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#PortraitRobot – Laurent Alexandre, le chirurgien qui veut former Guillaume Pepy à l’IA

Attendu avec beaucoup de fébrilité au 574 de Saint-Denis, « le gourou de la biotech » a fait salle comble le 17 mars dernier lors de son atelier « L’intelligence artificielle va-t-elle menacer nos métiers de demain ? ». Nous l’avons rencontré en sortant de la conférence : l’occasion parfaite de lui poser nos questions sur l’évolution digitale, notamment chez SNCF.

Publié le

Par La Redaction

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Le célèbre chirurgien-urologue, cofondateur de Doctissimo et grand promoteur des NBIC est aujourd’hui à la tête d’une entreprise de séquençage ADN (DNAVision). Avec la fameuse prédiction « Dans un siècle, on a Matrix » récemment prononcée au Sénat, Laurent Alexandre rappelle aux Français l’urgence de repenser le pouvoir de ces technologies.

Le « long termiste » s’inquiète du niveau de compréhension et d’intérêt européens sur l’intelligence artificielle. A l’échelle planétaire, il a recensé quelques 12 producteurs d’IA faible – notamment « les GAFA et BATX » – tandis que l’Hexagone exporte ses spécialistes (comme Yann Le Cun , directeur de la recherche en IA chez Facebook) et importe de l’IA prête à consommer. Selon Laurent Alexandre, le remède serait l’éducation et la formation professionnelle. D’après lui, les profils transversaux (avec une forte emphase sur les humanités) se verront moins concurrencés par l’IA faible, encore incapable de reproduire le niveau de polyvalence démontré par l’encéphale humain.

Ses applications incontournables, sa « destination innovation », sa définition et sa vision du digital, le « super pouvoir digital » qu’il aimerait avoir, le visionnaire qu’il aimerait rencontrer… Découvrez le portrait-robot du « bon docteur ».

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Quel est votre premier geste digital le matin ?

Je vais sur Twitter.

Si vous aviez un assistant virtuel ?

Il me servirait à optimiser mon emploi du temps, encore mieux que Google Agenda. Un outil qui fasse jour et nuit ce que fait mon assistante ; à 03h00 du matin, je ne peux pas la réveiller, contrairement à mon assistant électronique.

Les trois applications qui ne vous quittent plus ?

WhatsApp, Twitter et Pokémon Go (rires) – je suis presque au niveau 30 -.

Demain, plus d’Internet. Ce qui vous manque le plus ?

WhatsApp ! Je m’en sers beaucoup pour communiquer avec tout le monde, avec mes enfants. Le mail j’y survivrai très bien mais WhatsApp, ce serait difficile.

Quelle tâche quotidienne digitaliseriez-vous ?

Les tâches domestiques, je pense.

“Destination innovation”, où partez-vous ?

Lausanne, avec l’EPFL (École polytechnique fédérale de Lausanne). Ça va changer de la Silicon Valley.

Si le digital n’avait pas existé, où en serions-nous aujourd’hui ?

En 1960, il n’y avait pas de digital et nous n’en mourrions pas. Donc si le microprocesseur n’existait pas, nous survivrions sûrement !

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Quel visionnaire, créateur, influenceur auriez-vous aimé rencontrer (pourquoi) ?

Mark Zuckerberg, par rapport à son plan visant à supprimer toutes les maladies humaines d’ici 2099. Sur quels critères hiérarchisera-t-il ? Et comment détermine-t-il cet ordre ? C’est une question morale importante.

Quel projet de SNCF lié à la digitalisation vous semble le plus emblématique ? Et vous, que feriez-vous pour aller plus loin dans la digitalisation de SNCF ?

Le co-voiturage. L’extension au-delà du train. Et dans le futur, le développement d’une flotte de « voitures autonomes » pour se rendre de points en points… Je préfèrerais que cette technologie soit développée par SNCF plutôt qu’Uber : c’est une entreprise française et j’aimerais que l’Europe ait moins de retard dans le domaine. Que ferais-je ? Je formerais à l’intelligence artificielle les dix principaux cadres dirigeants de l’entreprise, y compris Guillaume Pepy. Je pense que c’est crucial !

Selon vous, où en sera le digital dans 10 ans chez SNCF ?

Dans le cœur de métier, ce sera l’activité principale de la société. Pas dans 10 ans mais dans 20 ans. SNCF va devenir une entreprise informatique.

Si vous aviez un superpouvoir digital, quel serait-il ?

Aider les gens à se former en comprenant mieux leur structure cognitive, par l’analyse de leur fonctionnement cérébral. Ce que nous parviendrons à faire, incessamment sous peu. Je pense qu’il est crucial de bien mieux former les individus.

Quelle est/serait la meilleure chose que la digitalisation peut/pourrait offrir à notre société ?

Moderniser l’école. Personnaliser l’enseignement pour faire galoper les étudiants plus vite et éviter qu’ils ne soient écrabouillés par l’IA faible. Il faut cesser d’abandonner les gens sur le côté, il faut les accompagner.

Question Techno-Philo #1 : pensez-vous que les robots/IA seront un jour conscient de leur origine ?

Si une IA forte émerge, oui. Mais à ce jour, il n’y a aucun consensus scientifique sur l’horizon à laquelle nous serons en présence d’une IA ayant conscience d’elle-même. D’ailleurs, pour bien marquer la différenciation : le robot ne va pas être conscient, c’est son IA qui pourrait le devenir. Le robot en lui-même, c’est de la ferraille, la partie mécanique n’est pas en mesure de penser. La conscience ne dépend pas de l’enveloppe, vous pouvez avoir un robot qui fait la même tâche de manière répétitive et qui a tout de même conscience de lui-même. Vous pourriez avoir une Tesla qui conduit sans savoir qu’elle existe et une Tesla qui conduit en sachant qu’elle existe. Dans le futur, nous pourrons avoir autant de robots avec ou sans intelligence artificielle.

Question Techno-Philo #2 : que devrait faire le premier trillionaire de sa richesse ? (NDLR : qui, selon Laurent Alexandre, travaillera dans l’intelligence artificielle)

Si c’est Mark Zuckerberg, il va – comme il l’a annoncé – tenter de traiter toutes les maladies humaines d’ici 2099. Tous les milliardaires californiens consacrent leur fortune à des œuvres philanthropiques : les nouveaux milliardaires vont donc continuer à faire de la philanthropie à plus grande échelle. En somme, ils ne bouffent pas trois poulets à midi.

Pour terminer, quelle est votre définition du mot “DIGITAL” ?

Le pays où les vieux ne vont pas.

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