Lancement de Terralpha, le TGV de la donnée
La filiale Terralpha a officiellement été lancée le 21 mai 2021, afin d’apporter l’ultra haut débit aux portes du territoire.
Publié le
Par La Redaction
Un potentiel digital et stratégique
Depuis 2017, le Groupe SNCF a identifié une capacité excédentaire dans les fibres SNCF. e.SNCF et SNCF Réseau ont donc lancé des études pour savoir s’il y avait un intérêt à développer une activité de commercialisation et de valorisation de ce patrimoine de fibres optiques. Très rapidement, des expérimentations ont été mises en place. Par exemple, en allant sur un des sites du campus de Saint-Denis, il y a de très fortes chances que l’accès internet soit alimenté par les fibres ferroviaires. Ces expérimentations ont permis de valider le principe de Terralpha, avant de lancer officiellement le projet le 21 mai 2021.
« SNCF dispose d’un patrimoine assez unique. Grâce à son réseau ferré qui permet de disposer de 35 000 kilomètres de continuité territoriale, nous avons assez tôt dans notre histoire (1990-95) basculé sur de la fibre optique au lieu du cuivre, afin d’acheminer les signaux entre les centres de circulation et les aiguilles, ce qui fait que nous sommes dotés d’un patrimoine de 20 000 kilomètres de fibre optique. Nous avons également 3000 gares et points d’arrêt, ce qui crée un large potentiel de connectivité au sein de points névralgiques pour la population. Nous avons aussi la présence d’électricité aux abords des gares et des voies, et dans le domaine du numérique, l’accès à l’électricité est stratégique » explique Gabriel Chenevoy, Directeur Réseau de Collecte et chargé de mission Terralpha au sein de e.SNCF.
Des caractéristiques définies pour créer de la valeur
La première caractéristique qui a permis la construction du projet Terralpha est le maillage territorial. « Grâce à ce maillage très étendu, nous allons pouvoir apporter l’ultra-haut débit aux portes du territoire, et en quelque sorte créer le TGV de la donnée » explique Gabriel Chenevoy.
Deuxième caractéristique fondamentale, les fibres optiques SNCF suivent les voies ferrées, donc par rapport à d’autres réseaux similaires, elles sont posées de manière assez linéaire, en continue, et droite. « Et un des enjeux clés des décennies à venir, outre la capacité de transport de la donnée, c’est la vitesse de transport de la donnée. Dans le domaine de la fibre optique, plus vous allez droit, plus vous allez vite. Ainsi, les services que Terralpha peut offrir sont dotés de très bonnes performances en termes de vitesse de transmission de la donnée, et donc d’une ultra faible latence à portée de tous » détaille-t-il.
Enfin, la SNCF dispose d’une capacité à opérer un service de confiance, car l’ensemble de ses infrastructures est souverain. « Nous sommes sur une emprise ferroviaire qui est protégée par la Suge (la surveillance générale de la sûreté ferroviaire) et les points d’interconnexion sont aussi protégées par la Suge » précise-t-il.
« En créant Terralpha, l’idée était donc de combiner ces trois caractéristiques pour créer de la valeur pour SNCF. Terralpha est, selon moi, l’incarnation du projet d’entreprise “Tous SNCF”, dans le sens où on a la partie technique et infrastructures qui se combine avec la connaissance du marché des télécoms que l’on a construite depuis plusieurs années, afin de fournir un service qui va faciliter la vie des français et contribuer à l’aménagement numérique du territoire. Et le tout avec une très forte conscience de RSE, car en utilisant des infrastructures existantes, cela évite de nombreuses dépenses d’énergie et de matières premières » conclut-il.
Des cas d’usage au service des acteurs internes, privés et publics
« Le futur public de Terralpha est constitué d’opérateurs et d’entreprises de services numériques – donc du BtoB uniquement. Terralpha sera un des leviers de la transformation du paysage numérique français » explique Gabriel Chenevoy.
Par exemple, une dalle numérique, qui est en cours de construction puis d’expérimentation à Saint-Pierre-des-Corps, sera prochainement développée à plus grande échelle. Elle permettra à un opérateur ou à un industriel de la donnée d’héberger sur un terrain qui a déjà de l’électricité, du haut débit télécom et de la protection, son micro datacenter, où il pourra faire ses opérations de transit de données, de calcul et de stockage. Concrètement, cette dalle numérique est une dalle de béton située à proximité des centres-villes, pour que le temps de latence soit bon, comprenant des adductions électriques, des adductions optiques et une capacité à se connecter au réseau de Terralpha. « Nous sommes donc un accélérateur de l’industrie de l’edge computing, c’est du cloud de proximité » déclare-t-il.
L’idée est également pour les collaboratrices et collaborateurs SNCF de disposer d’une connexion ultra performante, qui va notamment permettre d’avoir des activités autour de la vidéo protection qui demande beaucoup de transport de données, mais aussi d’apporter l’ultra-haut débit dans les sites industriels SNCF, et pourquoi pas à l’avenir apporter le très haut débit dans les logements sociaux opérés par SNCF.
Cela va aussi contribuer à remettre les gares au centre de la ville et d’apporter de nouveaux services aux collectivités territoriales. A terme, les gares pourront ainsi proposer de nouveaux services en leur sein, tels que des centres d’affaires digitaux et des centres télémédicaux pour lutter contre la désertification médicale. À partir des différents points de présence, les opérateurs, qu’ils soient locaux ou nationaux, pourront également s’appuyer sur ces services pour offrir aux citoyens une connexion très haut débit, afin de lutter contre l’exclusion numérique, diminuer les zones blanches et contribuer au plan France THD. Apporter l’ultra haut débit aux portes des territoires est un élément essentiel à la construction des réseaux fixes ou mobiles dans les régions, et un facilitateur de leur développement économique.
Crédit photo couverture : Lars Kienle