Quand l’IoT sécurise l’aiguillage des Intercités

Dans les Technicentres SNCF, plus précisément sur les voies de service, les trains Intercités sont régulièrement examinés, réparés, voire recomposés en fonction des trajets. Ces voies sont souvent accessibles depuis les voies principales avec un aiguillage manuel. Ce sont les agents aiguilleurs qui manipulent les leviers d’aiguillage installés aux bords de ces voies – à pied d’œuvre, et on parle alors des « aiguilleurs de plaine », ou à distance d’un poste d’aiguillage –, afin de positionner les aiguilles au bon endroit, et ainsi tracer les itinéraires des trains.

Le problème : un « aiguilleur de plaine » réalise chaque jour 80 manœuvres de ce type. Il est exposé aux risques de sécurité, si les trains ne sont pas envoyés vers les bonnes voies. L’Etablissement Produit Train Intercités de Paris Saint-Lazare et la Fab IoT de SNCF souhaitent remédier à cela avec un système basé sur les objets connectés.

Contactée par Intercités, la Fab IoT a installé les capteurs IoT sur les leviers d’aiguillage (de la voie 15 à la voie 20 de l’établissement) lors de l’expérimentation. « Ces ‘inclinomètres’ sont capables de calculer vers quelle direction, et donc sur quelle voie l’agent a positionné l’aiguille, notamment via la mesure d’angles d’inclinaison du levier », explique Emmanuel Gadenne, Chef de projet à la Fab, « et les informations sont représentées visuellement via les interfaces en temps réel. » Autre avantage, la batterie du capteur fonctionne jusqu’à deux ans, précise le chef de projet.

En effet, le schéma est disponible via navigateur du PC, ou via l’outil Mobile@Work sur smartphone ou tablette. Les aiguilleurs de plaine, eux, peuvent désormais connaître facilement la disponibilité de toutes les voies de service en un coup d’œil. Quand ils cliquent sur l’icône d’aiguillage, les informations comme la connectivité, la date et l’heure de la dernière manipulation apparaissent, proposant un aperçu de l’état de chaque installation d’aiguillage. 

« Nous sommes dans une démarche itérative », souligne le chef de projet, « c’est pourquoi nous avons commencé par n’équiper qu’un seul faisceau de voies. » Cette première mise en place représente un budget d’environ 45.000 euros. Par la suite, l’équipe envisage d’établir un « kit projet » modulable, à adapter en fonction de chaque futur site de déploiement, et qui baisse davantage le coût du déploiement. « Ce qui est important pour nous, c’est que cela permet d’introduire le digital dans un métier qui ne l’utilisait pas auparavant, nous accueillons donc les nouveaux utilisateurs du digital », conclut Emmanuel Gadenne.