Raphaël Viard à l’Ericsson Day – « Mobility as a service »
Jeudi 5 octobre, Ericsson organisait sa convention annuelle « Ericsson Day » : plusieurs dirigeants du géant des télécommunications se rassemblaient avec des experts d’autres entreprises, afin de partager leurs retours d’expérience quant aux impacts du digital sur leur secteur respectif. En tant qu’acteur ferroviaire et industriel majeur, SNCF était invité à présenter ses cas d’usages, ses initiatives et ses challenges. Retour sur l’intervention du CTO du groupe, Raphaël Viard !
Publié le
Par La Redaction
Devenir un pionnier du « Mobility as a service »
Raphaël Viard est d’abord revenu sur « l’ambidextrie » évoquée par Guillaume Pepy via son compte LinkedIn. Pour le CTO, cette notion s’incarne dans la volonté de « se réinventer » (« améliorer no fondamentaux, la manière dont on fait circuler nos trains et dont on opère notre réseau ferré ») mais également « d’inventer le futur ». Rappelant les bases du programme digital de SNCF (notamment le projet de couverture WiFi des gares, trains et réseau ferré), il a ainsi explicité la nouvelle étape de transformation du groupe ferroviaire : devenir un opérateur majeur du « mobility as a service », un intégrateur de l’ensemble des mobilités partagées. « Notre première crainte, c’est de se faire désintermédier par les GAFA. On veut absolument garder notre relation directe avec nos clients », rappelle-t-il. Ce changement de paradigme implique, par exemple : « La création d’une plateforme multimodale de transport ; on doit passer du transport ferroviaire au transport porte-à-porte ».
"L'IoT est fondamental; or, nous rencontrons de vrais challenges d'industrialisation (temps d'homologation des capteurs par ex)" @RaphViard pic.twitter.com/RO3WtylkFr
— SNCF Digital (@SNCF_Digital) 5 octobre 2017
L’exploitation de la donnée : le nerf de la guerre
Plutôt que de ré-expliciter l’importance évidente de la donnée pour SNCF, Raphaël Viard a préféré centrer la discussion sur les challenges rencontrés par sa gestion : « on a beaucoup de données, mais on n’arrive pas toujours à la connecter. Et puis quand on la connecte, il faut ensuite la faire parler – ce qui n’est pas toujours évident, comme dans le cas de l’information voyageur – ». L’ancienneté de certains systèmes (et donc la difficulté de connexion avec les équipements qui génèrent de la data), la multiplicité des endroits de stockage, l’interprétation multiple du sens… sont autant de cas rendant parfois difficiles l’exploitation des données récoltées.
Quid des cas d’absence de data ? C’est ici que l’internet industriel entre en piste : « Dans l’internet industriel, nous comptons la mise en place de capteurs, notamment autour de l’internet des objets : on cherche à récupérer de la donnée pour améliorer l’entretien de nos équipements ». A nouveau, de multiples challenges doivent être relevés pour aboutir à une véritable logique de maintenance prédictive sur le matériel roulant ou sur les voies ferrées. Raphaël Viard cite comme exemple le cycle d’homologation des nouveaux équipements installés : « Dans le monde du train, quand on veut déployer un capteur, il faut compter entre 12 et 18 mois d’homologation ; ensuite, on peut l’installer ». Plusieurs déploiements sont déjà en cours ; il faut néanmoins compter avec les spécificités du secteur industriel ferroviaire.
"2 objectifs de transfo: améliorer nos fondamentaux (notre infrastructure ferroviaire) et inventer le futur de la mobilité" @RaphViard (CTO) pic.twitter.com/qxcV3FiEj6
— SNCF Digital (@SNCF_Digital) 5 octobre 2017
La transformation digitale en interne : un processus indispensable
L’importance d’embarquer l’ensemble de l’entreprise dans cette transformation digitale, Raphaël Viard la rappelle d’une manière assez directe : « C’est très bien de lancer des expérimentations autour de l’IoT ; mais si vous ne les incluez pas dans les processus opérationnels de l’entreprise (comme par exemple la nécessité d’équiper les agents en matériel adéquat ou encore de travailler sur les problématiques juridiques induites), ça ne fonctionnera pas ». Pour mener à bien cette étape, l’ensemble des Systèmes d’Information, des Télécoms et les équipes du digital ont fusionné en une nouvelle entité : e.SNCF.
Le CTO explicite les raisons de cette création : « Quand on a commencé à déployer les technologies dites digitales (internet des objets, big data, API, présentation de données, applications mobiles…), on s’est rendu compte qu’on avançait vite mais sans embarquer les systèmes d’information. Ce n’était pas une situation viable : demain, nos SI doivent devenir un accélérateur de la transformation digitale». Parmi les nombreux projets e.SNCF, retenons notamment un plan global de transformation des matériels : revue de la gestion du réseau IP, migration massive de l’IT Legacy dans le cloud, etc. L’équipement, l’accompagnement et la formation des employés font également partie des chantiers principaux de l’entité (l’ensemble des projets emmenés par Digital pour Tous ou encore l’école du numérique sont, entre autres, là pour y répondre).
Raphaël Viard a conclu son intervention en rappelant ce qu’attendait SNCF du digital : « Une capacité à produire en accéléré, une meilleure maintenance, des agents mieux préparés, un meilleur service à nos clients et une réduction des coûts de production ».
Pour aller plus loin
Pour tout comprendre de la migration de « l’IT Legacy » dans le cloud, c’est par ici.
_Photo de Une : Rabii_Ouadi via Twitter_