SNCF Réseau leader dans le BIM et le jumeau numérique du système ferroviaire
Que ce soit pour valoriser des maquettes numériques existantes ou créer des jumeaux numériques à partir de cas d’usages, concernant l’exploitation et la maintenance du réseau, la SNCF et plus particulièrement SNCF Réseau, se positionne en leader de ce nouveau marché de l’industrie 4.0. Au-delà de l’innovation technologique que peuvent apporter ces représentations digitales des points stratégiques du réseau, partagées et alimentées en temps réel, de nouveaux modes de collaboration tant en phase conception/construction que maintenance/exploitation sont en train d’émerger.
Publié le
Par La Redaction
« On ne peut pas digitaliser le système ferroviaire sans évolution de nos pratiques sur l’ensemble du cycle de vie (conception, construction, exploitation et maintenance) » explique d’emblée Pierre-Etienne GAUTIER, directeur du Programme industriel BIM & Continuité numérique au sein de SNCF Réseau. Le BIM ? C’est le Building Information Modeling, une méthode de travail collaborative, s’appuyant sur une maquette numérique eænrichie d’informations. Cette technologie, qui provient du monde du bâtiment et de la construction, est désormais utilisée depuis 2017 chez SNCF Réseau ainsi que chez d’autres filiales du groupe SNCF, mais aussi chez divers gestionnaires d’infrastructure.
Si pour l’instant l’adaptation du BIM sur un projet ferroviaire en conception se fait encore par étapes successives coordonnées par un BIM manager, l’enjeu est de passer à un mode de travail où la collaboration se fait en temps réel. Un exemple simple : Gérer les conflits d’implantation d’un poteau caténaire (métiers de la traction électrique) sur certains points critiques d’un ouvrage d’art (métiers des ouvrages d’art).
Une meilleure vision d’ensemble
L’utilisation du BIM dans un mode de conception frugal, permettra de diminuer l’impact écologique du ferroviaire, en limitant son emprise et en augmentant son efficacité. La simulation de risques environnementaux peut aussi aider à concevoir des infrastructures plus résilientes. Enfin, en construction, l’utilisation de la réalité mixte ou augmentée couplé au BIM permet de visualiser sur le chantier l’état projeté superposé à l’état actuel. On peut ainsi éviter des reprises de travaux particulièrement couteuses à l’entreprise. Un exemple concret sur le site des travaux EOLE dans le secteur de Mantes-la-Jolie, 6 millions d’euros de reprises travaux ont ainsi pu être économisés.
Mais le passage au BIM et au jumeau numérique ne présente pas qu’un défi d’organisation du travail. Il faut également harmoniser les données élémentaires constituant les maquettes BIM pour pouvoir travailler ensemble, non seulement au sein de l’entreprise, mais également avec l’ensemble de la filière ferroviaire internationale. Pour ce faire, SNCF Réseau a investie avec d’autres gestionnaires d’infrastructures (Autriche, Suisse, Italie, Chine,…) pour adapter au ferroviaire la norme ISO 16739-1 pour les objets BIM utilisant le format interopérable IFC 4.3 (Industry Fundation Classes)
La SNCF leader
« Nous nous sommes rendu compte que nous étions leader en matière de jumeau numérique et de BIM en environnement ferroviaire » explique Bruno LANDES, chef de division à la Direction Générale Industrielle et Ingénierie chez SNCF Réseau.
Nous aimerions utiliser cet avantage pour faire en sorte que les autres acteurs du ferroviaire se branchent sur nous, plutôt que l’inverse. Le but étant, in fine, de parler le même langage numérique industriel sur l’ensemble du réseau ferroviaire, en France et à l’étranger.
Financés en partie par le programme européen Shift2Rail, le développement du jumeau numérique qui permettra connaissant l’état d’usage du réseau, d’anticiper les pannes et d’aider à la décision pour l’exploitation et la maintenance.
En ce qui concerne le déploiement du BIM , une première phase de mise en place des fondamentaux à travers la création d’un parcours de formations avec plus 1 200 personnes formées depuis 2017, le test et déploiement d’un environnement commun de données pour 1 700 utilisateurs à date, la construction d’un corpus documentaire pour encadrer le BIM dans les projets…, la prochaine phase, qui court jusqu’en 2025, vise à conforter le déploiement du BIM tant en conception qu’en construction et développer progressivement le jumeau numérique avec le soucis d’une continuité numérique globale sur tout le cycle de vie.
C’est l’objet du projet MINERVE financé par BPI France dans le cadre de France 2030, qui rassemble les initiatives BIM et jumeau numérique, s’effectue en partenariat avec Centrale Supélec (Université Paris-Saclay), Colas Rail, la RATP, l’institut de recherche IREX, et la startup Kayrros. Il permet de fédérer l’ensemble de la filière ferroviaire autour d’un BIM et d’un jumeau numérique spécifiés en commun.
À terme, il sera possible de vendre l’expertise du groupe SNCF en matière de jumeau numérique, voire de se connecter aux systèmes de smart cities !