Le 574 Nantes, un trait d’union entre SNCF et le Centre-Ouest
574,8km/h, c’est le record mondial de vitesses sur rails, réalisé en 2007 par SNCF. Ce qui a inspiré le nom des 574, les « maisons digitales » du Groupe SNCF implantées à Saint-Denis, Toulouse, Nantes, Lyon, Lille et Marseille depuis peu. Leur création s’inscrit dans la volonté de disposer de lieux au plus près du terrain pour accompagner la transformation digitale des collaborateurs et clients de SNCF et ainsi, permettre à l’entreprise ferroviaire de développer des projets digitaux, pilotés par des équipes projet alliant métiers et experts technologiques. Découvrez les coulisses de la transformation du Groupe grâce à notre série d’interviews des responsables 574.
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Par La Redaction
Le 574 Centre-Ouest est situé à 300 mètres de la gare de Nantes, pour des raisons pratiques d’accessibilité, mais aussi pour illustrer la proximité avec les acteurs SNCF de terrain. Thierry Delavaud, responsable du 574 Centre-Ouest, et Mounir Belhamiti, directeur de mission transition numérique, nous parlent de ce lieu.
Le 574 Nantes, en quelques mots ?
Thierry Delavaud : Nous avons une vingtaine de personnes qui travaillent au 574 à Nantes. Ce lieu regroupe deux espaces : Effervescence, qui fait environ 180 m², qui permet d’accueillir les équipes de tous les métiers pour des séquences de travail collaboratif et Prototypage, qui en fait 200 et où sont hébergées des équipes projets. On y retrouve le Laboratoire Innovation et Prototypage (LIP) d’e-SNCF, qui est là depuis le lancement fin 2015, un représentant de l’IoT Factory, l’équipe innovation de la DSI Transilien, un représentant de la direction du service de SNCF Voyages, et enfin Mounir Belhamiti. Les compétences présentes et les sujets travaillés nous ont amené à recevoir beaucoup de monde aussi bien pour découvrir, s’inspirer, bénéficier de conseils que pour nous demander un accompagnement sur des projets. C’est ce qui nous anime au quotidien.
Quels sont vos enjeux principaux au vu du contexte régional ?
Thierry Delavaud : Notre proximité avec les métiers nous amène à poursuivre notre mission d’acculturation, notamment à travers les partenariats que nous avons noué avec l’écosystème régional, tel que celui de La Cantine.
En parallèle, notre lien avec le terrain nous offre la possibilité d’être à l’écoute des besoins et d’accompagner les collaborateurs-trices dans la réalisation de leur projet. Ensuite, notre transversalité concorde en tout point avec cette logique territoriale que nous incarnons déjà depuis 5 ans, par cette volonté de fédérer les énergies internes dans la mise en visibilité de l’innovation SNCF au sens large. Beaucoup d’évènements nous ont permis de nous faire connaitre sur le territoire et de démontrer notre transformation. Il reste beaucoup à faire.
Mounir Belhamiti : « SNCF sort d’une décennie de virage numérique. Le réseau des 574 a permis d’accompagner la prise en main des nouvelles technologies et l’acculturation numérique en embarquant tout le monde, sans laisser personne sur le bord du chemin – enfin au bord du quai pour nous !
La crise de la Covid nous a forcé à nous réinventer, et a rendu le virage du télétravail, et donc celui des mobilités et des réseaux, d’autant plus pertinent. Elle a mis en valeur le rôle capital des clusters – les bons clusters ! – dans l’organisation du travail.
Nos enjeux d’accompagnements varient aussi selon les régions, avec des niveaux d’intervention différents de notre part. Il y a encore des synergies à construire sur des sujets divers ce qui nous amène à faire preuve de gymnastique dans différents domaines. »
Quels sont vos projets phare qui concourent à ces enjeux ?
Thierry Delavaud : « Nous avons trois projets qui représentent bien le 574 Centre-Ouest. Tout d’abord le projet Détection Départs Arrivées, ou DDA, depuis un besoin de l’EIC Pays de la Loire (SNCF Réseau). Jusqu’à maintenant, les départs des trains de la gare de Nantes, sont confirmés lorsqu’ils passent la première balise Bréhat située à 3 kms en direction de Paris notamment, c’est-à-dire entre 3 à 4 minutes après leur départ réel. Ce projet a été pris en charge par l’équipe du LIP (Laboratoire Innovation & prototypage) qui s’est appuyée sur la technologie RFID pour disposer des tags sur certaines rames qui lorsque ces dernières passent devant un boitier disposé en fin de quai, permettent de valider leur passage donc leur départ. C’est une vraie contribution au programme H00.
Mounir Belhamiti : « Ensuite il y a le projet Greenlab4IoT, qui permet de fournir des informations que nous n’avions pas avant, sur tout l’impact carbone et pollution des capteurs que l’on utilise. Avant de massifier leur usage avec l’IoT, nous allons pouvoir connaître la durée de vie des composants, l’impact de leur maintenance ainsi que les possibilités de recyclage, grâce à un banc de tests des matériaux et composants utilisés. C’est une réponse à un appel à projet de l’ADEME lancé en 2018, et nous y répondons avec un consortium de trois entreprises innovantes du territoire. » Cela confirme notre ancrage territorial.
Thierry Delavaud : Enfin il y a le projet Congestion routière, proposé par la direction territoriale de SNCF Réseau Bretagne Pays de la Loire, plus précisément son pôle Emergence, Prospective et MOA. L’idée est de modéliser la congestion routière révélant ainsi l’utilité du réseau ferroviaire. Pour cela, la solution collecte des données de temps de trajet routier en temps réel et les compare avec les temps de trajet SNCF. Elle met ainsi le train en valeur. Nous avons accompagné le porteur de projet et confié la réalisation du PoC (proof of concept) en 2020 à la factory Data/IA d’ITNOVEM, en mesurant les temps de parcours routiers entre Nantes et Rennes.
L’idée est à terme de prédire l’avenir pour la direction territoriale Réseau, qui fait de la prospective à 5, 10 voire 15 ans et suggère différents scénarios d’évolution sur les infrastructures ferroviaires. Nous sommes sur un outil d’aide à la décision et qui pourrait aussi servir d’autres directions pour argumenter sur les bénéfices du train.
Quelle méthode employez-vous afin de réaliser ces projets, en collaboration avec les autres acteurs du numérique ?
Thierry Delavaud : Nous rencontrons toujours le porteur d’une idée. Celle-ci doit faire l’objet d’un sondage interne en 360° afin d’avoir la meilleure vision sur le cas d’usage exprimé et déterminer si celui-ci a déjà été traité ou non, si des expérimentations sont en cours, si des retours d’expérience ont été fournis etc… Nous sommes là pour éviter de faire des doublons et devons être créateur de valeur pour l’ensemble du groupe (industrialisation en vue). Si les retours nous confirment un intérêt pour travailler le sujet selon différentes conditions bien entendu pour mener à bien sa réalisation, nous employons alors la méthode 3X3X3 (émergence, cadrage, expérimentation) et nous nous tournerons toujours en premier lieu vers les compétences et solutions internes avant d’explorer des pistes externes.
Demain, comment souhaitez-vous accélérer les initiatives digitales grâce à votre maison digitale ?
Thierry Delavaud : « Le contexte [de la pandémie] est forcément particulier, l’année 2021 va donc être placée sous le signe de l’adaptation et de la réinvention. Le réseau des 574 va être moteur sur de nouvelles propositions, et nous travaillons tous ensemble pour mieux marketer notre offre envers les entités de groupe SNCF. Nous allons également promouvoir l’AR/VR, et attendons l’arrivée de la future plateforme de financement participatif qui, comme nous l’espérons, devrait permettre aux métiers de se lancer dans des projets.
La notion de territoire aura encore plus de sens avec l’arrivée des équipes « coordination régionale du groupe » dans les régions de notre périmètre géographique. Nous devrions avoir des synergies avec ces dernières qui partagent toute l’envie qui nous anime, de mettre davantage en visibilité la transformation du groupe par le numérique, tant en interne qu’en externe.
Nous travaillons aussi sur l’expérimentation de la solution Smart Office, qui est réalisée par l’équipe innovation de la DSI Transilien que nous hébergeons. C’est une solution de facility management qui nous permet par exemple d’expérimenter la libération de nos bureaux en flex office quand nous n’y sommes pas, ce qui va bien sûr être le cas au moins deux à trois jours par semaine après la pandémie. »
Bref, nous continuons à préparer demain !