La 5G, un atout stratégique dans les mobilités
Dans le domaine de la connectivité, la 5G est la technologie indispensable de demain. Sébastien Kaiser, directeur Connectivité & Réseaux chez SNCF, explore l’état d’avancement de la 5G dans le monde et les cas d’usage en cours d’expérimentation lancés par ses équipes. Une série d’articles en trois volets, dont voici le premier.
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Par La Redaction
La 5G a un impact très important sur les mobilités et est un atout considérable pour améliorer l’expérience client à de nombreux niveaux. Tour d’horizon des potentiels de cette technologie pour les acteurs de la mobilité.
Partout dans le monde, la 5G permet d’expérimenter et mettre en place de nouvelles fonctionnalités. Par exemple, le constructeur chinois de trains, la CRRC, a réussi à faire du transfert de données avec un train en déplacement, cent fois plus rapide qu’avec les technologies classiques. Cela a ainsi permis de télécharger 55 Gigaoctets depuis le train en seulement dix minutes. La 5G a cet avantage de connecter à très haute vitesse des objets en mouvement, ce qui en fait une technologie convoitée par tous les acteurs de la mobilité.
Autre exemple, aux États-Unis cette fois, la maintenance peut être désormais améliorée grâce à la réalité augmentée. Via le très haut débit que permet la 5G, ce procédé offre un soutien à la maintenance avec un opérateur sur le terrain, assisté à distance depuis une centrale. Cela assure une meilleure gestion opérationnelle, mais aussi une qualité d’exécution dans les opérations optimisée.
Au Japon, NTT Docomo, principal opérateur mobile, a trouvé une autre utilité à la 5G : aider à la gestion de crise. Pour ce faire, une caméra 360° 8K avec un lien 5G est déposée sur un emplacement cible, par exemple une gare, ce qui permet à des experts situés en cellule de gestion de crise d’être totalement immergés dans la zone, en temps réel, et de mieux pouvoir gérer la situation.
Enfin, même si l’Europe et les Etats-Unis sont moins avancés que l’Asie sur la question de la 5G, le vieux continent possède de très bons équipementiers 5G comme NOKIA ou Ericsson. Actuellement, deux petits pays possèdent déjà une bonne couverture 5G, mais il s’agissait plutôt de tests grandeur nature : Saint-Marin et Monaco. C’est en Suisse que la 5G est déployée dans 54 villes et permet d’avoir une couverture correcte sur l’ensemble du territoire urbanisé. Le Royaume-Uni, l’Espagne, la Roumanie, et la Finlande sont également en bonne voie avec des premières villes équipées.
En France, nous venons seulement de lancer les procédures d’attribution{target=blank} des fréquences 5G et nous avons des zones qui ont été délimitées pour les expérimentations. « L’ARCEP{target=blank} est un régulateur qui est véritablement pro-business et qui a une volonté de développer l’innovation dans le respect des jeux concurrentiels. Nous avons peut-être un retard dans l’attribution des fréquences, mais pas tant de retard que cela dans l’appropriation de la technologie 5G, du fait de cette souplesse réglementaire qui a permis aux opérateurs d’avancer » détaille Sébastien Kaiser, directeur Connectivité & Réseaux chez SNCF.
Les usages de la 5G dans l’écosystème SNCF
« Nous avons de gros besoins qui vont venir sur la partie industrielle, ne serait-ce que pour tenir la cadence d’ici l’échéance 2024 en vue des J.O. Et puis, on a dans les gares un besoin vital d’aller au même rythme que la croissance des attentes des clients » explique-t-il.
SNCF a donc lancé le programme 5G en 2019. Aujourd’hui, trois plateformes de co-innovation 5G sont déjà montées à Rennes, Nantes et Lyon, et d’autres viendront en 2020. « Il y a un enjeu industriel à la 5G, un enjeu de réduction de la fracture numérique dans notre rôle d’aménageur du territoire. Ce que l’on veut, c’est déployer un ancrage territorial et animer un écosystème pour dynamiser le tissu local » ajoute Sébastien Kaiser.
Ce sont déjà 28 cas d’usage qui ont été identifiés chez SNCF. Par exemple, dans le cadre de l’élaboration de la « gare de demain » à Nantes, en collaboration avec SFR. « L’idée était d’abord de mesurer la couverture externe de SFR en 5G sur la gare, et puis tester toutes les capacités de débit descendant et montant. Le but de cette opération est de creuser tous les sujets de gestion de données vidéo afin d’évaluer si cette 5G grand public pourrait nous permettre d’avoir plus de flexibilité sur ces usages» précise l’expert.
À Rennes, c’est sur la 5G « d’après-demain » que le groupe travaille au sein d’un Living Lab avec l’opérateur Orange et l’équipementier NOKIA. « On va tester différents cas d’usage avec du très haut débit : aujourd’hui on mesure 1,7 gigabits/seconde. Cela permettra le téléchargement instantané en quelques secondes d’une série entière en gare. Ce système soulagera la connectivité le long des voies tout en permettant aux clients d’avoir une expérience intéressante pendant leur voyage » ajoute-t-il.
SNCF Voyages veille également à fournir dans la gare, en temps réel, des services de vidéochat très haute définition pour, par exemple, permettre un échange avec un téléconseiller afin de changer son billet.
Enfin, à Lyon Part-Dieu, l’entreprise ferroviaire travaille aussi sur plusieurs applications de la 5G à plus ou moins courts termes avec Bouygues Telecom. « On teste différents cas d’usage : l’idée c’est de récupérer à une vitesse prodigieuse les datas techniques du train dès qu’il arrive en gare, et ce à des fins de maintenance prédictive » développe Sébastien Kaiser. La maintenance augmentée est également en cours de mise en place afin d’aider les techniciens à distance.
Des enjeux et potentialités de la 5G qui sont donc tout autant industriels que grand public, aux impacts notables tant sur les habitudes de consommation des voyageurs, que sur la performance industrielle des entreprises.
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Photo de couverture : Jens Johnsson ( @jens_johnsson )
Photo de smartphone : Mika Baumeister ( @mbaumi)