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Vélos en libre-service sans borne ni abonnement : le « dernier kilomètre » selon les licornes chinoises

Mobike, Ofo, Gobee.bike… Plusieurs startups spécialisées dans les services de vélos en libre-service quittent leur Chine natale pour conquérir le marché européen du « dernier kilomètre ».

Publié le

Par La Redaction

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Durant la première semaine d’octobre 2017, quelque 900 vélos vert pomme ont fait leur apparition dans les rues de Lille et Paris. Déployés par Gobee.bike, ces vélos en libre-service (VLS) sans borne d’attache viennent compléter les offres de transport du dernier kilomètre dans les villes françaises.

En réalité, Gobee.bike est loin d’être la seule spécialiste chinoise du VLS à s’exporter vers le marché européen. Mobike et Ofo, deux licornes – et concurrentes – basées à Pékin, ont quant à elles étendu leurs services vers plus de 180 villes dans le monde en moins d’un an et ce même si les habitants de ces villes – comme Rotterdam, Londres ou Washington – profitaient déjà d’un service public de vélos partagés.

C’est le caractère « sans borne » de ces nouvelles bicyclettes qui leur a permis de s’imposer sur ces nouveaux territoires. Nul besoin pour les usagers de chercher des stations fixes : habitants ou touristes, n’importe qui peut en récupérer n’importe où, puis la déverrouiller à l’aide d’une application mobile, sans qu’aucun abonnement ne soit requis. Niveau coût, l’utilisation sur de courts trajets reste bon marché : 15 euros de caution puis 50 centimes / 30 minutes pour Gobee.bike. Une fois le trajet effectué, l’usager peut déposer sa bicyclette directement sur son lieu de destination, en verrouillant son cadenas.

La data et l’IA comme moteurs invisibles

Avant même de se lancer à l’international, ces startups chinoises se sont forgées une expérience forte sur leur territoire national et ont ainsi consolidé leur technologie pour être en capacité de gérer des flottes colossales (20 millions de trajets sont, par exemple, effectués en moyenne par jour en Chine pour Mobike).

Comment assurer la disponibilité de vélos qui peuvent être déposés n’importe où ? « Nous exploitons les 30 téraoctets de data générés quotidiennement grâce à notre technologie de cadenas intelligents »,

explique Ji Zheng, Business intelligence manager de Mobike, qui conduit avec son équipe le déploiement d’une plateforme Big Data dotée d’intelligence artificielle. Celle-ci permet d’« interpréter les informations collectées, et ainsi d’accompagner la redistribution des Mobikes dans des zones d’utilisations fréquentes ». (voir vidéo en fin d’article)

La startup tire pleinement profit du potentiel des données dans sa prédiction des flux ou encore pour mener des push promotionnels grâce au géofencing. Elle peut même aller jusqu’à tracer les personnes ayant mal garé leur vélo ! A l’image d’un système de scoring, l’appli permet de « sanctionner » ces derniers en leur enlevant des points, tandis que ceux qui signalent des anomalies techniques peuvent éventuellement profiter de trajets gratuits.

Demain, partenaires des métropoles ?

Ces licornes ont une ambition bien plus grande :fort de la quantité mais aussi de la qualité des données dont elles disposent, elles sont à même de fournir des informations intéressantes qui permettraient de mieux comprendre les mobilités urbaines.

Ainsi au printemps dernier, Mobike a publié avec l’université Tsinghua ainsi que la Commission Nationale pour le Développement et la Réforme de Chine, un rapport détaillant les évolutions des mobilités urbaines dans le pays, à travers le prisme des VLS.

Le rapport souligne que depuis la création des services des VLS sans borne, l’utilisation des vélos en Chine a doublé et le nombre des trajets urbains effectués en véhicule (taxi, véhicule privé, VTC) a chuté de 55%.

Mobike a ainsi démontré, auprès des autorités locales, sa volonté d’être plus qu’un simple fournisseur de vélos partagés. Le 9 novembre, Chengdu – la capitale de la province de Sichuan – a établi une plateforme d’open data des données VLS à travers un partenariat avec la startup. Le comité du management urbain de la métropole s’appuie désormais sur les données temps réel de Mobike afin de rendre ses projets d’infrastructures de transport plus pertinents vis-à-vis des besoins de ses habitants.

En France, ces startups vont entrer en discussion avec la ville de Paris ce jeudi 16 novembre, ce qui pourrait déboucher sur un accord servant du cadre d’exploitation.

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