STARTUPS – LES DESSOUS D’UN MYTHE, LES RAISONS D’UNE COLLABORATION
Dropbox, Uber, Airbnb… Autant de compagnies qui transforment en profondeur notre quotidien digital ou réel et contribuent à façonner le « mythe » de la startup. Mais passé la promesse leur devise « Move fast, break things » (« Bouger vite, Faire tomber les barrières »), il convient pour les grandes entreprises de comprendre comment opèrent réellement ces jeunes pousses du digital, afin de correctement travailler avec.
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Par La Redaction
Quels éléments caractérisent une startup ? Quels en sont les profils collaborateurs ? Quelle est leur logique économique ? Pourquoi et comment les groupes comme SNCF peuvent-ils s’appuyer sur ces acteurs majeurs de la transformation digitale ? Chloé Bonnet, co-fondatrice de l’agence d’innovation Five by Five et invitée au 574 de Saint-Denis le 2 novembre dernier a apporté un certain nombre de réponses à ces questions.
Indispensable « Lean startup » ?
Si les « licornes » (ces startups dont la valorisation boursière est supérieure à 1 milliard de dollars) dispensent l’image d’un succès aussi soudain qu’énorme, ce dernier est en réalité rarement fulgurant : le studio Rovio Entertainment, éditeur d’Angry Birds – aujourd’hui téléchargé près d’1 milliard de fois – s’y est repris à 51 fois pour produire le jeu tel que nous le connaissons. Quant au réseau social Pinterest, il lui a fallu pas moins de 4 ans de recherche et de développement pour voir sa communauté d’utilisateurs véritablement décoller.
Ce travail de longue haleine s’appuie sur une méthodologie éprouvée, développée dans la « bible » des _startupers_ : « The Lean Startup », rédigée par l’entrepreneur américain Eric Ries. Il s’agit de raccourcir les cycles de développement et de commercialisation des produits grâce à la méthode agile (et notamment au processus d’apprentissage par itérations) : à partir d’une hypothèse de travail, une première version du produit, dénommée « Minimum Viable Product » (Produit minimum viable), est soumise à l’expérimentation du client, dont les retours contribueront à son amélioration continue.
Si l’efficacité du modèle de _lean startup_ est couramment admise, une forte capacité d’exécution et surtout une très bonne cohésion d’équipe sont également des facteurs clés de succès, comme le rappelle Chloé Bonnet.
La scalabilité, graal économique
Outre leur agilité, les startups promettent un grand potentiel de croissance. Innovantes sur le plan des technologies ou des usages, elles contribuent souvent à défricher de nouveaux marchés. Ce qui n’est pas sans poser problème : difficulté à évaluer les risques, absence de cas d’usage, faible accès aux clients potentiels… Dans cet univers incertain, la recherche d’un modèle d’affaires « scalable », c’est-à-dire extensible et reproductible avec un coût marginal très faible, est considéré comme indispensable.
C’est pourquoi, selon l’étude de Numa et Roland Berger, 34% des fondateurs des startups françaises ont un profil orienté business ou finance et 25% dans le marketing et la communication. Ils ne sont finalement que 24% à avoir un profil « technique » (de développeur par exemple).
Relation « gagnant-gagnant » avec les grands groupes
Cette recherche de scalabilité des modèles d’affaire pousse de nombreuses startups à se tourner davantage vers les grands groupes, capables d’industrialiser un concept. 58% des jeunes pousses évoluent ainsi dans un environnement BtoB tandis que 92% des grandes entreprises françaises ont mis en œuvre un programme de collaboration avec des startups,
Cette dynamique d’ « Open Innovation », initialement conçue pour partager les risques liés à la création de « Proof of Concept » (un prototype produit), est devenue l’un des carburants de la transformation digitale.
Elle présente des avantages mutuels pour les deux parties : enrichissement des solutions existantes(comme dans le cadre du partenariat entre SNCF et BulldozAIR) ; mise à disposition de ressources, par exemple à travers la plateforme Open Inno ou de l’API SNCF permettant l’accès aux données open source de SNCF ; profit autour du savoir-faire startup notamment via l’investissement ou l’incubation – par exemple avec le fonds d’investissement SNCF Digital Ventures -… Chez d’autres groupes, la collaboration peut aller jusqu’au recrutement des équipes de la jeune pousse, permettant à l’entreprise de maintenir une position stratégique et dominante sur un marché.
Parmi les points de vigilance à monitorer dans cette coopération : les grands groupes n’ont pas toujours la réactivité nécessaire, notamment sur le plan contractuel ou des paiements, pour suivre l’agilité des startups. Ces dernières ont quant à elles des difficultés à gérer le changement d’échelle conséquent qu’implique la phase d’industrialisation au sein d’un groupe de grande taille.
Pour découvrir l’étendue des relations entre SNCF et les startups, retrouvez les derniers Lunch & Pitch – conférences données au sein des 574 où 6 startups se présentent -, rendez-vous aux Meet Up Open Transport dans toute la France ou relisez notre série d’Open Interview.