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La problématique des objets délaissés au cœur des préoccupations chez SNCF

Les équipes de la sûreté ferroviaire SNCF Holding et de SNCF Gares & Connexions travaillent sur un projet de vidéo intelligente, une technologie qui pourrait être déployée dans un futur proche. Explications.

Publié le

Par La Redaction

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La découverte d’objets dans les emprises, que ce soit en gare ou à bord des trains, en plus de poser des problèmes en termes de sûreté, occasionne également des retards de trains voire la fermeture partielle ou totale d’une gare. Il y a donc une incidence forte sur la régularité des circulations et de facto sur les voyageurs. « Cette problématique impacte l’ensemble des S.A. filles du Groupe, tout le monde est concerné, qu’il s’agisse des gares ou des transporteurs internes comme externes. » affirme Bérengère Dhalluin, déléguée sûreté pour SNCF Gares & Connexions.

Chiffres clés 2021

200

bagages abandonnés chaque semaine dans les gares et les trains

12

millions de voyageurs impactés

3 000

trains supprimés à cause d’un bagage abandonné

Aujourd’hui, pour lever le doute sur un objet délaissé, il n’existe que deux solutions, soit le propriétaire se manifeste dans un délai maximum de vingt minutes, soit une équipe cynophile est capable d’intervenir, toujours dans les vingt minutes, et de lever le doute. Dans les autres cas, une procédure est déclenchée auprès des équipes de déminage. De nouvelles solutions basées sur des technologies encore non matures sont actuellement à l’étude pour permettre de gagner du temps et de moins solliciter des démineurs surchargés.

Prevent PCP, un projet européen sur la vidéo intelligente

Partant du constat que les problématiques de bagages délaissés nécessitaient davantage de développements technologiques afin d’y apporter une solution efficace,  SNCF Gares & Connexions et la Sureté ferroviaire SNCF Holding se sont appuyé sur plusieurs années de tests et d’initiatives pour confirmer le potentiel de la vidéo intelligente. Une position partagée par plusieurs autres acteurs européens.

« Nous avons participé au projet « Prevent », en partenariat avec des transporteurs de huit pays d’Europe différents, des forces de sécurité…, et dont l’objectif était de travailler sur l’analyse des risques terroristes dans les transports publics, afin d’identifier des technologies qui permettraient de lutter contre ce risque. Tout le consortium européen a déclaré que l’une des principales menaces était les objets délaissés et que la technologie la plus prometteuse pour y répondre, mais malheureusement pas encore mature, était la vidéo intelligente. » raconte Armand Raudin, responsable du programme vidéo et innovation à la direction de la sûreté ferroviaire – SNCF Holding.

Alors comment exploiter les images de vidéo protection dans les gares et les trains afin de détecter l’abandon d’un bagage, sachant que ce « cas d’usage bagage abandonné » est le plus complexe en termes d’algorithmes pour la vidéo intelligente ?

Le projet Prevent PCP a été présenté à la Commission Européenne. Le principe du Pre-Commercial Procurement, PCP, est de permettre à des acheteurs publics, comme SNCF, d’acheter à des sociétés non pas des produits déjà développés, mais des services de R&D pour développer les produits dont ils ont besoin. « En ce qui nous concerne, nous allons investir en R&D afin de faire développer un produit sur-mesure fonctionnant dans nos environnements ferroviaires et répondant à une problématique : l’analyse vidéo pour détecter les bagages abandonnés et rechercher automatiquement leurs propriétaires. », explique Armand Raudin.

« Ce que nous souhaitons, c’est être alerté le plus tôt possible, retrouver le propriétaire du bagage très rapidement et ainsi éviter une situation problématique ».

Déroulement du projet

Ce projet a démarré en septembre 2021. La première phase a été de construire le cahier des charges et a duré jusqu’en juin 2022. « Il a fallu prendre un temps de réflexion et d’échange sur la conception d’un objet délaissé, qui n’est pas la même selon les pays et leur risque terroriste ; les approches sont donc différentes.

Chez SNCF, nous avons un rôle très moteur au sein de ce consortium, en tant que leader technique. Nous étions donc en charge de la rédaction des spécifications techniques et fonctionnelles des outils à développer. Pour ce faire, nous avons conduit des ateliers avec SNCF Gares & Connexions ou encore SNCF Voyageurs (Transilien). Nous avons ensuite donné le cahier des charges en juin à la Commission Européenne et cela a été validé pour lancer la démarche. L’appel d’offres a donc été lancé et s’est terminé le 3 octobre. D’ici la fin d’année, six entreprises ou consortium seront sélectionnés pour lancer une phase de design de solutions de quatre à cinq mois, où nous allons vraiment spécifier les solutions et interfaces attendues. Ensuite, sur cette base et parmi les six, quatre fournisseurs seront choisis pour développer un prototype, créer les briques algorithmiques et continuer à entrainer leurs intelligences artificielles avec des données issues des transporteurs européens. Tous les prototypes seront ensuite testés en Gare du Nord courant octobre 2023, pendant la Coupe du Monde de rugby. À partir des résultats de ces tests techniques, deux solutions seront gardées pour passer en phase de pilote opérationnel, c’est-à-dire des expérimentations en conditions réelles, où les algorithmes seront intégrés dans nos systèmes de vidéo protection. » détaille Armand Raudin.

En France, cette phase de pilote aura lieu en Gare du Nord, Gare de Lyon et Gare de Marseille-Saint-Charles côté SNCF et enfin en Gare de Châtelet-les-Halles côté RATP, sous réserve de la mise en place du cadre juridique actuellement en discussion le permettant. Il y aura également des expérimentations dans les métros de Lisbonne Gênes mais aussi de Barcelone et auprès de leur transporteur régional de Catalogne.

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