la maintenance mise sur l’innovation pour assister le travail des agents
Les Nouvelles Technologies d’Assistance Physique (NTAP) permettent de confier les tâches les plus simples, pénibles ou dangereuses à la machine, tout en laissant la plus-value – la compétence- aux mains de l’opérateur. Les enjeux sont notamment ceux de la bonne santé et la sécurité des agents, mais aussi l’efficience et la productivité au regard de certaines activités.
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Par La Redaction
Dans les NTAP, deux familles se distinguent : d’un côté, les dispositifs d’assistance physique, soit les exosquelettes, et de l’autre, les robots d’assistance physique, dont les cobots font partie. Ces derniers sont des robots collaboratifs qui travaillent en lien avec les agents. C’est le cas du cobot actuellement en service à Périgueux et Rouen 4 Mares.
Un travail collaboratif
Tout commence en 2015 avec la présentation d’un prototype IsyBot. “À cette époque, nous avions déjà vu plusieurs cobots, mais qui n’étaient que des adaptations de robots… et le sujet cobotique n’était pas véritablement initié chez SNCF”, précise Véronique Touchard, ergonome senior chez SNCF. Ce produit, un bras ponceur, séduit immédiatement l’ergonome grâce à sa modularité. Mais pourquoi un cobot plutôt qu’un “simple” bras robotisé ? Ici, le ponçage concerne des pièces anciennes à restaurer. La force de ponçage dépend du type de pièces à traiter et des niveaux d’usure, qui sont variables. De ce fait, il s’avère impossible de programmer un robot au coup par coup, chaque pièce étant spécifique. C’est d’ailleurs ce facteur qui permet de conserver l’expertise et la compétence chez l’agent, puisque c’est lui qui va programmer la machine via sa connaissance du matériel.
En mode manuel, l’opérateur peut assurer le geste technique avec la ponceuse, la machine appliquant la force adéquate. La vitesse de déplacement du bras est calculée pour protéger de tout danger en cas de contacts éventuels avec l’agent en mode de travail collaboratif : le cobot s’arrêtant de lui-même. Le bras peut également travailler en autonomie. Quel que soit le mode sélectionné, c’est l’agent qui gère les paramètres et programme la machine. Au-delà du ponçage initial, Véronique Touchard imagine d’autres cas d’utilisation du cobot, comme le dépelliculage.
Lutter contre les maladies professionnelles
Cobot et exosquelette s’inscrivent dans une logique de limitation des impacts négatifs potentiels sur la santé, comme les troubles musculosquelettiques et les maladies professionnelles. “Il s’agit de garantir la santé des agents et s’assurer qu’ils puissent rester en poste ”, confirme Véronique Touchard. Le cobot déleste de la charge portée et des vibrations, les deux éléments principaux de la pénibilité liée à l’activité de ponçage.
C’est dans ce même esprit que le service ergonomie mène un projet en open innovation avec une start-up française Ergosanté Technologie depuis presque deux ans, concernant un exosquelette. “Nous avons créé un exosquelette multi assistance qui, entre autres, aide au maintien des bras en l’air pour les interventions au niveau des plafonds des équipements par exemple. Il peut assister la manutention et le support d’outillage”, indique Yonnel Giovanelli, responsable du pôle ergonomie. En pratique, ce système -non motorisé – à base de ressorts est modulaire et s’adapte à diverses activités. Il pourrait aider au remplacement de semelles et garnitures de frein en fosse, au câblage en voiture TGV ou encore à la logistique de manutention des charges. “Après les tests menés cet été, on a quasiment tout développé et on va entrer en phase de validation et homologation afin d’industrialiser le dispositif au 1re semestre 2019 ”, conclut Yonnel Giovanelli.
Toute une pédagogie à déployer
Une partie du travail des ergonomes reste d’accompagner les nouveaux modes de travail induits par ces dispositifs. Les opérateurs se montrent parfois réticents de prime abord face à l’introduction d’un “robot” dans leur environnement. Aujourd’hui, face au retour d’expérience et remontées positives du terrain, les commandes du cobot s’enchaînent. “Il a permis en outre d’économiser 30% sur les consommables (disques ponceurs) depuis sa mise en service”, ajoute Véronique Touchard.