Info Accès, la solution connectée pour diminuer les heurts de faune
Il ne s’agit que d’une alerte e-mail ou d’un SMS qui vous rappelle que vous n’avez pas fermé un portail d’accès aux voies. Et pourtant, cette innovation SNCF Réseau en partenariat avec la filiale ITNOVEM, facilite déjà la vie de milliers de voyageurs-es et d’agents sur la ligne à grande vitesse Sud-Est Européenne.
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Par La Redaction
Un sanglier peut en cacher un autre
Le saviez-vous ? Les chocs avec la faune sauvage représentent la deuxième cause d’irrégularités sur la ligne TGV Paris-Marseille. Chaque année, rien que sur cet axe du réseau LGV, une trentaine d’animaux sauvages – chevreuils et sangliers principalement – se font heurter par un train. Cela entraîne systématiquement son arrêt pendant plusieurs dizaines de minutes pour effectuer les vérifications nécessaires de sécurité, et déclenche un remboursement des passagers à bord.
« Le moindre petit grain de sable peut entraîner une catastrophe » résume Vincent Racapé de l’Infrapôle LGV sud-est européen, l’établissement en charge de l’exploitation de l’infrastructure ferroviaire de cet axe. Il est vrai qu’avec deux fois 800 kilomètres de clôtures et près de 3 500 accès à surveiller, la partie sud-est du réseau à grande vitesse présente un défi de taille. Il faut restreindre l’accès aux voies où circulent des trains lancés à plus de 300 kms/h, mais aussi permettre aux équipes techniques d’y entrer facilement.
Mais que signifie le grain de sable évoqué par Vincent Racapé ? Le fait qu’un de ces accès reste ouvert, soit à la suite d’actes de vandalisme, soit parce qu’il peut arriver que les agents en intervention sur les voies – un travail qui se fait souvent de nuit et loin de toute habitation – oublient de refermer le portail d’accès pendant qu’ils entretiennent ou réparent le réseau. Or, une ouverture de quelques heures suffit à la faune sauvage pour pénétrer à l’intérieur de l’emprise ferroviaire, et potentiellement les mener à leur perte.
C’est là qu’intervient la solution coconçue par l’Infrapôle SEE et ITNOVEM. La solution, pragmatique, reprend le principe des contacts de portes disponibles dans le commerce adapté à la dizaine de typologies de portails qui émaillent les lignes.
Pas de prise dans les emprises
L’absence d’énergie électrique et de réseaux filaires pour recueillir les informations a très vite orienté l’équipe projet vers des dispositifs IoT. Autonomes en énergie, ils envoient leurs mesures via des réseaux sans fil.
Lorsque le capteur, un système magnétomètre/aimant, détecte une ouverture ou une fermeture, il envoie un message via les réseaux publics avec le protocole LoRaWAN – Low Range Wide Area Network -un réseau à longue portée dédié aux applications IoT. Ce message est recueilli et traité par la plateforme SNCF Cockpit, laquelle va générer une alerte e-mail ou SMS aux encadrants sur le terrain si elle détecte une ouverture de plus d’une heure sur un portail. Le boîtier quant à lui, dispose d’une autonomie de 4 à 5 ans. Il remonte aussi des messages de fiabilité : boitier arraché, tension batterie…
Après un premier prototype au début de l’année 2018 et trois itérations du produit en trois mois, le déploiement à l’échelle de toute la ligne a pu commencer au second trimestre 2019.
L’année dernière, environ 1 700 boîtiers ont été mis en place sur les 3 500 prévus, avec la collaboration notoire des Agences Télécoms et Informatiques Régionales, ainsi que celle des équipes garantes de l’industrialisation de l’IoT au sein de la Direction Générale du Numérique de SNCF Réseau. Cette campagne de pose, qui doit se terminer à l’automne 2021, a aussi permis de faire l’inventaire des accès, et mieux caractériser le patrimoine. « La solution devait être autonome, durable, facile à installer, et compatible avec tous les portails, dont on a recensé une dizaine de types différents » explique Julien Fournier, directeur de missions IoT chez ITNOVEM.
Un temps précieux économisé
A l’échelle d’un mois, environ 60 % des portails sont utilisés au moins une fois. On recense début 2021 en moyenne 10 000 ouvertures par mois, dont plus de 98 % sont inférieures à une durée d’une heure -et donc ne déclenchent pas de notification-, et quelques événements d’ouverture qui sont supérieurs à une durée de quatre heures.
Concernant le retour sur investissement, la mise en place pour toute la partie sud-est du réseau LGV peut être comparée à l’équivalent de 6 heurts de faune, soit environ 900 000 euros. Il est important de savoir que les heurts de faune provoquent 20 000 minutes de retard sur les lignes sud-est par année. Le gain est évident pour les voyageurs-es. Ce dispositif a d’ores et déjà suscité l’intérêt avec un déploiement en cours sur les LGV « Nord-Europe » et « Atlantique ».