours, le groupe SNCF comme de nombreux acteurs des mobilités ont présenté leurs projets innovants, échangé et réfléchi conjointement pour transformer les solutions de mobilité de demain. En fer de lance, accessibilité, redynamisation des territoires, décarbonation des transports, mêlées aux nouvelles technologies et aux innovations industrielles. On y était.
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Par La Redaction
Les 7 et 8 février derniers, l’Agence de l’Innovation pour les Transports (AIT) du ministère en charge des transports a organisé son premier forum national, à la Cité des sciences et de l’industrie à Paris. Le groupe SNCF était bien évidemment de la partie. Les stands de présentation des acteurs français de la mobilité côtoyaient tables rondes, ainsi qu’un hackathon sur le thème « Inventer le transport de demain ». La remise des prix Propulse, le programme d’excellence de l’AIT, auquel M. le ministre des Transports Clément Beaune a assisté, a clôturé deux journées riches en enseignements et projections dans un écosystème en constante réinvention.
Côté SNCF Holding, Carole Desnost, Directrice Technologies Innovation et Projets Groupe (DTIPG), a donné le ton lors de la table ronde portant sur le rayonnement de l’innovation dans les mobilités en illustrant les efforts déployés par le groupe ferroviaire pour développer une mobilité pour tous et au service des territoires.
Il y a une palette de solutions de décarbonation déjà disponibles, que l’on peut voir sur le stand SNCF Holding aujourd’hui. L’idée est de remplacer le matériel diesel et d’éviter l’électrification à tout prix. Pour ce faire, nous misons sur des trains à hydrogène, des trains à batterie, des trains hybrides…
Entre train autonome, intelligence artificielle, data et information voyageurs
Sur le stand SNCF Holding, plusieurs porteurs de projet sont venus défendre la vision de l’innovation du Groupe, maquettes et démonstrations à l’appui.
David Borot, Directeur des Programmes d’innovation dédié aux Mobilités émergentes à la DTIPG, nous raconte comment fonctionnent les futurs trains Draisy et Flexy, qui permettent d’offrir plus de mobilités dans les territoires. Le système de trains très léger Draisy se compose d’une infrastructure allégée, de règles d’exploitation innovantes et d’un matériel roulant de la taille d’un bus, 13 mètres de long offrant 30 places assises (80 voyageurs maximum). C’est une solution pour les petites lignes dans les territoires (100 km environ).
Draisy en chiffres
100 km/h
de vitesse
100 %
sur batterie
150 km
d’autonomie
« Nous mettons en place un système de recharge flash à quai pour permettre au train de gagner en autonomie pendant son service commercial. », a détaillé David Borot. Flexy, quant à lui, est un système de navettes hybrides capables de circuler sur les rails comme sur la route. « C’est un engin de 14 places assises que l’on destine en priorité à la réouverture de petites lignes. », précise-t-il.
Un peu plus loin, Caroline Caudron, Responsable Services Territoires et Environnement à la DTIPG, présente le projet Train Léger innovant (TLI), une solution économique et écologique pour les petites lignes.
L’objectif est d’augmenter le nombre de trains et de faire revenir les gens vers ce moyen de transport. C’est une solution décarbonée à batterie, potentiellement à hydrogène qui embarque un certain nombre de technologies, pour faire de la maintenance prédictive ou encore limiter l’impact du train sur les voies, tout en restant frugal, optimal et moderne.
Dans la lignée de ces innovations, place à présent aux futurs trains des grandes lignes et à leurs prouesses technologiques permettant d’accélérer la décarbonation et la transition écologique. Le train hybride, le train à hydrogène, le train à batteries couplé à l’électrification partielle des lignes sont autant de projets qui permettront de décarboner davantage le transport ferroviaire de demain. Ils permettront non seulement des économies d’énergie, mais aussi de faire baisser les émissions de CO2.
Mobilité décarbonée en chiffres
85 %
pour le train à batteries et électrification partielle
70 %
pour le train à hydrogène
20 %
pour le train hybride
Chez TER Grand-Est (GE) SNCF Voyageurs, l’innovation n’est pas en reste, les projets se multiplient en partenariat avec la DTIPG pour améliorer le service rendu aux voyageurs. Côté Sécurité et Expérience Voyageurs, Claire Nicodème, experte Groupe en Perception et Intelligence Artificielle au sein de la DTIPG, nous présente son projet d’exploitation des flux vidéo ferroviaires, porté par la SNCF et testé chez TER GE. Comment exploiter ces flux vidéo tout en protégeant les données personnelles et biométriques des voyageurs ? Voilà le challenge auquel elle répond : « L’idée de ce projet est de pouvoir anonymiser les données personnelles et biométriques collectées par les caméras embarquées dans les gares, les trains et les emprises du groupe SNCF. Les applications sont multiples, par exemple, exploiter les images à des fins de sûreté (détection de mouvement de foule par exemple) ou de comptage, mais également, pour améliorer l’information voyageur ou encore aider les personnes à mobilité réduite en envoyant un agent à leur rencontre », a-t-elle expliqué.
Autre projet structurant chez TER Grand-Est : Mobil-Quai, qui consiste en la création de points d’arrêt provisoires pour répondre à des besoins ponctuels, par exemple un festival ou un aéroport éloigné d’une gare. Ce quai provisoire est un projet éco-conçu, à faible impact d’installation, mais aussi réutilisable et modulaire.
Chez SNCF Réseau, il existe depuis 5 ans, un dispositif d’idéation et d’expérimentation d’innovations de rupture : le Rail Open Lab. Créé début 2018 par SNCF Réseau et la FIF (Fédération des Industries Ferroviaires), le Rail Open Lab, plateforme d’open innovation pour toute la filière, intègre depuis fin 2020 RATP Infrastructures et le SERCE (syndicat professionnel sur les énergies) pour codévelopper de nouvelles solutions technologiques et numériques via des sprints de 4 mois en conditions réelles d’exploitation pour la maintenance et l’exploitation du réseau. En 2023, le partenariat s’est transformé en association et regroupe à ce jour une trentaine d’acteurs majeurs de la filière ferroviaire et s’est doté d’un site internet : http://railopenlab.com/. Sa valeur pour la filière a été reconnue avec, en plus du Prix Propulse, une labélisation des pôles de compétitivité Team2 et i-Trans.
Le Rail Open Lab en chiffres
35
expérimentations
5
produits en cours d’industrialisation
60 %
de taux de conversion des expérimentations en solutions commercialisables
Notre objectif est de contribuer activement à l’amélioration de la performance de la filière ferroviaire en testant par exemple des technologies, qui répondent à des besoins très concrets des exploitants et des mainteneurs de l’infrastructure, en conditions réelles pendant quatre mois, pour permettre, entre autres, leur mise sur le marché le plus rapidement possible. 35 expérimentations ont ainsi déjà pu être menées à bien dont 5 sont en cours d’industrialisation.
Keolis, filiale du groupe SNCF, était également de la partie et travaille notamment en amont de ces innovations sur des projets qui permettent une meilleure connaissance des mobilités sur les territoires. Arnaud Julien, Directeur Innovation chez Keolis, nous a donc présentés deux solutions, Impulse et Patterns.
Impulse est une solution destinée aux autorités organisatrices de mobilités, aux élus et aux services techniques. Son objectif est d’apporter une meilleure connaissance des réseaux et une connaissance partagée entre l’autorité organisatrice des mobilités et Keolis pour pouvoir mieux comprendre le territoire et adapter l’offre en fonction de la demande. C’est donc une solution de Data advice et d’intelligence artificielle qui permet de récupérer l’ensemble des données du réseau (billetique, fréquentation…). « À travers une visualisation cartographique, nous sommes capables de reproduire la journée et de voir s’il y a eu des incidents, la charge des véhicules, et ainsi de pouvoir réfléchir aux adaptations de l’offre. » détaille Arnaud Julien. Patterns, quant à elle, est une solution qui décrypte en continu toutes les mobilités d’un territoire à partir du recueil, du traitement et de l’analyse des données GPS (marche à pied, vélo, voitures individuelles, transports publics…) sur un territoire donné. « C’est un outil en mode SAS qui permet de visualiser les origines-destinations, de suivre l’évolution des parts modales, d’estimer le potentiel de report modal et d’évaluer l’empreinte carbone des mobilités. », ajoute-t-il.
Un hackathon pour « réinventer le titre de transport de demain »
Que serait un événement Tech de nos jours sans son Hackathon ? Dans une grande salle parsemée de tables rondes, de nombreux participants issus des différents acteurs de la mobilité (dont le groupe SNCF), ont ainsi planché pendant deux jours sur le sujet. L’objectif ? Faire naître des idées qui pourraient transformer rapidement et durablement l’expérience des voyageurs. Comment ? Grâce à des solutions simples et accessibles, privilégiant le transport multimodal et le moyen de paiement unique. À la fin de ces deux journées intenses, le jury a primé les solutions « France Moov’ » et « Carte LEM », qui seront accompagnées par l’Agence de l’Innovation pour les Transports pour étudier leur déploiement. Ce travail a été remarqué par M. le Ministre, qui a annoncé dans la foulée que le gouvernement souhaitait mettre en place un billet unique pour les transports en commun en France d’ici deux ans. « C’est par des solutions innovantes et concrètes que l’on peut révolutionner le quotidien des usagers des transports en commun en France. Le billet unique est une mesure qui pourra être déployée sur tout le territoire et qui facilitera tous les voyages », a-t-il déclaré dans un communiqué le 8 février.
Les prix Propulse
Le forum de l’AIT s’est clôt sur la remise des prix Propulse, du programme du même nom, jouant un rôle d’accélérateur pour les innovations les plus prometteuses qui répondent aux enjeux de l’État en matière de politiques de mobilités et de transport. Parmi les 18 lauréats récompensés le 8 février, le projet TNI : exploitation éthique des données vidéos, porté par Claire Nicodème (DTIPG) et testé avec TER Grand Est représenté par Matthieu Lévèque, a été largement applaudi. Car outre sa promesse technologique forte, sa portée est grande, notamment en vue des Jeux Olympiques 2024 à Paris. Dans la même catégorie, « Partage de données », et pour récompenser sa capacité à transformer et améliorer la performance de la filière ferroviaire mais aussi son engagement pour démocratiser l’open innovation dans l’industrie, le Rail Open Lab a également été primé. Enfin, dans la catégorie « Multimodalité et intermodalité », Keolis Dijon multimodalité a, quant à lui, été récompensé pour son projet d’amélioration de l’information voyageurs multimodale par le nudge. 3 prix sur 18 pour le groupe SNCF, voilà de quoi conclure ces journées de la meilleure des manières et démontrer à quel point le groupe SNCF est l’un des acteurs majeurs de la transformation des mobilités.