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Dans les coulisses des innovations NTAP chez SNCF

Au-delà de l’emploi massif de l’IoT, de l’Internet industriel et des plateformes numériques, l’Industrie 4.0 se traduit aussi par la mutation des outils et méthodes de travail centrés sur l’humain, notamment grâce aux innovations liées à la santé et la sécurité des agents SNCF.

Publié le

Par La Redaction

nouvelle technologie d'assistance physique

Selon l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS), depuis plus de 20 ans, les troubles musculo-squelettiques constituent la première maladie professionnelle reconnue en France. Associés à la réduction de la charge physique et/ou des troubles musculo-squelettiques (TMS), les robots collaboratifs – les cobots –, exosquelettes et autres nouvelles technologies d’assistance physique (NTAP), proposent aujourd’hui des solutions inédites.

Dans les technicentres industriels de SNCF, l’usage des NTAP s’intensifie depuis deux ans. Véronique Touchard, ergonome senior au Technicentre de Saint Pierre-des-Corps, raconte qu’en 2019, son établissement à lui seul a mis à disposition des agents trois cobots de ponçage et dix exosquelettes de deux modèles différents (Paexo Shoulder et Skelex 360).

Les NTAP sont aussi testées dans les autres établissements de production, comme à Rouen Quatre-Mares, Nevers, ou Périgueux. « Ces exosquelettes, tout comme le cobot de ponçage, ont été validés à l’échelle nationale avec le concours de tests dans les établissements », précise Yonnel Giovanelli, Responsable du Pôle Ergonomie et Facteurs Organisationnels et Humains à la Direction du Matériel de SNCF. Dans ce cadre, comment s’assurer que les investissements répondent en effet aux besoins de chaque établissement, voire agent ? L’expert rappelle qu’ « il est primordial de réaliser des études locales – qui prennent la forme d’un bilan selon les critères nationaux – afin de vérifier l’adéquation entre les exigences de travail qui peuvent varier d’un Technicentre à l’autre, et des capacités d’assistance ».

À l’origine, il y a l’observation terrain

Le ponçage est une tâche pouvant engendrer plusieurs nuisances physiques : douleur au dos, vibrations exercées dans les bras, volume sonore et poussière dégagée par le ponceur. Après avoir observé le travail d’un agent, Véronique Touchard a conclu que « ce dernier était dans la nécessité de s’adapter à son poste, or c’est tout l’inverse qui devrait être mis en place ». Elle a donc fait développer un outil capable d’apprendre les gestes de ponçage effectués par un agent, et de les reproduire par la suite durant huit minutes, sous supervision humaine. C’était la naissance du cobot de ponçage. L’ergonome souligne que la phase d’observation est cruciale, car indispensable pour « déterminer les problématiques personnalisées, inhérentes au poste de travail, aussi bien techniques, qu’organisationnelles et humaines ».

D’autres outils d’assistance existent également, non pas pour réaliser une tâche spécifique, mais pour effectuer un geste qui s’effectue régulièrement. « Nous nous sommes rendus compte que les agents en Technicentre avaient souvent les bras en l’air : c’est une source de souffrance », reconnait Véronique Touchard. La solution de l’exosquelette, qui fournit une aide au maintien à l’utilisateur, parait alors pertinente. Les équipes ont ensuite effectué « un gros travail sur le choix du matériel de fabrication », se souvient l’expert, afin de trouver des exosquelettes adaptés à des tâches différentes. Par exemple, l’agent faisant des travaux avec les clés à choc et celui s’occupant du pelliculage des petites pièces n’ont pas recours au même modèle, et le choix est fait en fonction du réglage des outils, du confort, ou encore du poids. Pour l’assistance aux bras levés, les deux modèles choisis sont le néerlandais Skelex 360, qui pèse 2,2kg et peut assister jusqu’à 4kg, et l’allemand Paexo shoulder, qui pèse 1,8Kg et fournit un soutien pour les charges allant jusqu’à 4,5kg.

L’assistance oui, Iron Man non

Le réglage de ces outils est suffisamment fin pour que l’agent, qui se l’approprie vite, soit autonome durant l’utilisation. « Leur première réaction, c’est souvent ‘génial, je vais pouvoir aller lever un essieu avec ça’ ! Dans leur imaginaire, ces nouvelles technologies vont leur permettre de devenir plus forts, d’être Iron Man », sourit Véronique Touchard, « On n’en est absolument pas là ». Mais le travail commence déjà à porter ses fruits. Selon les études menées par l’ergonome et ses équipes sur les agents volontaires, les NTAP comme les exosquelettes permettent déjà de réduire entre 25% et 50% les charges musculaires, en fonction des tâches effectuées.

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