Quand l’industrie du sommeil s’éveille
Electronique et sommeil ont toujours été considérés comme non compatibles. Or, le marché des dispositifs digitaux destinés aux troubles du sommeil pour les secteurs US et européens est passé de 95,6 millions de dollars en 2013, à 125,8 millions en 2017…
Publié le
Par La Redaction
Ceci n’est pas un scoop : nous dormons de moins en moins bien. Depuis quelques années, les premiers pointés du doigt sont les écrans de nos télévisions, téléphones, ordinateurs ou tablettes.
La légende des ondes et le bleu qui empêche de rêver
« L’influence des ondes sur le sommeil est soupçonnée, elle n’a cependant jamais été prouvée » affirme Joëlle Adrien, Directeur de recherche à l’INSERM et Présidente de l’Institut National du Sommeil et de la Vigilance. Une information qui rassurera peut-être les plus de 4 français sur 10 qui emportent leurs téléphones dans leur chambre à coucher. Mais ondes nocives ou pas, pour ceux qui le consultent parfois pendant plus d’une heure bien installés sous la couette, les bras de Morphée risquent de leur rester fermés. « L’incidence la plus importante des appareils électroniques du quotidien est celle de la lumière bleue diffusée par les LED de nos écrans » d’après la spécialiste du sommeil.
« Tous les jours, nous avons besoin de ce signal lumineux, spécifiquement de la lumière bleue, pour indiquer à notre horloge biologique que la nuit s’achève » ajoute l’experte. Pour ce faire, cette lumière freine la production de l’hormone du sommeil : la mélatonine. « Ce qui est flagrant, c’est que les appareils digitaux donnent lieu à un sommeil de moins bonne qualité, et des réveils fréquents pendant la nuit » confie le Docteur Royan-Parola, psychiatre spécialiste du sommeil. Ces effets sont aussi accentués par l’état de disponibilité constante dans lequel les individus se mettent : « nous sommes susceptibles d’être réveillés à toute heure du jour ou de la nuit » rapporte Joëlle Adrien. Une position dite de « sentinelle », qui nous prive de l’abandon nécessaire au repos.
Marchand de sommeil ou marchand de rêve ?
A la rescousse des mauvais dormeurs, de plus en plus d’applications et de dispositifs de haute volée voient le jour. « Il y a aujourd’hui deux systèmes qui permettent d’enregistrer le sommeil dans sa longévité. L’un est basé sur les mouvements du poignet, à l’instar des montres connectés, l’autre est basé sur les mouvements du corps grâce à des capteurs placés sur le matelas » explique Joelle Adrien. « Ce processus permet de savoir combien de temps la personne dort, mais ne peut absolument pas juger de la qualité du sommeil. Pour mesurer l’état, juger de la qualité du sommeil, il faudrait enregistrer l’activité cérébrale ou cardiaque des individus » précise Joëlle Adrien.
C’est le procédé proposé par la startup Dreem. Par le biais d’un casque de nuit, elle enregitsre l’activité cérébrale des utilisateurs. L’appareil va même jusqu’à envoyer des ondes sur le front des usagers. « C’est là une expérience menée par un chercheur américain qui n’a toujours pas été validée par la communauté médicale » affirme la Directrice de recherche. Mais si les innovations émanant de ces jeunes pousses qui projettent de résoudre un des grands maux de notre ère n’ont toujours pas été validées, c’est du fait de la complexité et du coût important des recherches.
Chassez le naturel, il revient au dodo
Faute de mieux dormir la nuit, il pourrait néanmoins être plus facile de se reposer dans la journée entre deux trains ou le temps d’une micro-sieste au travail. Et la solution pourrait bien venir de la startup Sombox. Déjà présentée lors du Meetup Open Transport de Rouen, elle offre une solution aux voyageurs ou professionnels en quête d’un repos réparateur en un temps record : la boite à sommeil. « Nous avons imaginé une technologie d’optimisation de la sieste. L’objectif est d’améliorer la qualité du repos sur une courte période. Pour ce faire, nous simulons différentes phases : coucher et lever du soleil, en complément de luminothérapie, musicothérapie et d’aromathérapie » affirme Yann Buet, co-fondateur de Sombox. D’après Joëlle Adrien, « les conditions environnementales y sont contrôlées, c’est là le meilleur moyen d’avoir un sommeil de qualité ».
Ces boîtes à sieste, labellisées pour les prochains Jeux Olympiques durant le dernier salon Viva Technology, seront étudiées et éprouvées par la communauté scientifique ces prochains mois. Elles seront introduites au grand public sur l’aire d’autoroute du Mans au premier trimestre 2018, puis sur l’aire des volcans d’Auvergne en juillet 2018. A quel prix ? Les tarifs sont aujourd’hui fixés à 6 euros pour trente minutes.
Si les applications et innovations liés au sommeil sont nombreuses, rien de mieux pour le moment qu’un environnement contrôlé, vierge de tout dispositif digital, pour dormir dans les meilleures conditions.