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AppliDay – Graou avec Nicolas Wurtz

Sur les 20 000 roulants que compte SNCF, un peu plus de 16 000 ont déjà téléchargé l’application Graou. Un rythme d’adhésion qui ne faiblit pas puisqu’il est toujours d’une dizaine par jour. Derrière ce succès viral, un conducteur devenu chef de projet à la Direction du digital, Nicolas Wurtz. Explications.

Publié le

Par La Redaction

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À quel besoin répond cette application ?

Graou s’adresse aux roulants – agents de conduite comme ASCT – et se veut la brique manquante entre outils de production et vie personnelle. Dit autrement, derrière cette application, il y a l’idée que les agents puissent reprendre possession de leur planning afin de mieux se retrouver les uns les autres et aussi mieux s’organiser avec leurs proches. Car, au regard de leurs horaires aléatoires, ce n’est pas toujours simple pour leur famille.

Dans quelle mesure ?

J’ai été conducteur durant 15 ans. J’ai créé la première version de Graou en octobre 2014. Le but était tout simple : pouvoir synchroniser mes plannings de boulot avec Google agenda, afin que ma femme puisse suivre plus facilement mes déplacements. Mes collègues au dépôt de Strasbourg s’en sont vite emparés. Et puis, ce fut au tour de la région Lorraine et un peu partout en France. Le bouche-à-oreille a vraiment fonctionné, je me suis aperçu que ce besoin était partagé par la plupart des roulants. Et ce, jusqu’à cela arrive aux oreilles de la direction de la Traction qui m’a proposé de pérenniser le système en me donnant accès à toutes les sources dont j’avais besoin pour enrichir mon application. Aujourd’hui, si l’on excepte le réseau social d’entreprise Yammer, Graou est la première application collaborative du groupe en termes de contributeurs.

Comment, en conduisant des trains, en vient-on à coder ?

Et tout en partant d’un bac littéraire (rires) ! En fait, j’ai toujours été attiré par l’informatique. J’ai commencé à programmer quand j’étais adolescent avant d’abandonner progressivement. Je m’y suis remis il y a 5 ans. À la crèche parentale où était mon enfant, nous avions besoin d’une application afin de nous organiser entre parents. Cela m’a mis le pied à l’étrier. Et ensuite, avec Graou, j’ai appris beaucoup…

En décrivant l’application, pouvez-vous lister ses principales fonctionnalités ?

Outre la possibilité de pouvoir consulter mon planning, je vois toutes les interactions possibles avec les autres agents. Ceux qui travaillent avec moi dans le train, ceux que je vais croiser tout au long de ma journée de service, que ce soit à bord ou en gare mais aussi ceux avec qui je peux être en découché. Il y a ainsi une fonction spécifique « partage de planning » et les agents peuvent y constituer des listes d’amis. De cette manière, Graou vous informe à quel moment vous allez pouvoir vous croiser. Il y a même la possibilité d’envoyer des invitations sur les agendas de chacun. Autant de choses destinées à renforcer le lien social entre les roulants.

Aucune info liée au métier ?

Si, bien sûr. L’application diffuse des infos en rapport au planning : type de train, liste des arrêts, statistiques de retard sur la ligne, prochains départs et arrivées agrémentés des noms des agents concernés, etc. Et puis, l’utilisateur a accès à un ensemble de statistiques très détaillés en rapport avec son activité. Ce qui est plutôt valorisant. Parmi les records enregistrés, il y a ainsi cet agent de Strasbourg qui a parcouru pas moins de 156 000 kilomètres en une année, tandis qu’un de ses collègues de Paris comptabilisait 12 000 arrêts, soit une moyenne de 68 arrêts par jour !

Quel était le challenge principal lors de l’élaboration de Graou ?

Parvenir à casser les silos, à raccorder les tuyaux, à obtenir des possesseurs de données internes qu’ils les communiquent. Par contre, pour ce qui est de l’open data SNCF, cela a été décisif. Sans cet accès libre, Graou n’aurait probablement jamais existé.

Quelles sont les évolutions attendues pour l’application Graou ?

Il en existe deux prioritaires. Primo, la cartographie afin de situer la position des trains, des lieux comme des points d’intérêts. Et secundo, la promotion du covoiturage en permettant aux agents, via Graou, de mutualiser leur trajet domicile-travail. Une sorte de BlaBlaCar gratuit pour les roulants. Ces nouveaux services devraient être fonctionnels courant 2018.

Chiffres-clés

– 13 000 connexions/ jour

– 56 000 vues/ jour

– 5, 6 millions de vues sur l’année 2016

Origine du nom ?

Graou pour Gestion des Roulements Assistée sur OUrdinateur

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