La Deutsche Bahn et SNCF sur la voie de la collaboration « open »
Réunis mardi 6 décembre dernier, Deutsche Bahn et SNCF ont partagé leur vision de la transformation digitale et confirmé leur volonté de coopérer dans l’analyse, la mutualisation et l’utilisation de leurs données.
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Par La Redaction
Il est 09h00 du matin au 574 de Saint-Denis. A travers les baies vitrées, le froid parisien qui embrume les rails du RER D fait apprécier la chaleur du buffet. “On en a pour tous les goûts”présente le serveur,“mais le matin, les gens sont avant tout friands de café”. Une source d’énergie bienvenue pour les arrivants, car comme l’avoue d’emblée Guillaume Pepy, directeur de SNCF : “la matinée s’annonce chargée”. En effet, la fine fleur de la Deutsche Bahn est en visite à Paris afin de partager les savoir-faire en matière de transformation digitale et échanger les meilleures pratiques, notamment sur l’open innovation.
Rüdiger Grube, président du groupe ferroviaire allemand, pose les enjeux de la rencontre : “Des entreprises comme Google ou Apple gagnent des fortunes en exploitant des données, sans avoir le centième de nos infrastructures. Nous générons également de la data, mais nous n’en tirons pas assez de valeur. SNCF et DB comptent presque 3 milliards de voyageurs chaque année, soit plus que la population de la Chine et de l’Inde réunies. Le potentiel est immense, l’enjeu crucial pour l’avenir”.
Quand les robots transforment l’expérience client
Pour se persuader de l’importance portée à la digitalisation, il suffit de faire un tour parmi les 12 stands ouverts dans le 574. Au milieu des écrans et autres bornes tactiles, la coqueluche de la matinée mesure un peu plus d’un mètre, renseigne, danse et s’appelle Pepper. Ce robot humanoïde, déjà déployé dans trois gares françaises, est capable d’orienter les voyageurs sur des questions simples quant à leur trajet et les services environnants. Pour les voyageurs, sont présentés, entre autres innovations, les trains autonomes ou l’arrivée du Wifi dans les TGV (avec une couverture de 90% des voyageurs à l’horizon 2020), deux nouveautés capables de transformer en profondeur l’expérience client et collaborateur. En interne, le projet DSMAT, rassemblant toute la documentation nécessaire aux agents de maintenance du matériel sur tablette, permettra d’améliorer les conditions de travail et l’efficacité des opérations.
Open Innovation et startups
Innover. Voilà le maître mot maintes fois répété par Guillaume Pepy : “Il faut être prudent et garder un esprit ouvert. Trop souvent, on se dit que tel projet est une bonne idée, mais que pour des raisons parfois conservatrices cela ne va pas être applicable” a t-il déploré devant l’assemblée. “Nous devons changer de référentiel et voir l’innovation non pas comme une menace, mais comme une chance”.
Et quel meilleur vecteur de renouveau digital que la collaboration avec les startups ? Ces dernières demeurent primordiales pour la transformation interne et externe des grands groupes ; DB et SNCF reconnaissent gagner à mettre en commun leurs découvertes sur ce sujet. Venues spécialement pour l’occasion, les CEO de trois jeunes pousses allemandes (Easy Locker, Konux, Motion Tag) – amenées par DB Mindbox, l’équivalent berlinois de la Fab Open Innovation – et françaises (Bulldozair, Metigate, Deepki) vont défiler au micro pour présenter leurs projets et répondre aux questions de l’assemblée, dont celles du très attentif duo formé par Rüdiger Grube et Guillaume Pepy. Les rutilantes présentations se succèdent dans une ambiance détendue mais studieuse. Ici, Julien Trombini de Metigate cite Sénèque pour illustrer une “business intelligence basée sur les data météorologiques”, afin d’optimiser planning des opérations de maintenance, marketing et gestion opérationnelle. Là, Motion Tag raille gentiment les pannes subies par les distributeurs de billets et propose une méta-plateforme d’achat de titres de transport sur smartphone. “Nos invités nous permettent de constater encore davantage le pouvoir incroyable de l’internet industriel” remarque après-coup Guillaume Pepy. “Pris dans son ensemble, c’est un bond technologique qui pourrait à terme nous faire gagner 20% de compétitivité”.
Enfin, la matinée s’est conclue sur ces mots du directeur de SNCF aux côtés de son homologue allemand: “Quand nous discutons de digitalisation et d’utilisation des données avec le Groupe Deutsche Bahn, nous ne sommes pas concurrents mais alliés. Nous devons chacun faire face à des défis communs. Si nous ne travaillons pas ensemble, dans dix ans, nous n’aurons plus les mêmes places sur le marché. C’est une nécessité vitale”. Sous les applaudissements, le discours se termine par une poignée de main vigoureuse, signe de futures belles coopérations franco-allemandes.