La 5G dans le monde : un tandem ambivalent entre Chine et États-Unis
Dans le domaine de la connectivité, la 5G est la technologie indispensable de demain. Sébastien Kaiser, directeur Connectivité & Réseaux chez SNCF, explore l’état d’avancement de la 5G dans le monde et les cas d’usage en cours d’expérimentation lancés par ses équipes. Une série d’articles en trois volets, dont voici le second.
L’arrivée de la 5G dans de nombreux pays du monde est un enjeu économique et technologique important, qui n’est pas sans conséquence sur l’équilibre géopolitique. Une course contre la montre pour l’accès à cette technologie s’est mise en place, notamment entre les Etats-Unis et la Chine.
Publié le
Par La Redaction
Les États-Unis ont été les pionniers de la 5G avec les réseaux « fixes sans fil », qui sont ni plus ni moins qu’un partage de connexion comme on peut le faire via smartphone. Ce système permet de récupérer un signal 5G qui provient d’une antenne grâce à un modem ou une box, et de le réémettre sous forme wifi à des objets domestiques (ordinateurs, objets connectés…). L’opérateur Verizon a été le premier à lancer ce service permettant d’avoir accès au très haut débit en s’affranchissant d’un réseau filaire. Mais la 5G n’est pas l’apanage des américains, contrairement à la 4G où ils avaient été très en avance.
Dans cette course folle à échelle mondiale, c’est la Chine qui caracole en tête des déploiements mondiaux d’antennes 5G. L’ambition déclarée du Président chinois, Xi Jinping, est de faire de son pays en 2049 la première puissance mondiale sur le plan économique, technologique et culturel. Il veut pour cela passer du statut « d’atelier du monde » à celui de « centre de Recherche et Développement mondial ». Cela se traduit par un plan d’action sur la 5G particulièrement ambitieux – 150 milliards d’investissement sur 10 ans pour permettre de passer à 600 millions de clients 5G à l’horizon 2025. Aujourd’hui, la Chine est sur le point de terminer la première phase d’évaluation de son système d’infrastructures avant un déploiement massif à échelle nationale.
Une stratégie économique payante
Cette différence de temps de mise en place entre les deux pays s’explique également par leurs écosystèmes très différents. Aux États-Unis, la majorité des entreprises qui sont impliquées dans la 5G sont privées. Plutôt que de collaborer à créer une infrastructure commune, elles vont essayer de sécuriser des parts de marché, ce qui engendre une dynamique plus lente. En Chine, le gouvernement met en place un programme et le fait exécuter par des acteurs télécoms nationaux, qui peuvent d’ailleurs également être des entreprises de premier ordre au niveau mondial comme Huawei. Néanmoins, les Etats-Unis ont tout de même travaillé sur des cas d’usage en lien avec la 5G, notamment dans le domaine du sport, via la télédiffusion sans fil d’un match de basket grâce à la 5G. Ce système permet une captation live en très haute définition, avec des angles multiples et une expérience immersive.
Enfin, côté fabricants de smartphones, la Chine continue à produire la plupart des modèles du monde, dont les tous nouveaux mobiles 5G. Apple, qui n’a pas encore de téléphone compatible 5G, et possède un important marché aux USA et en Europe, n’aide pas à l’accélération des déploiements par les opérateurs.
La Chine, pionnière des cas d’usage 5G
La 5G permet de trouver des solutions dans le domaine de la santé, notamment via la vidéo. Grâce à un partenariat entre Huawei, China Mobile et un hôpital militaire, une opération du cerveau a été réalisée par un chirurgien situé à 3000 kilomètres du patient via un bras robotisé. Une procédure rendue possible grâce à la très faible latence offerte par la 5G. Cette solution permet de résoudre le problème du désert médical dans certaines régions de Chine puisqu’il n’y a plus besoin de déplacer des spécialistes.
Ce sont des dizaines de secteurs qui seront impactés par la 5G. Pionnière en matière de Smart City, la Chine pousse le curseur encore plus loin et propose un service de pilotage de drones, de bus, mais aussi une démocratisation dans un futur proche des véhicules autonomes. La 5G permettrait de pouvoir gérer un très grand nombre d’objets connectés en lien avec l’aménagement et le mobilier urbain, comme l’éclairage des millions de lampadaires d’une grande ville par exemple. La promesse pour les territoires connectés est d’optimiser les coûts de gestion, mais aussi de proposer une « expérience citoyen » bien plus poussée avec des services de meilleure qualité.
Dans cette optique, le potentiel de la 5G intéresse également les services de police, qui planchent sur la gestion des flottes massives de drone grâce à la 5G. L’idée est de pouvoir piloter des drones à distance et récupérer des images en très haute définition, afin de mener des télé-enquêtes.