L’IoT au service d’une gestion innovante des gares – 5 questions à Amira Belarif
En France, les grandes gares sont en train de se transformer en « city booster ». En parallèle des activités de plus en plus diversifiées que l’on peut imaginer au sein de ces espaces, SNCF Gares & Connexions a lancé une série de projets afin de bâtir de véritables ” gares connectées “. Cette initiative passe donc par leur modernisation, et surtout par la digitalisation des services proposés et exploitations des patrimoines.
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Par La Redaction
L’objectif ? Créer une nouvelle expérience en gare en menant une gestion plus innovante et en améliorant la qualité de ces services. Parmi ses équipements de plus en plus connectés, les équipements d’élévatique font l’objet d’un projet IoT en cours d’industrialisation. Amira Belarif, responsable Innovation et conduite du changement de SNCF Gares & Connexions, apporte des précisions sur ce projet qui devrait améliorer la disponibilité de ces équipements facilitant la circulation en gare.
Pourquoi SNCF Gares & Connexions a voulu apporter une nouvelle solution sur l’élévatique ?
Aujourd’hui, si ascenseurs et escaliers mécaniques sont mis à disposition de nos voyageurs dans les gares, nous ne sommes pas encore en capacité de connaître leur fonctionnement en temps réel, et ainsi de garantir une qualité de service optimale. SNCF Gares & Connexions veut augmenter sa réactivité en cas de dysfonctionnement et collecter les données des gares de manière plus qualitative.
Par ailleurs, nous avons des obligations de niveau de service à respecter vis-à-vis de nos partenaires. Par exemple, en Ile de France, quand le niveau de service en gare ne respecte pas les critères du STIF, il est possible que nous ayons des pénalités. L’enjeu est donc également financier.
Quelles sont donc les solutions que vous apportez ?
Dans ce contexte, nous avons lancé plusieurs expérimentations ciblées sur les différentes problématiques. Cela nous a permis d’identifier la pertinence des solutions techniques, la fréquence à laquelle nous devons réceptionner les données, puis de réfléchir au traitement de celles-ci par la suite.
Début 2017, nous avons réalisé un PoC sur les escaliers mécaniques en gare de Lille. Nous les avons équipés de pinces ampèremétriques qui mesurent le courant. A Reims, Bordeaux et Dijon, nous avons comparé des solutions « de bout en bout » destinées aux ascenseurs : ce sont des « boîtes noires » qui sont capables de collecter les données et ensuite de les regrouper avec les informations provenant des automates existants dans l’ascenseur (l’ouverture des portes, l’état général de l’ascenseur, etc.). En ce qui concerne les pompes de relevage, nous sommes en cours d’investigation afin de trouver des solutions complémentaires.
Pourquoi vous être tournés vers l’IoT ?
Il a fallu trouver une solution technique adaptée, aux coûts maîtrisés, et aller très vite dans sa mise en œuvre. Ce triptyque nous a vite fait converger vers l’IoT. Nous sommes conscients des solutions filaires existantes, mais elles nécessitent une mise en œuvre bien plus complexe.
Un zoom sur le côté technique : vous nous parlez des capteurs, de la connectivité et des données ?
Les technologies de capteurs ne sont pas novatrices en soi. En revanche, leur déploiement sur nos cas d’usage est en effet nouveau. Dans des projets d’innovations, nous sommes souvent tentés d’en demander un petit peu plus, d’aller un cran plus loin. Mais notre équipe a voulu rester alignée sur les besoins identifiés, en choisissant les capteurs les plus adaptés, et non pas ceux qui sont plus chers ou « surqualifiés ».
Nous acceptons aussi de traiter les « inconvénients » de ces solutions innovantes, notamment la connectivité des réseaux de communication IoT. D’une part, la couverture n’est pas suffisamment fine à cause de leur parution récente ; d’autre part, nos équipements se trouvent souvent sous des dalles bétons, des sous-sols, ou d’autres endroits peu accessibles. Face à cette question, nous avons réalisé des tests de connectivité avec la Fab IoT et avons choisi le réseau LoRa. Nous envisageons également de maximiser le degré de connectivité en ajoutant des antennes supplémentaires (passerelles).
En collaboration avec la Fab IoT, nous allons pouvoir agréger nos données sur la plateforme IoT du Groupe et utiliser leur interface IoT dédiée à la visualisation des données. Les agents qui travaillent en gare pourront se servir de ces données pour améliorer la gestion des sites, et les experts métiers de SNCF Gares & Connexions auront, à terme, une vision beaucoup plus macro et analytique du fonctionnement des équipements.
Quelles sont les perspectives de ce projet ?
A court terme, nous voulons transmettre ces informations équipements aux voyageurs, via des applications par exemple. Une identification du meilleur canal de diffusion est en cours.
L’industrialisation de la solution à l’échelle nationale est prévue à l’horizon 2018. La branche a d’ailleurs pour objectif d’explorer le monde de la télé-opération, c’est-à-dire de commander nos gares à distance. Nous envisagerons la gare, dans sa globalité avec tous les équipements et toute l’infrastructure, connectée et gérée à distance en temps réel : nous serons sans doute amenés à utiliser encore davantage les solutions IoT.