Numérique responsable : quels sont les engagements du groupe SNCF ?
Le numérique responsable fait partie des sujets majeurs de la politique de développement durable menée par le groupe SNCF. De la sensibilisation de tous et toutes aux pratiques responsables jusqu’à la création de projets éco-conçus et durables, les engagements de la SNCF sont nombreux.
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Par La Redaction
Quel est le contexte actuel du numérique responsable au sein du groupe SNCF ? Comment s’engage-t-il à court et long terme dans la transition numérique et écologique ? Autant de questions auxquelles Julien Nicolas, directeur numérique du groupe SNCF, Xavier Verne, directeur du numérique responsable et Sophie Sabos, ancienne directrice du numérique responsable, répondent lors d’un webinaire diffusé à tous les collaborateurs.
Une culture de la responsabilité et de la sobriété
« La RSE a pris une nouvelle dimension dans le groupe depuis quelques années. Nous avons d’ores et déjà la chance de proposer un service décarboné, mais nous passons aujourd’hui à une nouvelle ère, où nos clients attendent davantage de nous sur ces sujets, où les contraintes légales sont de plus en plus importantes, où les collaborateurs en quête de sens attendent de leur entreprise qu’elle ait une cohérence forte entre ses annonces, ses pratiques et ses services. Ces valeurs sont ancrées dans la nouvelle raison d’être du groupe : « Agir pour une société en mouvement, solidaire et durable. » Nous ne sommes pas parfaits, les marches sont hautes à grimper, nous avons besoin de vous tous. », introduit Julien Nicolas.
Un contexte économique et politique complexe
Pour comprendre la situation, il faut savoir que le Groupe SNCF est le premier consommateur industriel français d’électricité, soit 10 % de l’électricité industrielle et 1 % de la consommation globale d’électricité en France. En plus de la sobriété énergétique mise en place, l’entreprise doit aussi considérer l’aspect économique, en raison de l’augmentation des coûts de l’énergie. Le ministre des transports, Clément Beaune, a demandé au groupe SNCF, comme à tous les grands industriels, de travailler sur un plan de sobriété pour réduire la consommation d’électricité de 10 %.
« À la direction du numérique, nous devons donc, nous aussi, contribuer à cet effort collectif, dans nos projets, dans notre façon de construire le numérique, dans nos gestes quotidiens… Par exemple, Socrate, le datacenter de Lille, est dans le top 5 des bâtiments qui consomment le plus chez SNCF. Nous avons donc commencé à travailler sur son efficience et sa rationalisation, et nous mettons à l’œuvre des migrations cloud pour réduire les impacts environnementaux.» explique Julien Nicolas.
Quelles sont les bonnes pratiques du numérique responsable ?
Le numérique responsable comporte deux aspects. Le premier se joue au niveau des achats de matériel et logiciel et de l’éco-conception, c’est le « GreenIT ». Et le second se base sur l’utilisation des outils numériques afin de diminuer notre impact environnemental, en mesurant par exemple la consommation éléctrique dans les bâtiments afin de la réduire, ou en utilisant la data pour avoir une meilleure efficacité et optimiser nos processus métier.
« Nous devons aussi mettre à contribution nos partenaires, être exigeants, mais également les accompagner sur le sujet environnemental. Cela se traduit par des exigences spécifiques auprès des fournisseurs lors des appels d’offre via une pondération adaptée. Nous avons 20 % de la note fournisseur basée sur des critères RSE. », détaille Julien Nicolas.
Dans les pratiques quotidiennes, beaucoup d’initiatives sont mises en place, comme « La grande collecte », qui a permis de remettre 50 000 équipements informatiques dans une filière de seconde vie (recyclage, réemploi ou réutilisation de pièces). Un geste qui a son importance à l’échelle d’un groupe comme la SNCF au vu de l’impact carbone et ressources du matériel.
Les indicateurs environnementaux permettant de mieux visualiser nos consommations se démocratisent, comme par exemple, le programme Pilot’R de rationalisation des dotations de matériels informatiques individuelles. « Ce n’est que grâce à la mesure de notre impact, que le progrès sera important et visible. Nous avons donc demandé à ce que dans chaque projet nous ayons de l’éco-conception mais aussi des mesures précises de l’impact de ce projet. Quand par exemple nous changeons un logiciel, doit-on aussi upgrader notre matériel ? Voilà le type de questions que chacun doit se poser. » précise le directeur numérique du groupe SNCF.
« C’est une culture de la responsabilité, de la sobriété qui doit être diffusée au sein du Groupe. Tout le monde est acteur, et tout le monde a une partie de la solution à mettre en place. » conclut Julien Nicolas.
Des objectifs ambitieux pour 2022 et 2023
Le groupe SNCF a mis en place cinq indicateurs : le nombre de collaborateurs sensibilisés au numérique responsable, le nombre de collaborateurs de la LMN (Ligne Métier Numérique) formés au numérique responsable, le nombre de partenaires non dotés de matériel, le nombre de terminaux partant dans une filière de seconde vie et le nombre de projets ayant entrepris une démarche d’éco-conception.
Les objectifs 2022 pour chaque indicateur étaient ambitieux. « Nous avions pour but de sensibiliser 4 500 collaborateurs sur les premiers éco-gestes, et nous allons probablement dépasser ce nombre d’ici la fin de l’année, car nous avons multiplié les interventions. », détaille le directeur du numérique responsable, Xavier Verne. Sur le sujet de la Ligne Métier Numérique, l’enjeu majeur est la montée en compétences des collaborateurs en DSI. « L’idée en 2023 sera d’étoffer l’offre de formations en interne et en externe, avec des modules de formation à l’éco-conception par exemple. » précise-t-il.
Le matériel, de l’éco-conception au recyclage
Les objectifs autour de la gestion du parc sont également importants, car le matériel compte pour une grande partie du bilan carbone numérique. « Avec le projet « Bring Your Own Device (Venez avec votre propre matériel) », nous ne souhaitons plus doter systématiquement nos prestataires d’un PC SNCF ou encore d’une licence Office 365 lorsque ce dernier dispose déjà de ce type de ressources. » explique-t-il. Le pilote a donné l’occasion à une dizaine de prestataires de tester ce nouveau dispositif, et l’offre s’est ouverte à tous le 10 octobre 2022.
Pour l’éco-conception, plusieurs DSI se sont emparées d’une « check-list d’écoconception » de 30 questions, dont les objectifs sont de sensibiliser les projets sur les enjeux du numérique responsable, définir les parties prenantes du projet qui ont le plus d’impact, choisir un indicateur adapté au projet et enfin, orienter vers des formations, des outils et des référentiels d’éco-conception.
Et parce que la gestion du matériel se fait aussi à l’achat, en investissant dans des produits éthiques et responsables, SNCF a choisi de lancer un projet pilote autour du smartphone éthique « Fairphone ». « L’industrie de la téléphonie mobile est loin d’être exemplaire au niveau éthique sur les impacts sociaux et environnementaux. Nous avons donc décidé d’aller plus loin sur ce sujet en travaillant avec un acteur qui répond à nos exigences en termes de sécurité des données, de satisfaction utilisateurs (ergonomie) et de responsabilité environnementale, c’est Fairphone. », explique Xavier Verne. Mais ce qui le rend vraiment unique, c’est son éco-conception par une entreprise néerlandaise aux convictions environnementales fortes. L’enjeu à présent est de savoir s’il répond aux besoins de nos collaborateurs, dans les bureaux et sur le terrain.
Une application pour évaluer et gérer son empreinte carbone numérique
À la suite de nombreuses demandes du Groupe pour avoir davantage d’indicateurs sur les sujets du numérique responsable, l’application « Mon E-Carbone » a été développée. En phase beta , elle a pour objectifs de rappeler les bonnes pratiques validées par le Groupe et étayées par des études scientifiques, mais aussi de donner l’empreinte carbone numérique d’un collaborateur pour ses usages courants en se basant sur quelques facteurs clés : sa dotation matérielle, son usage d’Office 365 et ses impressions, et enfin de permettre de lancer des scripts d’effacement d’Outlook & One Drive en accompagnant pas à pas l’utilisateur. Ces scripts se basent pour Outlook sur le poids des emails, leur date d’envoi, l’usage qui en est fait ; pour OneDrive sur les doublons.
« Cette application a été pensée pour l’ensemble des collaborateurs, tous métiers confondus, elle est donc mobile, puisque l’on sait que la majorité d’entre eux utilise plus de smartphones que d’ordinateurs, mais aussi ergonomique et simple d’utilisation. L’application se veut rassurante pour l’utilisateur, surtout en ce qui concerne l’effacement des données. Grâce à des messages d’alerte et de validation avant action, chacun a la possibilité d’une sauvegarde externe avant suppression ou process de récupération des données. », explique Sophie Sabos.
Pour la partie bilan carbone de cette application, un aspect ludique a été mis en place avec des niveaux, afin de pouvoir constater sa progression au fur et à mesure de l’adoption de nouveaux comportements plus éco-responsables, sous forme d’actions à effectuer, comme supprimer des mails ou des documents, donner une seconde vie à son matériel obsolète via la grande collecte ou la boutique éco…