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REX – Les objets connectés dans le quotidien des agents SNCF

Le 29 novembre 2017, nouveau « retour d’expérience » (REX) de la Fab Open Innovation au 574 de Saint-Denis. Au banc de test, des objets connectés pour améliorer les conditions de travail des agents SNCF de terrain, qu’ils travaillent au matériel ou conduisent des trains.

Publié le

Par La Redaction

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Chez SNCF, les objets connectés se trouvent déjà sur les voies de chemin de fer, les rames et les bâtiments par le biais de capteurs, et commencent à faire partie de la réalité des agents sur le terrain. Le point sur trois intervenants du groupe ferroviaire qui testent ces solutions « IoT » pour agents en situation réelle.

_Lunettes connectées ODG R7, testées en technicentre pour la maintenance de motrices TGV_

Ama Xperteye : des lunettes pour la téléassistance « mains libres » en technicentre

À la Direction du Matériel (TGV, automoteurs, wagons…), de nouvelles séries de motrices débarquent régulièrement en technicentre (Régiolis, Régio 2n, etc.) : ces arrivées signifient un temps d’adaptation répété.

Pour des raisons de coût, ces engins restent moins longtemps en atelier. Et si une intervention d’experts semble indispensable, il faut privilégier alors la communication à distance, au cas par cas. Déjà implantée par le biais des PAD (Pôles Appui Dépannage) par téléphone, la téléassistance pourrait donc intégrer peu à peu l’audio et la vidéo, grâce à des lunettes connectées.

_Lunettes connectées ODG R7, testées en technicentre pour la maintenance de motrices TGV_

Caroline Rioual, Ingénieur en maîtrise des risques industriels au pôle étude locomotive TGV a présenté le modèle ODG R7, testé avec la solution « Xpert Eye » de la société Ama, en grande partie dans la région bordelaise.

Un succès sur tous les plans : l’agent s’expose à moins de risques de sécurité, la qualité de service des contrôles est optimale et évite les récidives de défaillance, la disponibilité des trains est accrue, le coût de l’intervention et ses délais baissent, et le partage des bonnes pratiques accroît la motivation. En chiffres, sur 190 appels testés, 20 jours de déplacements d’experts et 5 jours d’immobilisation de trains ont été évités. Un gain estimé de plus de 450 000 euros, pour un coût total d’un peu plus de 68 000 euros pour l’ensemble de l’expérimentation.

Le fonctionnement est simple : une interface interactive (prise de photo, de vidéo, dessin…) lors d’un appel vidéo (WiFi ou 4G) entre un agent équipé de lunettes, et un expert derrière son ordinateur.

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_Caroline Rioual, Ingénieur en maîtrise des risques industriels au pôle étude locotomotive TGV à la Direction du Matériel_

Patrick Lindenschmidt, Chef de Projet Réseau Des Dépanneurs le confirme, « ces lunettes n’ont pas vocation à remplacer la formation« .Elles se réservent à des interventions ponctuelles. Devant leur popularité, d’autres modèles de lunettes, plus légères et plus performantes, pourraient être testées.

_Kamel Bentchikou, Responsable du Digital à la Direction de la Traction_

Sightcall : l’assistance visuelle interactive sur les tablettes des conducteurs

La Direction de la Traction, a essayé une solution économique pour aider les conducteurs : Sightcall, une application à installer sur tablette. En cas d’urgence de dépannage, « elle permet une liaison vidéo directe et interactive avec un poste expert », comme l’explique Kamel Bentchikou, Responsable du Digital.

Toutefois, en cas de difficulté non couverte par les guides de dépannage, le conducteur appelle toujours par téléphone le PAC (Pôle d’Appui Conduite), tenu par d’autres conducteurs chevronnés, précise Dominique Lacampagne, Expert Métier et Digital.

_Kamel Bentchikou, Responsable du Digital à la Direction de la Traction_

L’interface propose une solution interactive par l’image, ainsi qu’ une géolocalisation. L’idée de Sightcall est d’enrichir les bases de connaissances des guides (et Wikis), afin d’avoir, peu à peu, recours le moins possible à cette solution : « à la limite si on ne l’utilise pas, c’est qu’on est bons », plaisante Kamel Bentchikou.« Mais si on l’utilise, ça ne présente que des avantages », complète Dominique Lacampagne.« Au-delà d’un simple dépannage, la géolocalisation peut être utile en cas d’accident de personne. Les secours vont pouvoir arriver très rapidement sur les lieux ».

Ceinture et semelles connectées, le travailleur est moins isolé

Selon le code du Travail{taregt=_blank}, « le chef d’entreprise doit prendre les mesures nécessaires pour qu’aucun travailleur ne travaille isolément en un point où il ne pourrait être secouru à bref délai en cas d’accident ».

À la Direction du Matériel, en cas de défaillance, de malaise ou d’agression sur le terrain, les habituels DATI (Dispositifs d’Alarme pour Travailleur Isolé), ne semblent pas toujours adaptés à certains besoins d’astreinte ou d’installation d’outillage. Souvent sous la forme d’un appareil GSM, ou d’une application, ces outils d’alerte ne sont pas portés en toutes circonstances (le bouton SOS par exemple est parfois inaccessible), et surtout, ils manquent de fiabilité. « Les applis pour travailleurs isolés reposent sur le gyroscope de votre téléphone. Il n’est pas conçu pour faire de la sécurité, mais pour répondre à notre désir de voir une photo dans ce sens-là ou dans un autre », explique Sandra Fuentes, Chef de Division de la prévention des risques professionnels et facteurs humains. Qui plus est, compte tenu de l’organisation des équipes, ces outils d’alerte ne sont en principe pas censés servir, d’où le besoin d’une fiabilité maximale : « la seule fois où il va arriver quelque chose, je veux être sûre à 100% que l’alerte va être donnée ».

Enfin, l’autonomie de batterie est insuffisante pour les opérations envisagées, sans parler du coût de déploiement élevé, formation des équipes incluse. Pour pallier ces lacunes, deux solutions ont été testées : « l’idée c’est d’équiper des opérateurs sans qu’ils aient à se poser la question de savoir s’ils ont bien chargé leur matériel, et de ne pas l’oublier sur un coin de table », explique Lionel Delport, préventeur national, spécialiste des risques industriels chez SNCF à la Direction du Matériel.

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Les deux objets ont été testés au sein des technicentres volontaires d’Atlantique et Nord-Pas-de-Calais pour la ceinture, et Romilly, Paris-Est et Champagne-Ardenne pour les chaussures. « Les retours sont très bons, il n’y a pas eu de temps d’adaptation au niveau des opérateurs », confirme Lionel Delport.

Des solutions IoT d’assistance discrète et efficace

Lunettes, tablette ou tenue de travail, l’équipement connecté des agents de demain n’a pas pour vocation à augmenter les capacités, mais à assister, protéger et favoriser l’apprentissage et le partage de connaissances sur le terrain. De véritables innovations et progrès techniques au service de tous.

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