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Quand la blockchain libère le rail

Réputée infalsifiable et sécurisée, la blockchain fait évoluer les échanges d’informations numériques à travers des cas d’application de plus en plus variés. SNCF Réseau y voit aujourd’hui un potentiel de progrès en matière de sécurité ferroviaire.

Publié le

Par La Redaction

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Durant les trois premiers trimestres 2017, l’évolution des cours des crypto monnaies – le thermomètre de ces monnaies virtuelles – ne cesse de faire la Une dans la presse internationale. Entre l’interdiction des levées de fonds en crypto monnaies en Chine et en Corée du Sud, l’éventuelle création d’une J Coin au Japon, ou encore l’ambition de Goldman Sachs de faire du bitcoin un nouveau support de trading, ces monnaies renvoient vers des avis mitigés mais suscitent globalement des convoitises.

Si cet or digital fait encore débat, la technologie sur laquelle elle est fondée, la blockchainun réseau informatique pair à pair ou décentralisé -, est largement considérée comme disruptive et pourrait trouver des champs d’application dans de multiples secteurs.

Comme l’explique Christelle Wozniak, responsable innovation chez e.SNCF, « la blockchain ne se réduit pas à un assemblage de différentes technologies déjà éprouvées, c’est à son aspect philosophique qu’il faut s’attacher impactant presque tous les champs d’activité de la société civile, la blockchain ouvre les perspectives d’un nouveau paradigme d’organisation. SNCF devrait d’une part envisager de l’implémenter sur différents cas d’usage internes métiers, transverses, nécessitant des enjeux d’authentification, d’audit, d’encrage, de traçabilité ou de sécurisation et surtout d’autre part se positionner en externe comme le premier acteur d’une blockchain de la mobilité ».

Une vision partagée par le département Ingénierie & Projet de la Signalisation Ferroviaire (I&P SF) de SNCF Réseau qui a utilisé la blockchain du Bitcoin dans le cadre d’un PoC réalisé durant l’été.

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La blockchain pour plus de traçabilité

A l’origine des enclenchements, comme les aiguillages des trains, les passages à niveau, ou le contrôle des vitesses des trains, on retrouve des études techniques de la signalisation ferroviaire – des très grands dessins définissant entièrement le réseau, et actualisés au fur et à mesure des rénovations des lignes -. Ces documents garantissent la bonne traçabilité des travaux de maintenance qui peuvent être effectués. Réalisées par les équipes SNCF et leurs prestataires industriels, ces études « font l’objet de plusieurs étapes de vérification, et doivent être conformes au terrain avant d’être archivées en tant que référence », selon Jean-Paul Julien, chef de section au sein d’I&P SF. Ce type de fonctionnement est néanmoins coûteux et fastidieux pour le Groupe.

Pour I&P SF, un process de vérification idéal devrait permettre plus d’efficacité et de traçabilité, sans recours à un tiers de confiance. « Toutes les équipes impliquées devraient pouvoir vérifier la traçabilité et l’authenticité des documents et des signatures de manière autonome ». La blockchain du Bitcoin utilise des ressources disponibles sur Internet – un peu à l’image de BitTorrent -, et permet à tous de faire une transaction mais aussi de participer au minage. Ce procédé sécurise les transactions et permet ainsi d’obtenir une traçabilité irréprochable tout en étant définitivement inviolable.

Son équipe s’est ainsi tournée vers KeeeX, une startup marseillaise spécialisée dans la blockchain et les solutions d’authentification. « Dans le cadre du PoC, nous avons exploité un procédé qui permet de rendre les études et preuves d’approbation associées auto porteuses de leur preuve d’intégrité, pour ensuite en attester l’existence dans la blockchain », explique Laurent Henocque, CEO de KeeeX.

Cette technologie est complémentaire de la blockchain qui est publiquement auditable. Autrement dit, outre la sécurisation permise par la technologie Bitcoin, chacun des documents de cette chaîne s’est vu attribuer des meta données horodatées, dont une empreinte cryptographique unique prouvant son intégrité. A tout moment y compris dans le futur, et d’un simple « drop », chacun peut vérifier de manière autonome sans tiers de confiance l’intégrité, l’authenticité et le statut blockchain de ces documents. Selon l’expert de KeeeX, la problématique de la confiance numérique est « mieux servie par cette combinaison », ce qui peut rendre aux entreprises « de meilleures possibilités d’initier un vrai patrimoine immatériel ».

Dématérialisation : le cloud et la blockchain

Si les travaux sur le système informatique de signalisation réalisés Gare de Lyon ont provoqué sa fermeture tout le weekend du 18 mars dernier, 12 000 documents de ce type ont été produits afin d’assurer ce grand projet de modernisation. Or, les vérifications se font actuellement sous forme papier : une volumétrie importante de documents imprimés à signer pour toutes parties prenantes de ces démarches qui pourraient être considérablement simplifiées grâce à cette technologie testée l’été dernier.

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Le PoC de juillet avait pour objectif de certifier des fichiers et des preuves de consentement en toute transparence. « Dans ce cas, la blockchain permet aux données de franchir des étapes dans un processus totalement dématérialisé », ajoute Laurent Henocque, « c’est pourquoi nous pensons que la blockchain, de manière un peu surprenante, est le maillon manquant de la dématérialisation complète ».

Cela laisse penser aux solutions Cloud, soit des espaces de partage de données (ex. Dropbox), ou bien des portails Web mettant à disposition des outils de développement des applications (ex. Azure). Le monde industriel a basculé vers la délocalisation progressive des données ainsi que leur traitement dans le cloud et ce, d’après Laurent Henocque, principalement pour des raisons économiques. « Après une expansion du cloud, un mouvement inverse est en train de se produire », poursuit-il. En effet, l’engouement envers la blockchain est sans doute concomitant avec le reflux des vagues des données vers les entreprises. Grâce à sa capacité à instaurer une confiance numérique, la blockchain pourrait permettre de rapatrier certains services au sein même des entreprises.

Selon Jean-Paul Julien, la solution du PoC fait actuellement sa tournée des équipes du Réseau. Des perspectives ? Probablement son intégration dans une solution industrielle en 2018…

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