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Vu sur le Web – « Benoît Tiers (SNCF) : e.SNCF accompagne notre transformation numérique »

Benoît Tiers, directeur général de e.SNCF, dirige les activités numériques au sens large au sein du groupe SNCF. Au-delà de la stricte informatique et des télécoms, il s’agit bien d’accompagner la transformation numérique de l’opérateur ferroviaire dans toutes ses activités, du terrain à la direction. Pour le groupe SNCF, les challenges se multiplient autour de la donnée (notamment avec l’IoT) et des processus métiers impactés par le numérique (près d’un quart dès aujourd’hui). Le budget d’investissement de e.SNCF représente 900 millions d’euros sur trois ans.

Publié le

Par La Redaction

CIO : Vous avez pris la tête du numérique de la SNCF depuis environ un an après avoir opéré aussi bien dans le nucléaire, la pharmacie ou le transport maritime. Qu'est-ce qui vous a attiré dans cette société ?

Benoît Tiers : La première fois que je me suis intéressé à la SNCF, c’était en 2009. Dès cette époque, j’avais la perception -qui s’est confirmée- du potentiel de transformation numérique de ce groupe. La SNCF, ne l’oublions pas, c’est 5 milliards de voyages par an, soit 3,5 millions de voyageurs par jour grâce à 15 000 trains quotidiens desservant 3000 gares ! Les chiffres sont impressionnants dès que l’on parle de la SNCF. Malgré sa taille, la SNCF a toujours été pionnière dans le numérique au sens large. Par exemple, on peut mentionner la création de Voyages-SNCF.com en l’an 2000. Depuis 2015, nous avons commencé à créer des Maisons du Digital, nos « 574 », mais aussi mis en oeuvre des projets structurants de connexions. Et, en 2016, nous avons créé une entité unique pour le numérique au sens large (Télécoms, Digital et Informatique classique), e.SNCF.

CIO : Est-ce que e.SNCF a en charge la totalité de l'informatique ou existe-t-il toujours des DSI par activité séparées ?

Benoît Tiers : C’est une bonne chose que les DSI métiers soient rattachés hiérarchiquement aux métiers. Nous avons une gouvernance à deux niveaux et notre Comité de Direction comprend les DSI des activités de SNCF Réseau et SNCF Mobilités ainsi que les dirigeants de e.SNCF ( DSI Groupe, CTO, CDO, CPO, directeur production, etc.). Par ailleurs, nous avons une Team e.SNCF élargie entre autres à VSCT [Voyages-SNCF Technologies, une filiale de Voyages-SNCF, rattachée à l’activité Voyages, NDLR], filiale dont je suis le président, et à diverses entités régionales rattachées aux différentes régions / activités.

CIO : Quelles sont les missions spécifiques de e.SNCF ?

Benoît Tiers : Nous en avons quatre grandes. Tout d’abord, nous devons épauler les métiers dans leurs transformations numériques. Il est évident que le savoir-faire métier est entre les mains du métier. Mais nous apportons des compétences technologiques, méthodologiques et architecturales pour soutenir la performance et la transformation. Notre Chief Performance Officer (CPO), Henri Pidault, a d’ailleurs notamment pour rôle de s’assurer que le digital soit bien positionné au coeur de l’entreprise. . La deuxième mission est d’élaborer la stratégie numérique du groupe. Bien sûr, cela amène la mission suivante qui est d’élaborer la stratégie technologique. Enfin, nous devons garantir la cohérence numérique de l’ensemble du groupe.

Nous voulons en fait rassembler les happy fews du Digital, ceux de l’informatique qui sont quelque fois, et à tort, considérés comme des has been, et les télécoms qui sont trop souvent oubliés et dont on ne parle pas suffisamment. Or ce sont bien les télécoms qui soutiennent tout. Le budget d’investissement de e.SNCF sur trois ans est de 900 millions d’euros. Cette somme est consacrée à des investissements au bénéfice du client, des collaborateurs, de la performance économique globale du groupe et de la sécurité ferroviaire. En matière de sécurité ferroviaire, un point évidemment fondamental pour SNCF. Il s’agit bien sûr d’utiliser le numérique pour l’accroître mais aussi de s’assurer que le déploiement d’outils numériques au sens le plus large n’a pas d’impact négatif sur la sécurité. Par exemple, la pose d’un capteur en IoT ne doit pas perturber le fonctionnement d’un train.

CIO : Cette transformation numérique de la SNCF se passe-t-elle bien ou avez-vous des regrets, des retards ou des difficultés ?

Benoît Tiers : Elle est réellement remarquable. Parfois, il y a de véritables pépites. Bien sûr, à d’autres endroits, nous pourrions accélérer davantage. On peut toujours faire mieux. En particulier, il nous faut accélérer sur la performance économique et industrielle. Nous devons intégrer les innovations dans une entreprise dont les process sont éprouvés depuis 80 ans. Il n’est pas question que l’innovation puisse affaiblir la fiabilité. Il nous faut malgré tout poursuivre notre politique d’innovation, en accroître le rythme et l’ampleur, et surtout la mettre en production. Par exemple, nos apps mobiles V. et SNCF génèrent 40 millions de connexions par mois. Nous réalisons de nouvelles versions de ces apps tous les quinze jours en nous appuyant sur les avis des utilisateurs. Nous en accroissons le périmètre régulièrement pour arriver progressivement à une couverture globale du voyage de porte à porte. Enfin, nous devons continuer à tirer partie de notre patrimoine data, une mine d’or d’où il faut savoir extraire la richesse, surtout en la combinant avec d’autres sources pour en accroître la valeur aussi bien pour nos clients que pour la SNCF elle-même. Et il ne faut d’ailleurs pas oublier que nous avons deux types de clients dans le monde de la mobilité : les voyageurs eux-mêmes, bien sûr, mais aussi les autorités organisatrices des transports publics [Les régions par exemple, NDLR].

CIO : En matière de digitalisation interne, par exemple sur l'IoT utilisée pour la maintenance, où en êtes-vous ?

Benoît Tiers : Il y a deux ans, on pouvait compter les capteurs et mesurer l’évolution de leur nombre. Aujourd’hui, ça n’est tout simplement plus possible et ça n’a de toute façon plus de sens. Un train moderne compte 2000 capteurs. Il vaut mieux regarder l’évolution du nombre de processus impactés par le numérique, ce qui est un critère de jugement plus pertinent. Actuellement, nous en sommes environ au quart de l’ensemble des processus du groupe. En 2018, nous serons au tiers et à deux tiers fin 2019. Notre enjeu est bien que les métiers s’approprient le numérique avec notre appui, notre garantie de cohérence, etc. Un autre critère peut être le nombre de personnes équipées d’outils numériques. Je parle bien d’outils individuels, pas d’une flotte de terminaux qui passeraient de mains en mains au fil du service. Fin 2017, 100 000 collaborateurs seront ainsi équipés de smartphones ou de tablettes. Par ailleurs, évidemment, il nous faut développer des outils de collaboration. Et, pour qu’ils soient utilisables, il nous faut une excellente couverture réseau dans les 3000 gares et sur l’ensemble du réseau ferré. Beaucoup de progrès

CIO : Comment allez-vous accompagner les collaborateurs dans cette révolution ?

Benoît Tiers : En effet, il faut que nous accompagnions nos collaborateurs dans une transformation numérique qui s’accélère. Aujourd’hui, une génération technologique, c’est dix-huit mois ! Quand j’ai commencé à travailler, on pouvait être ingénieur télécoms et réseaux. Aujourd’hui , il faut être l’un ou l’autre voire des spécialistes plus pointus encore faute de quoi on peut rapidement être dépassé. D’ici la fin de l’année, nous allons donc créer une école du numérique pour tous les collaborateurs, du terrain à la direction. Cette initiative se combinera aux autres comme les Maisons du Digital, nos « 574 ».

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