L’Open Data : Comment une obligation légale devient une source d’innovation
Instaurée par la loi du 8 Octobre 2016 pour une « République Numérique », l’Open Data est désormais un moteur d’innovation pour le groupe SNCF. Avec plus de 20 000 utilisateurs chaque mois, 65 000 téléchargements de jeux de données et 2,5 millions de requêtes API, la plateforme open data SNCF est l’une des plus utilisée en France.
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Par La Redaction
Instauré par la loi du 8 Octobre 2016 pour une « République Numérique », « l’Open Data » est un mouvement, dont la philosophie se rapproche de celle du logiciel libre, et dont l’ambition est de partager les données produites par les collectivités locales, les administrations ou les grandes entreprises publiques.
Sans attendre l’entrée en vigueur de cette loi en 2018, le groupe SNCF s’est engagé dès 2012 dans la publication en ligne de ses premiers jeux de données, en optant pour des formats standards, tels que les formats de données horaires GTFS, GTFS-RT, NeTEx ou SIRI et un accès libre et gratuit à ces jeux de données.
Des jeux de données issues du groupe SNCF
Près de 7 ans après, le portail https://ressources.data.sncf.com/ compte désormais plus de 180 jeux de données, couvrant l’ensemble des métiers du Groupe : liste des gares, données sur le réseau, sécurité ferroviaire, fréquentation des gares, mais également des services aux voyageurs : horaires des trains, objets perdus, offre billets TGV Max (le jeu de données le plus utilisé sans conteste).
Le jeu de données TGV Max est notamment utilisé par SNCF Connect & Tech avec sa fonctionnalité “Résa Max” qui permet à ses clients de simplifier leur réservation de billets sur leur destination favorite grâce à une fonctionnalité de “push notification” (plus de 180 000 alertes créées dans l’application SNCF Connect par mois). Il s’agit là d’un usage industriel de l’open data qui apporte un vrai service aux clients de SNCF Connect. Dans un autre registre, le Lab d’AREP, filiale de SNCF Gares & Connexions a réalisé un outil d’aide à la décision, pour aider à réduire les consommations d’énergie dans les gares et autres infrastructures SNCF. Dans un contexte de sobriété énergétique, AREP a construit des indicateurs de mesure de consommation et d’économie d’énergie, notamment grâce aux jeux de données fréquentations des gares et horaires des gares.
Nous comptabilisons désormais plus de 5 000 téléchargements de datasets par jour. Les jeux de données les plus populaires sont liés au réseau (listes des gares, horaires, passages à niveau, etc.), avec au total plusieurs centaines de milliers de téléchargements, mais on observe également une forte demande pour des données plus commerciales.
Un usage interne de ces données
Très faciles d’accès, ces données sont ainsi en premier lieu utilisées au sein du groupe SNCF, pour alimenter des projets ou des présentations, sur des sujets techniques ou commerciaux. Elles permettent d’améliorer la performance de nos équipes, simplifier l’accès et réduire les coûts d’utilisation des données et de production de services numériques SNCF. C’est par exemple le cas de l’application de démonstration du projet TELLi (Train léger innovant) réalisé par l’équipe Tech4Rail de la Direction Technologies Innovation et Projet du Groupe. Cette application utilise 14 jeux de données open data et permet à l’ensemble des parties prenantes, dont les élus des Région Occitanie et Nouvelle Aquitaine, de visualiser le projet et la ligne d’expérimentation sur une application cartographique. D’autres outils comme MarkeTER développée par l’équipe Marketing TER utilise aussi l’open data pour mieux comprendre les flux de déplacements sur les territoires et adapter l’offre de transport régional, un atout majeur lors des appels d’offre.
Avant le lancement du portail, nos agents devaient passer par la DSI et ils perdaient beaucoup de temps à identifier les données, mais surtout à entrer en contact avec les « data Owners ». Aujourd’hui, ces données sont en libre-service, et elles sont incorporées très facilement à de très nombreux projets internes.
Une ouverture des données en dehors du groupe SNCF
Mais le groupe SNCF n’est évidemment pas le seul à utiliser ces données, qui peuvent être utilisées aussi bien par des autorités organisatrices, cherchant à évaluer la qualité des transports dans leur région, que par des startups, souhaitant s’appuyer sur ces datas pour enrichir leurs propres services.
Toutes les applications cartographiques ou de vente de billets de trains utilisent désormais ces données. Cela fait partie du jeu de la concurrence et cela nous pousse, in-fine, à nous améliorer à notre tour.
Une démarche d’open innovation
Disponible par téléchargement ou sous forme d’API, ces données sont désormais un véritable moteur d’innovation ouverte pour le groupe SNCF qui s’en sert par exemple lors de hackathons et datathons, pour attirer des développeurs ou concevoir de nouveaux services. On peut citer le récent hackathon IA et mobilité organisé par Ile-de-France Mobilités auquel a contribué et aussi participé Transilien en remportant le Prix de la frugalité avec son application Tranquili’score pour répondre à la question de l’insécurité dans les transports en commun. On peut aussi citer le hackathon organisé par la Sous-direction Tourisme, de la Direction Générale des Entreprises les 9 et 10 décembre 2024 pour rendre le tourisme plus accessible aux personnes en situation de handicap et personnes à mobilité réduite ; ou le Datathon Tourisme organisé par l’équipe du DataLab de la Région Normandie qui se terminera le 12 décembre 2024 pour développer des solutions de tourisme et de mobilité bas carbone à l’instar de l’opération Normandie sans ma voiture. Pour chacun de ces événements, différentes entités, équipes du groupe SNCF se mobilisent pour mettre les données open data au service de l’innovation ouverte et collaborative.
Nous avons observé un fort intérêt pour les données d’affluence au sein de nos trains. Cela nous a permis de concevoir nos propres services, qui sont désormais accessibles en gare pour mieux répartir les voyageurs sur le quai.
Un tremplin vers de nouveaux services
Majoritairement gratuits, les services open data peuvent toutefois faire l’objet d’une facturation, pour les API réalisant plus de 5000 requêtes par jour et nécessitant des données en temps réel. Les services de l’API d’information-voyageurs SNCF donne les horaires et les infos trafic en temps réel. Au total, ce sont plus de 20 millions de requêtes API chaque mois. Cette plateforme est complémentaire à la plateforme open data, elle correspond à un usage plus industriel. Elle est notamment utilisée par certains réseaux de transport Keolis, par Squirel, la filiale numérique de Ouigo ou par Geoparts (filiale de Geodis) pour gérer l’approvisionnement des bouteilles d’eau dans les trains. Elle aussi utilisé par certains services de Ressources humaines pour mieux gérer les plans de déplacements professionnels des agents, notamment en amont d’éventuels déménagements, pour rapprocher les agents de leur lieu de travail et leur permettre de venir travailler en transport en commun, en covoiturage ou à vélo quand c’est possible.
L’objectif n’est pas d’en faire un centre de profit mais simplement de couvrir nos dépenses informatiques mais également d’investir dans d’autres projets informatiques comme GAIA-X, qui valoriseront ces données dans un cadre industriel.
Avec l’Open Source et l’Open Innovation, l’Open Data permet en tout cas à la SNCF de démontrer une certaine exemplarité en matière d’ouverture et de transparence, afin de faire du numérique un moteur de transformation pour l’ensemble du Groupe. L’ouverture est d’ailleurs une des trois valeurs du groupe SNCF et enrichie le projet d’entreprise Tous SNCF.