Une nouvelle vie high-tech pour les anciennes voies ferroviaires
La SNCF, à travers Tech4Mobility, expérimente le remplacement d’anciennes voies de chemin de fer en routes connectées, adaptées pour le transport public autonome en site propre. Le but : régler la question des derniers kilomètres là où le train n’est pas rentable, tout en valorisant des actifs inutilisés et le savoir-faire technologique du groupe ferroviaire.
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Par La Redaction
Ce n’est pas parce qu’on s’appelle Société nationale des chemins de fer français que l’on doit s’interdire de faire de la route. La preuve avec l’expérimentation de mobilité autonome sur route en site propre -donc avec une voie réservée- lancée par Tech4Mobility, l’accélérateur d’innovations du groupe SNCF dédié aux nouvelles mobilités.
Concrètement, il s’agit de remplacer l’ancienne ligne de fret qui relie Nantes à Carquefou par une route en site propre ultra connectée pour y faire circuler des véhicules classiques et autonomes pour le transport de passagers : « C’est une première en France car l’expérimentation se déroule sur une infrastructure innovante offrant des conditions réelles d’exploitation » explique David Borot, directeur de Tech4Mobility.
Le tronçon de route connectée, qui est en train d’être allongé de 500 à 2000 mètres, traverse en effet deux anciens ponts-rails. Un carrefour routier qui apporte de la circulation automobile classique (comme à un passage à niveau), ainsi que des zones boisées. De plus, cette route voit par endroits sa largeur réduite à une voie, poussant les véhicules autonomes à devoir gérer le cantonnement. Contrainte supplémentaire : comme les véhicules circuleront à la demande en heures creuses, ils ne s’arrêteront pas tous aux mêmes stations et devront donc pouvoir se dépasser. Tous ces éléments contribuent donc à rendre ce site d’expérimentation plus réaliste pour tester un futur système de transport public autonome.
Un environnement connecté
C’est donc un panel complet de cas d’usages que ces véhicules vont devoir vérifier, tout en circulant à 50km/h, et non pas à 30km/h ou moins comme la plupart des navettes autonomes spécifiques aujourd’hui.
Inscrites dans un partenariat avec le constructeur automobile Stellantis qui s’étend jusqu’en 2023 avec un financement de l’ADEME, les navettes sont des véhicules automobiles de construction classique (non-autonomes) de 7 à 9 places, équipés d’un kit de capteurs pour les rendre autonomes. Mais les innovations se situent tout autant dans l’environnement de la route connectée que dans les véhicules eux-mêmes. « Nous cherchons à alléger au maximum le nombre de fonctions embarquées par le véhicule en les reportant sur l’infrastructure, notamment pour des questions de renforcement de la sécurité et de réduction des coûts du système » explique David Borot.
Une solution globale, du véhicule au réseau
Il y a par exemple les feux rouges connectés en V2X (vehicle to everything), les futures stations de voyageurs qui seront illuminées de LED intelligentes annonçant l’arrivée des véhicules autonomes, et plus largement une couverture totale de la route connectée en 4G/5G afin que la flotte soit tracée en permanence par le centre de contrôle. Cette connectivité de bout en bout se retrouvera à bord des véhicules, où les passagers pourront profiter de flux vidéo haut débit, mais aussi recevoir des informations et de l’assistance en temps réel via écran, voix, voire des hologrammes.
Enfin le dernier volet de cette innovation unique en France réside dans les stations du futur, conçues avec AREP (filiale de SNCF Gares & Connexions), l’ENSCI et l’École de design de Nantes Atlantique, dont la fabrication d’un premier prototype a été lancée le 3 janvier 2022. Cette solution d’avenir pour le transport de passagers devrait coûter 60% moins cher qu’une solution de tramway ou de BHNS (Bus à haut niveau de service, ou Trambus) équivalente, et est pensé pour les lignes de 10 à 20 kilomètres où moins de 1 500 voyageurs circulent par jour. Une vingtaine de lignes similaires potentielles ont été pré-identifiées par Tech4Mobility à ce stade.